Victime du terrorisme, Mohamed Mekati a été assassiné en fin de journée, devant son domicile à Aïn Naâdja, à Alger. C'était le 9 janvier 1996. Dix-sept ans après sa brutale disparition, son absence continue toujours de susciter une immense émotion auprès de ses parents, ses proches amis et ses collègues. Journaliste et chef de la rubrique internationale du quotidien El Moudjahid, Mohamed Mekati, homme de valeur, aura eu une vie bien remplie, loin des feux de la rampe. Le formidable Moh Né en 1957, Moh adorait Alger qui l'a vu naître et grandir. Il connaissait “bled Sidi Abderrahmane" dans ses moindres recoins. À l'instar de beaucoup d'Algériens, il jouait régulièrement au football avec “ouled el-houma" et était un fervent supporter du Chabab de Belouizdad. Il fréquenta les lycées Emir-Abdelkader et Okba de Bab El-Oued. Mohamed détestait les stéréotypes, les clichés faciles, l'hypocrisie et la servilité. Il tenait ses principes de l'éducation de ses parents, très tatillons sur les valeurs morales et sociétales. Cet ami de longue date était une véritable “machine à initiatives". Au lycée, entre 1974 et 1978, il s'engouffre corps et âme dans les activités culturelles (troupe théâtrale, revue du lycée) et sportives du lycée Emir-Abdelkader. Il entraînera dans son sillage bien des lycéens, heureux de découvrir et de participer à ces diverses animations de l'établissement, telles que les réunions des anciens lycéens. Une popularité forgée par le temps et, surtout, par sa conduite. Il était également le premier à organiser des matches de football ou jubilé à la mémoire d'un ami disparu. Il avait toujours un programme d'activités à proposer. Mohamed, le journaliste À l'issue de son Service national, il réintégrera l'équipe rédactionnelle du journal El Moudjahid. Malgré son jeune âge, Mohamed n'eut pas de complexe de côtoyer ceux que l'on considérait à l'époque comme les plus belles plumes du pays. Pour la mémoire. Les conseils, les critiques ou les remarques des professionnels de l'époque qu'étaient Noureddine Naït Mazi, Mohamed Abderrahmani, Ferhat Cherkit, Djamel Benzaghou et autres lui furent d'un grand apport et constitueront le véritable tournant dans sa vie professionnelle. Le journalisme était toute sa vie. Ainsi, aimait-il les maquettes, les copies et particulièrement l'ambiance qui régnait au siège du journal El Moudjahid, rue de la Liberté. Une autre qualité reconnue par ses pairs : il était toujours disponible pour conseiller, encourager et encadrer convenablement les étudiants en sciences de l'information, stagiaires ou débutants dans le métier de journaliste. Ainsi, il aura aidé les nouvelles plumes et favorisé l'éclosion de jeunes journalistes. Sous sa direction, la rubrique internationale du journal, surtout son supplément hebdomadaire, avait recueilli un large écho aussi bien auprès des diplomates nationaux et étrangers que du lectorat. L'assassinat de ses proches collègues comme M. Abderrahmani, F. Cherkit, D. Benzaghou, H. Benaouda, D. Bouchibi, B. Gueroui, A. Harrouche, M. Bellache et autres amis de la corporation n'entameront en rien sa volonté, son désir de défendre les intérêts du journal et de reprendre le flambeau. C'était sa manière de sauvegarder la mémoire de ces martyrs de la plume. Durant sa carrière de journaliste, il consacra des articles à des anonymes qui subissaient les aléas de la vie, aux humbles. C'est à cet homme juste que je rends hommage aujourd'hui. Je reste persuadé que nombreux parmi les lecteurs se remémoreront la profondeur, l'humanisme, l'empathie qui caractérisaient Mohamed Mekati. Voilà très brièvement exprimés les sentiments que je porte à un ami, un frère que j'ai accompagné 22 années durant. Salut Moh, je t'aperçois du cimetière de Garidi où tu reposes en paix. Tu me fais un clin d'œil d'un homme content que sa courte vie n'a pas été vaine. Djamal HAMOUDA