Bentalha, à 20 km au sud d'Alger, donnait l'allure d'une ville animée, en cette fin d'après-midi de dimanche. Loin des images d'une ville meurtrie, Bentalha reprend à vivre. Il était 17h30 quand nous arrivons au centre-ville de Bentalha. “Les commerçants" commencent déjà à “débarrasser" la chaussée de leurs étals, des femmes “courant la prétentaine", des vieux adossés au mur d'une mosquée, tout ce décor offre une image d'une ville qui vit avec célérité. Sur les abords de la route principale de la ville, les anciens scouts sont réunis dans leur QG. Trois locaux limitrophes font face à un tronçon de l'autoroute Est-ouest. À l'intérieur, des dizaines de jeunes, tous habillés en blanc, se départagent les tâches. “Nous allons préparer un peu plus de 300 repas", nous informe Mustapha Saâdoune, commissaire général des anciens scouts. Dans le premier local, ancienne pizzeria, une dizaine de tables sont déjà prêtes. “Ici c'est le restaurant Rahma", explique Mounir Arbia. À l'intérieur de la cuisine, située au deuxième local, “le chef" est occupé par les dernières retouches avant l'adhan. Concentré, il compte le nombre de “couverts" placés. À sa droite, Farès Badrine, commissaire local de l'Association à Bentalha, les yeux rivés sur le menu du jour, il attend qu'on lui remette “le plat témoin". “Nous le gardons 72h. C'est un plat témoin", explique-t-il. Un “restaurant" ambulant Dans le troisième local, d'une propreté irréprochable, une dizaine de jeunes remplissent des plats “jetables", qu'ils mettent dans des boîtes. “Ces plats seront servis sur l'autoroute", indique-t-on. Du pain, des dates, une pêche, un plat et une bouteille d'eau, sont mis soigneusement dans ces boîtes. La moitié est déjà préparée quand une camionnette stationne devant le local. “C'est lui qui fera la navette sur l'autoroute", a dit Mustapha. Au-delà du restaurant Rahma mis sur place à l'occasion du Ramadhan, les adhérents de l'Association des anciens scouts innove en adoptant une toute nouvelle démarche. “Nous faisons de notre restaurant une enceinte ambulante". En effet, à quelques minutes avant la rupture du jeûne, les jeunes bénévoles font un va-et-vient tout le long de l'autoroute, avec des arrêts dans les barrages, pour distribuer la nourriture aux voyageurs, aux routiers et aux retardataires. Des dizaines de familles, de voyageurs et surtout de routiers bénéficient de cette aide. “Des collègues de travail m'ont informé de cette action. Ils sont quotidiennement ici", a témoigné Hakim, chauffeur. “On distribue quelque 150 repas pour les voyageurs sur l'autoroute", a précisé, pour sa part, Farès. “Promouvoir la citoyenneté par l'action" Farès, ce jeune aux “yeux de Chimène", explique que le comité local qu'il dirige est composé de jeunes adhérents, et surtout de jeunes bénévoles. “Il faut intégrer les jeunes dans ce genre d'actions pour les éloigner des fléaux sociaux", a-t-il indiqué. Pour Mustapha Saâdoune, “l'objectif de l'association est de promouvoir la citoyenneté par l'action". Rompus aux méthodes de mobilisation de jeunes dans ce genre d'actions humanitaires, le comité vient au secours de plusieurs familles. Des centaines d'autres repas “à emporter" sont servis aux familles. Entrée en action À dix minutes de l'adhan, la ville de Bentalha se vide. Hormis quelques retardataires qui pressent le pas dans les ruelles de la ville, seul le ronronnement des moteurs des véhicules qui passent à vive allure sur l'autoroute résonne. En face du restaurant, des dizaines de personnes poireautent, d'autres font leurs ablutions, des femmes prennent leurs plats en catimini quand nous prenons place avec l'équipe qui fera la navette sur l'autoroute. Une fois l'adhan lancé, des dizaines de voitures s'arrêtent devant les jeunes bénévoles. Adossé au siège de son camion, Mokhtar “déguste", avec joie son f'tour...