Ambiance très particulière depuis quelques jours à Pékin. La capitale chinoise veut accueillir, comme il se doit, des dirigeants d'un continent auquel elle tient beaucoup. Si la ville, qui compte plus de 30 millions d'habitants, étouffe déjà sous le poids des embouteillages, il n'en reste pas moins que le flux touristique n'a pas baissé, même en cette saison des grandes chaleurs. Et le mini-sommet sino-africain ajoute à cette ambiance une particularité typiquement africaine. Un dispositif sécuritaire discret est mis en place. Des affiches annonçant la tenue du forum sont placardées un peu partout dans la capitale. L'amitié sino-africaine le vaut bien. La 4e Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) s'ouvre aujourd'hui au Palais du peuple en présence du président Hu Jintao et de six homologues africains ainsi que deux Premiers ministres. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, assistera également à cette rencontre de haut niveau. Les ministres des Affaires étrangères et les ministres pour la Coopération économique avec l'étranger de la Chine et de 50 pays africains, ainsi que le président de la Commission de l'Union africaine Jean Ping, seront également de la partie. L'Algérie est représentée par Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines. Au cours d'une conférence de presse organisée hier en fin d'après-midi, le directeur général Afrique du MAE et coordinateur du FCSA, Lu Shy, a abordé les dossiers qui seront traités lors de cette rencontre dont l'examen de l'état d'avancement de la coopération sino-africaine depuis la 4e Conférence ministérielle, les nouvelles mesures qu'annoncera le chef de l'Etat chinois en faveur de l'investissement dans le continent noir. La Chine réaffirmera son soutien au développement économique et social en Afrique dans une optique de “win-win", a-t-il souligné. Le conférencier a également répondu à certaines interrogations des journalistes dont principalement la qualité des produits chinois exportés vers l'Afrique et le rôle diplomatique de la Chine dans le monde. Sur le premier dossier qui fait polémique depuis déjà plusieurs années, et à la question de savoir si des pays africains s'en seraient plaints, le coordinateur du FCSA a déclaré que “le marché africain est demandeur des produits bas de gamme formulés par les exportateurs. Le problème réside également dans la crédibilité du producteur qui vend un article de basse qualité à un prix élevé pour gagner plus, mais je peux vous dire que la vente bas de gamme n'est pas la politique du gouvernement chinois", avant d'ajouter : “La Chine a pris des mesures pour sévir contre les exportateurs chinois de produits de mauvaise qualité vers l'Afrique. Ce point a été inscrit dans le document qui sera discuté lors du forum." “Non-interférence ne veut pas dire irresponsabilité" Autre sujet à polémique, la position de Pékin dans certains conflits dans le monde. Sans les nommer, le conférencier a d'abord donné la vision de son pays des événements dans certains pays. “La Chine considère que dans certains cas, les raisons des conflits sont certes internes mais ils sont aussi externes. Nous appelons la communauté internationale à arrêter ses ingérences, c'est une forme de soutien de la Chine à l'Afrique", a-t-il souligné avant de clarifier les choses : “Mais la non-interférence ne veut pas dire irresponsabilité. La position de la Chine a été critiquée par l'Occident mais je dois souligner que le rôle de notre pays est de soutenir les efforts politiques pour régler les conflits." La conférence ministérielle, dont la clôture est prévue demain après-midi par une conférence de presse commune du MAE chinois et de ses homologues d'Afrique du Sud et d'Egypte, permettra, en tout cas, de lever les équivoques afin d'aller plus loin dans une coopération. Dans un entretien accordé à l'agence chinoise Xinhua à la veille de la tenue du FCSA, le SG de l'ONU l'a clairement laissé entendre. “Les pays africains peuvent apprendre de l'expérience de la Chine dans sa croissance économique et le progrès social pour stimuler leur propre développement", a-t-il dit, ajoutant que “la Chine peut transférer les technologies, ses expériences de développement économique". S. T.