L'affaire de l'avertissement infligé à l'Algérie par la Fédération internationale de handball (IHF) en raison de l'immixtion des pouvoirs publics dans la gestion de la fédération de handball n'est pas un fait inédit dans l'histoire du sport algérien. Ce n'est pas la première fois en effet qu'une instance internationale épingle le ministère algérien de la Jeunesse et des Sports sur des cas d'ingérence flagrants. Bien avant que l'actuel premier responsable du sport en Algérie, Mohamed Tahmi, ne soit interpellé par l'IHF, beaucoup de ses prédécesseurs sont déjà passés à la trappe sans que cela serve de leçon en matière de gestion des relations entre les pouvoirs publics et les instances internationales comme le CIO, la FIFA ou encore l'IHF. Et le plus grave dans cette affaire, c'est que tous ces responsables ont fini par reculer devant le diktat de ces puissantes fédérations mondiales, écorchant du coup l'image de marque du pays. Il n'y a pas si longtemps, l'ex-ministre de la Jeunesse et des Sports, Abdelhamid Djiar, s'est vu réprimandé par deux fois par le Comité olympique internationale (CIO) pour des velléités d'immixtion dans le fonctionnement du Comité olympique algérien ( COA). La première fois, c'était en mai 2009. Le président du Comité olympique international était intervenu dans la crise après le départ de Mutapha Berraf pour mettre le hola. Dans une correspondance adressée au ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Djiar, Jacques Rogge indique : “Je veux souligner l'importance que nous attachons à la notion d'autonomie du mouvement olympique, telle que nous l'entendons dans l'esprit de la Charte olympique. Le développement du sport passe par la collaboration avec les autorités gouvernementales qui jouent un rôle fondamental à cet égard. C'est la raison pour laquelle le mouvement olympique souhaite et encourage une collaboration harmonieuse avec les organes gouvernementaux compétents afin de développer des relations de bonne intelligence et des actions complémentaires en faveur du sport et des athlètes. Cependant, cette collaboration doit se faire dans le respect absolu et mutuel de l'autonomie de ces structures et dans le respect de leurs compétences, de leurs prérogatives et de leurs attributions respectives". Jacques Rogge pousse le bouchon jusqu'à demander l'amendement du décret exécutif 05-405 qui “devra être abrogé ou révisé de sorte que ce principe d'autonomie soit en tout point respecté avant le 31 décembre 2009 au plus tard". Une menace en règle qui aurait pu être évitée si les pouvoirs publics n'avaient pas voulu choisir eux-mêmes la nouvelle direction du COA au lieu de faire confiance aux membres de l'assemblée générale. La seconde fois, c'était quelques jours avant son départ du MJS. Djiar a été de nouveau rappelé à l'ordre par le CIO. Le 4 octobre dernier, le CIO a adressé un courrier au COA avertissant les membres du bureau exécutif du Comité algérien qui ont empêché le président Rachid Hanifi de présenter ses bilans moral et financier. L'affaire n'a toujours pas connu son épilogue à moins d'un consensus le 24 novembre prochain, date de l'assemblée générale du COA. En octobre 2005, Yahia Guidoum, l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports a eu maille à partir avec la Fédération internationale de football ( FIFA). Là aussi, c'est une loi souveraine de notre pays qui a été écorchée par une instance internationale par la faute de ceux qui font encore une fois dans l'improvisation. La FIFA s'est prononcée, jeudi, sur le dossier de la Fédération algérienne de football (FAF). Dans un courrier adressé à la FAF, la FIFA avait mis en garde Guidoum sur l'application des deux articles du décret 05-405 relatif à la loi 04-10 qui traitent de la durée du mandat et de l'augmentation du nombre des experts désignés par le ministre de la Jeunesse et des Sports. La FIFA s'est même préservé le droit de suspendre la FAF de toutes les instances internationales si les deux articles en question n'étaient pas supprimés. Guidoum a dû faire marche arrière alors que ses services et ses conseillers connaissaient parfaitement la réglementation de la FIFA. La loi a été changée (exception FAF) sur pression de la FIFA. Le même cas s'était du reste produit en décembre 2009, avec Aziz Derouaz qui vient d'être, rappelons-le, exclu par l'IHF. La FIFA était une nouvelle fois intervenue pour arrêter le processus de restructuration de la FAF, dicté par le MJS et avait décidé d'envoyer une commission d'enquête en Algérie. Quelques jours plus tard, Derouaz est remplacé par l'actuel chef du gouvernement, Sellal. Derouaz, qui avait dissous le bureau fédéral et invalidé même l'élection de Berrahal à la tête de la FAF, voulait, selon ses propres termes, “effectuer une opération de nettoyage à la FAF qui devait déboucher sur un nouveau président de la FAF", à sa guise. Il s'est heurté au niet de la FIFA qui l'a visiblement poussé à la porte. Idem en 1995, l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Mouldi Aïssaoui, profilant de l'élimination des éliminatoires du Mondial de l'EN face au Kenya, allait commettre l'impair de dissoudre le bureau fédéral de la FAF de la LNF. S'ensuit dès lors une guerre ouverte avec Saïd Amara qui fait valoir ses droits à la FIFA. Cette dernière intervient et annule l'élection de Mohamed Liab à la tête de la FAF. Il aura fallu qu'un autre ministre arrive, en l'occurrence Aziz Derouaz, pour que le calme revienne à la FAF avec l'élection du regretté Diabi à la tête de la FAF. Même aux premières années de l'ouverture démocratique, Leïla Aslaoui, alors ministre de la Jeunesse et des Sports, ne s'était pas empêchée d'intervenir dans la gestion du football en évinçant le défunt Omar Kezzal au lendemain de la débâcle de Ziguinchor lors de la CAN 1992 au Sénégal. Comme quoi, c'était mal parti dès le début...et cela continue jusqu'à maintenant ! S. L.