L'opération-pilote de ce dépistage de masse a été lancée lundi dernier, à Biskra. Les spécialistes misent sur la réussite de cette première expérience. Cela leur permettra une meilleure visibilité et des données plus au moins précises sur la réalité de la pathologie du cancer du sein dans notre pays. La Journée mondiale de lutte contre le cancer, coïncidant avec la date du 4 février, est célébrée, cette année, avec l'une des plus belles manières grâce à la réception du premier mammobile en Algérie. Cinquante ans après l'Indépendance ! Cet acquis est le fruit d'un long combat mené par l'association El-Amel, (l'espoir), d'aide aux personnes atteintes de cancer du Centre Pierre et Marie-Curie, (CPMC), à laquelle adhèrent de nombreux professionnels de la santé publique. L'arrivée de ce matériel, unité de mammographie et d'échographie mobile, est annonciatrice d'une vaste campagne de dépistage du cancer du sein à travers les quatre coins du pays. L'opération-pilote de ce dépistage de masse étant lancée lundi dernier, à Biskra, les spécialistes misent sur (la réussite) de cette première expérience pour avoir une meilleure visibilité et des données plus au moins précises sur la réalité de la pathologie du cancer du sein dans notre pays. C'est la condition sine qua non, insistent-ils, pour définir une stratégie en vue de procéder, à terme, à l'extension du dépistage “organisé" à l'ensemble du territoire nationale. “Le vrai travail commence à partir de maintenant", a averti le doyen des cancérologues, Ahmed Bendib, chef de service sénologie du CPMC, qui reconnaît “l'échec" de quelques tentatives précédentes de mettre en place un dépistage de masse. Même son de cloche chez Hamida Kettab, secrétaire de l'association El-Amel, qui mise sur l'adhésion des professionnels et de toutes les instances compétentes pour la réussite de l'opération. Néanmoins, cette expérience se présente sous de meilleurs auspices. Et pour cause, toutes les conditions, ou presque, sont réunies pour bien mener cette opération. En effet, les associations El-Amel du CPMC et El-Afeq de Biskra, en étroite collaboration avec les professionnels de la santé, ont su convaincre du “bienfait" du dépistage précoce de la maladie. Déjà, au premier jour de l'opération dépistage, des dizaines de femmes étaient venues de différentes communes de la capitale des Zibans. “C'est une occasion à ne pas rater ; c'est véritablement un service rendu à domicile pour nous. Ça nous épargne des déplacements, souvent coûteux, et pas évidents", a réagi, avec soulagement, une mère de 42 ans, venue effectuer sa première mammographie. Selon le fichier établi dernièrement dans cette wilaya, elles sont 80 000 femmes ayant atteint l'âge de se faire dépister, entre 40 et 60 ans. Outre le mammobile El-Amel, qui est mis à leur service pour une période d'une année, les structures sanitaires de Biskra disposent de trois appareils de mammographie. L'association El-Amel n'a rien laissé au hasard pour réussir le pari de faire dépister un maximum de femmes d'ici la fin de l'année, mais aussi pour la prise en charge des cas positifs qui seront découverts. L'expérience française a montré que la mammographie révèle 5 cas positifs sur 1 000 femmes examinées. Quand le mouvement associatif comble l'absentéisme des autorités sanitaires Pour la prise en charge des cas positifs, les initiateurs de l'opération du dépistage ont anticipé la mise en place d'une unité de sénologie et d'une autre d'oncologie au niveau de structures sanitaires de Biskra. La formation des équipes médicales et paramédicales, affectées dans ces deux unités, a été assurée par les éminents professeurs Ahmed Bendib, Salah- Eddine Bendib et Kamel Bouzid, respectivement chefs des services de sénologie, de radiologie et d'oncologie-médicale du CPMC. Convaincus de l'importance d'installer davantage de structures à travers l'ensemble du territoire national afin de permettre la prise en charge des personnes atteintes de cancer au niveau de leur région, ces trois spécialistes-éducateurs et plusieurs de leurs confrères, se disent disponibles à assurer la formation progressive d'autres équipes médicales. La volonté des praticiens, déontologie oblige, et le combat du mouvement associatif et la société civile, suffiront-ils à eux seuls, à faire face à la pathologie lourde et très coûteuse du cancer ? Evidemment pas. D'où l'appel pressant des spécialistes et des défenseurs des droits des malades, lancé aux pouvoirs publics afin d'intervenir, en amont, pour permettre une meilleure prise en charge des personnes atteintes de cette maladie, dont pas moins de 20 000 patients attendent depuis déjà plusieurs mois leur traitement par radiothérapie. Pire, les rendez-vous les plus proches de radiothérapie sont attendus pour le deuxième semestre de... 2014 ! Cette situation ne semble pas inquiéter, outre mesure, Abdelaziz Ziari, ministre de la Santé, lui qui veut faire endosser la responsabilité à la presse qu'il accuse d'être “alarmiste"... F. A.