La très prompte démarche fédérale ayant abouti à l'intégration du défenseur stéphanois Faouzi Ghoulam au Club Algérie laisse, inévitablement, à penser qu'au-delà de l'acquisition d'une valeur sûre et d'un potentiel d'avenir pour l'arrière-garde de l'EN, il était également question de régler de la manière la moins risquée la situation compliquée et si ambiguë de Djamel Mesbah. Avec la confirmation éclair de la sélection de Ghoulam, c'est en effet tout le dossier du flanc gauche de la défense de l'équipe nationale qui a été ouvert, traité, puis momentanément classé. En faisant appel au défenseur latéral gauche de l'AS Saint-Etienne, le staff technique national a, assurément, renforcé qualitativement sa base arrière. Quantitativement aussi, bien que cela dénote aussi de la volonté du sélectionneur de se séparer d'un des sélectionnés à ce poste qui ne lui a, apparemment, pas donné satisfaction et que la venue de Ghoulam compensera. La rapidité avec laquelle la FAF a “bouclé" cette affaire Ghoulam confirme, d'ailleurs, de la plus évidente des façons que le staff technique national l'a officiellement inscrit sur son calepin relatif à la liste des vingt-trois concernés par l'imminente coupe d'Afrique des nations. Plus que cela, cette même célérité à régler le cas de ce joueur binational, une quarantaine de jours avant la CAN 2013, démontre même que s'il a été contacté, convaincu, invité et sélectionné en un laps de temps aussi court, c'est certainement pour qu'il dispute justement cette coupe d'Afrique. On imagine, à ce sujet, très mal la FAF faire toute une gymnastique administrative pour qualifier un élément qui compte beaucoup dans son club français et le mettre dans une position que tout le monde sait inconfortable vis-à-vis de ses employeurs stéphanois pour ne pas l'embarquer dans l'aventure sud-africaine ! Mieux ! Autant d'empressement de la part de la paire Raouraoua-Halilhodzic à faire de Ghoulam un élément sélectionnable en équipe nationale dénoterait presque d'une volonté délibérée d'en faire “le" titulaire au poste d'arrière gauche lors de la CAN. Et cela pour plusieurs raisons. Sa situation au Milan va de mal en pis Le rendement de Faouzi Ghoulam (21 ans) au sein d'un onze stéphanois bien huilé et très performant en cette première partie de saison, son temps de jeu (déjà 11 matches disputés en Ligue 1 depuis l'entame de l'exercice en cours dont 9 comme titulaire), ainsi que sa forme éblouissante du moment et les qualités aussi physiques que techniques dont il fait montre font de lui un candidat aussi sérieux que crédible pour le maillot floqué du numéro 3. Surtout que celui qui semblait être l'indiscutable titulaire à ce poste en sélection, Djamel Mesbah, vit une première partie de saison tout simplement pourrie, passée entre l'infirmerie, les tribunes du stade Giuseppe-Meazza et dans le meilleur des cas sur le banc de touche de l'AC Milan. Avec un seul match joué et seulement quatre-vingt-dix minutes dans les jambes, le Milanais de l'équipe nationale n'est certainement pas au faîte de sa forme. Ni physique ni psychologique, dans la mesure où la volonté rendue publique depuis quelques mois déjà de la direction lombarde de se séparer du joueur sous forme de prêt ou de transfert définitif a ancré indubitablement dans la tête du défenseur de vingt-huit ans qu'il ne bénéficiait plus de la confiance de ses dirigeants, encore moins de celle de son entraîneur Massimiliano Allegri. L'intérêt de l'EN passant avant celle du joueur et l'impérativité de se montrer logique, convaincant et raisonnable dans ses choix de la composante humaine qui défendra l'honneur algérien à Johannesburg a, ainsi, poussé Vahid Halilhodzic à accélérer le processus visant à doter les Verts d'une bonne alternative à une éventuelle mais pourtant compréhensible et attendue méforme de Mesbah en janvier 2013. Sa situation au Milan allant de mal en pis, le dernier nommé est, irrémédiablement, en position de faiblesse comparativement à la montée en puissance de Ghoulam. Sauf s'il choisit quand même de privilégier le côté “expérience et vécu footballistique" du sociétaire du Milan AC dans un tournoi aussi relevé que la CAN, personne ne blâmerait Vahid Halilhodzic s'il venait à signer la promotion-express de Ghoulam en en faisant, non pas la doublure de Mesbah, mais tout bonnement le titulaire à gauche de la défense algérienne. L'empressement de la FAF en dit long... Le public comprendrait et assimilerait dès lors mieux la finalité d'une telle procédure record de la FAF d'engager un élément destiné visiblement à être rapidement lancé dans le bain de la compétition officielle avec le maillot vert de la sélection, contexte oblige. Outre ce qui semble être la prédisposition du Stéphanois à “doubler" Mesbah pour le poste de latéral gauche au cours de la CAN, le mois prochain, et la confirmation de la baisse vertigineuse de la cote du Milanais auprès du sélectionneur national, au moins trois autres enseignements majeurs peuvent être tirés de la convocation de Ghoulam en ce moment précis. Sa participation à la rencontre de vendredi à Ajaccio avec l'AS Saint-Etienne prouve, si besoin l'est encore, l'importance du nouvellement convoqué chez les Verts de l'EN au sein de son club, Christophe Galtier n'ayant pas cherché à lui trouver une solution de rechange en perspective de son absence lors de la CAN. En privilégiant dans l'urgence du moment la piste stéphanoise du même Ghoulam, le sélectionneur national Vahid Halilhodzic semble, en parallèle, avoir envoyé un signal fort à un certain Mokhtar Benmoussa, sociétaire de l'USMA, dans lequel il ne voit véritablement pas un candidat assez crédible pour disputer la CAN. Aussi coach Vahid a-t-il définitivement clos à sa manière le dossier Nadir Belhadj, que beaucoup de nostalgiques des exploits offensifs de l'actuel sociétaire d'Al-Sadd voulaient rouvrir en perspective, justement, de la vingtaine sud-africaine. Une grande inconnue demeure, toutefois : en constatant le manque de compétitivité flagrant et inquiétant de Mesbah, Halilhodzic ira-t-il jusqu'à le sacrifier de sa liste des 23 pour la CAN au bénéfice d'une confiance qu'il accorderait au talentueux Benmoussa ? Entre un Rouge et Noir milanais inutilisé et un très en forme Rouge et Noir algérois, le patron technique des Verts devra, cependant, choisir... R. B.