L'annonce d'Ishak Belfodil de faire l'impasse sur la Coupe d'Afrique des Nations 2013, en cas de qualification de l'Algérie, afin de pouvoir se consacrer à son objectif premier en club qui est de gagner d'abord ses galons de titulaire à Parme avant de songer à une carrière internationale sous le maillot vert de la sélection s'est, finalement, résumée au simple effet de bombe médiatique. La FAF n'y a pas donné suite. Du moins, médiatiquement parlant. Le joueur a, pourtant, été aussi incisif dans sa déclaration à l'APS que très clair dans sa position au lendemain de la décision du sélectionneur national, le Bosnien Vahid Halilhodzic, de le retenir parmi les 24 joueurs convoqués pour le stage qui avait précédé le match aller face à la Libye (1-0), disputé le 9 septembre à Casablanca, pour le compte du dernier tour des éliminatoires de la Coupe d'Afrique des nations CAN-2013. “Je ne peux pas participer à la CAN-2013 avec l'Algérie. Je ne peux pas assurer actuellement ma présence chez les Verts. Ma sélection a été précipitée, c'est vrai que je suis content de pourvoir défendre les couleurs de mon pays, mais ma situation avec mon club m'en empêche. Je ne peux pas être présent à la CAN", avait, en effet, affirmé Belfodil avant d'argumenter : “Je ne peux pas venir pour le moment pour deux raisons : la CAN n'est pas inscrite date FIFA et, en plus, ça serait difficile pour moi de quitter mon club au moment où je veux m'imposer." Bien qu'ayant, apparemment, suivi à la lettre les “recommandations" de son club, le Parme AC, de ne pas se présenter le lundi 3 septembre au lieu du stage de l'EN, en raison de sa non qualification car “toujours considéré comme Français", Ishak Belfodil a, toutefois, réitéré son attachement à l'EN en complétant, en un temps relativement court, son dossier de qualification. “Mon dossier de qualification au sein de la sélection algérienne est désormais complet. Tous les documents nécessaires ont été transmis à la fédération algérienne (FAF). J'ai écrit moi même la lettre d'engagement que j'ai envoyée au manager général, Abdelhafid Tasfaout. Je suis d'ailleurs honoré et fier de pouvoir porter le maillot de mon pays. Je ferai en sorte de donner le meilleur de moi-même", avait-il annoncé. Cette prise de position de Belfodil n'a, cependant, été commentée ni par la FAF, ni par son président Mohamed Raouraoua ni encore par le sélectionneur national Vahid Halilhodzic. Ce silence “compréhensif" a tout l'air d'une position conciliante de la Fédération algérienne de football vis-à-vis du joueur qu'elle ne veut, visiblement, ni brusquer, ni presser ni forcer à hâter son arrivée chez les “Verts". À la FAF, on juge d'ailleurs très positif l'avancement du “dossier Belfodil" dans la mesure où le joueur, bien qu'ayant exprimé publiquement son désir de faire l'impasse sur la CAN 2013, demeure très intéressé par le port du maillot vert comme il l'a confirmé, concrètement, à travers cette lettre d'engagement envoyée dans les plus brefs délais, ce qui permet à la Fédération algérienne de football d'entreprendre les démarches nécessaires auprès de la fédération internationale (FIFA) pour le qualifier au sein de l'EN. À Dély-Ibrahim, on a, en fait, apprécié à sa juste mesure cette bonne foi du jeune prodige de 20 ans, qui aurait très bien pu retarder l'annonce de sa réponse favorable à la sollicitation de la FAF comme il aurait très bien pu n'envoyer ladite lettre d'engagement qu'en hiver prochain, au lendemain de la CAN, pour n'avoir justement pas à se justifier comme il l'a fait. Et là, tout le monde n'aurait rien trouvé à redire, si ce n'est de se féliciter de pouvoir compter dans un futur proche dans les rangs de la sélection un talentueux attaquant qui a été sélectionné dans toutes les équipes de France de jeunes catégories. Pour s'être montrée clémente et indulgente, la FAF entend surtout préserver ce joyau d'à peine vingt ans, de l'aider à gravir les échelons dans son club et de lui éviter une trop grande pression qui pourrait lui être néfaste. En prônant une telle démarche protectrice, la FAF tend à parrainer ce qu'elle considère comme un véritable investissement d'avenir, Belfodil étant prédit par les observateurs et spécialistes qui le suivent depuis le centre de formation de l'Olympique lyonnais à une grande carrière. Et puis, il n'est pas dit ou garanti, qu'en décidant de répondre dans l'immédiat à l'appel de Vahid Halilhodzic, qu'Ishak Belfodil s'installera aussi facilement que certains le croient dans un rôle de titulaire indiscutable, la concurrence s'annonçant déjà très dure avec les autres jeunes loups de la sélection comme Sofiane Feghouli et Ryad Boudebouz. C'est dire qu'en choisissant de sauter la CAN-2013 afin de gagner en compétitivité, en maturité et en crédibilité à Parme pour en faire profiter ensuite l'EN, Belfodil n'a finalement pas fait un choix si contestable. En préférant une démarche conciliante à un matraquage en règle sous forme de menaces de faire jouer les lois internationales en sa faveur, la FAF n'a, également, pas manqué d'intelligence dans sa stratégie. Tout comme elle l'avait fait lorsqu'il était question pour Rabah Saâdane de trancher une question similaire qu'était le “cas Mehdi Lacen" que la FAF n'a pas voulu rayer de sa liste lorsqu'il avait préféré rester au chevet de sa femme qui était sur le point d'accoucher que de prendre part à la CAN-2010 en Angola. Le temps a fini par donner raison à la sagesse de Saâdane et à l'intelligence tactique de la fédération comme il devrait, logiquement, lui redonner une nouvelle fois raison dans ce dossier Belfodil. Car si, après s'être senti compris, accompagné et protégé, Mehdi Lacen a enchaîné les prestations de très haut niveau pour devenir le véritable patron de l'entrejeu des Verts, nous sommes en droit de croire que c'est la meilleure trajectoire pour le jeune Ishak Belfodil. R. B.