Le CC du FLN n'a pas pu clore sa séance. Elle devrait reprendre “dans les prochains jours", a-t-on dit, avant de se disperser... provisoirement. Inutile de s'en émouvoir : le Congrès de Tripoli n'a jamais été clôturé et, en théorie, il est encore en session ouverte. Et tout ce qui a été décidé et exécuté, depuis, est illégal et illégitime. Depuis Tripoli, depuis l'Indépendance, il n'y a donc, en toute rigueur, pas d'instance légale au FLN. Et c'est en 1962 que le Front commun des Algériens en lutte pour leur libération a été transformé en instrument de coups d'Etat par une coalition de clans, qui, pendant que les patriotes se battaient pour se libérer, eux, tapis au-delà des frontières, fourbissaient les armes de prise de pouvoir. Le FLN constitue, depuis l'Indépendance, le principal élément de l'arsenal du système, une espèce d'arme de destruction politique massive, avec d'autres armes, comme l'argent de la rente, la police politique, le monopole de l'information, la dépendance de la justice et la soumission politique de l'administration. En détournant le cadre d'expression de l'unité d'un peuple autour de sa revendication nationale pour en faire un parti unique, le clan a détourné l'Histoire à son compte sectaire. Avant 1962, la patrie, c'était ce qui confluait les volontés de tous les Algériens ; depuis 1962, la patrie, c'est le clan ! Par définition, un parti, c'est un segment, un segment politique, une variante des différentes représentations qu'une société se fait d'elle-même, de sa projection. Par définition, un parti ne peut donc pas être unique. Lorsqu'un parti unique finit par s'imposer à une nation, c'est qu'il y a viol massif des consciences. En ce sens, Octobre 1988 fut un second moment de libération nationale. Et c'est pour cela que, depuis 1988, la stratégie du pouvoir consiste à vider le multipartisme de son sens. Par la répression, par la corruption des femmes et hommes politiques et par la fraude électorale. La fonction du FLN, et même celle du RND, parti-annexe créé pour d'autant mieux camoufler l'unicité du parti du pouvoir, ne changent pas quand changent leurs premiers responsables organiques. Il s'agit, d'ailleurs, d'un personnel affecté à la structure organique de ce qui est un parti unique global, quand bien même l'on y adjoint parfois des “partis d'opposition", pour la forme... multipartite. Non, le changement de responsables organiques n'est qu'un changement de personnel... car, en fait, le pouvoir n'est pas dans le parti, mais dans la capacité du clan à manœuvrer le parti, l'appareil. Changement il y aurait, si l'autorité qui pourvoit le parti en personnel changeait ! Pour l'instant, cette autorité semble, elle-même, être en train de se chercher. Elle a été d'une relative efficacité au RND, puisqu'elle a “licencié" Ouyahia sans parvenir à lui pourvoir un successeur consensuel ; elle a plus de difficultés avec Belkhadem, puisque les “redresseurs" sont venus sans consigne pour un nom de remplaçant, et se trouvent contraints de rester en session ouverte jusqu'à... nouvel ordre. Une évolution est en train de se jouer, assurément pas dans le fameux processus de “réforme constitutionnelle", mais, plutôt, derrière le rideau des “redressements". Dieu sait dans quel sens. Mais une chose semble sûre : nous sommes toujours dans le système du parti unique. M. H. [email protected]