L'auteur vient de publier aux éditions Koukou (Janvier 2013), “L'automne des femmes arabes, Chronique du Caire et de Tunis". L'essai s'inscrit dans les prolongements de ces précédents livres, notamment “Ma vie à contre Coran" et “les Soldats d'Allah à l'assaut de l'Occident" L'écrivaine et essayiste, Djemila Benhabib, a animé, samedi dernier, un café littéraire ayant pour thème : “Les femmes dans les révolutions arabes." La thématique n'a pas été choisie au hasard par les animateurs du Café littéraire de Béjaïa. L'auteur vient de publier aux éditions Koukou (Janvier 2013), “L'automne des femmes arabes, Chronique du Caire et de Tunis", une démarche intellectuelle à laquelle tient Djemila Benhabib : “C'est pourquoi je publie aussi mes livres en Algérie. D'autant que j'ai trouvé un éditeur aussi fou que moi, en la personne d'Arezki Aït-Larbi." L'essai s'inscrit dans les prolongements de ses précédents livres, “Ma vie à contre Coran" et “Les soldats d'Allah à l'assaut de l'Occident", publiés toujours chez le même éditeur. Ce qui a valu, a-t-on dénoncé, la déprogrammation de la rencontre, prévue initialement à la maison de la Culture de Béjaïa vers la résidence universitaire Aamriw (ex-ITE) et son organisation en collaboration avec les Collectif culturel Ithren. L'amphithéâtre s'est révélé d'ailleurs exigu pour y contenir un public particulièrement attentif et tout ouïe avec l'argumentaire développé durant plus de deux heures par l'auteure de “Ma vie à contre Coran". Sur “L'automne des femmes arabes", Djemila Benhabib a affirmé qu'elle a effectué plusieurs séjours au Caire et à Tunis, - soit près de “trois mois entre les deux capitales et Paris"-, avant d'entreprendre la rédaction de son essai ; dans l'introduction, elle a reconnu que ces “sauts" ont été trop brefs d'où le recours à Bernard Guetta, journaliste et spécialiste de géopolitique, pour se justifier, le chroniqueur de politique internationale sur France Inter estime que “quelques jours ou même quelques heures suffisent à faire la différence entre une analyse abstraite et le ressenti des choses vues et entendues." L'observation de l'auteure, diplômée en sciences politiques et en droit international, est justifiée sans doute par le fait que le rythme des publications à propos des événements récents, de ce qu'on appelle “les révolutions arabes" ou “Printemps arabe", est particulièrement soutenu. Pourquoi alors infliger au lecteur un dossier ou un essai de plus ? Mais son travail est intéressant dans le sens où : un, l'auteure est persuadée que le prisme de la situation des femmes – à travers lequel elle a abordé le sujet - permet de déterminer le succès ou l'échec des révolutions ; deux, l'expérience algérienne dont le pays n'est pas sorti tout à fait indemne. Une contre-révolution, menée par les islamistes et autres forces conservatrices, a eu raison des acquis d'octobre 1988 ; plus grave encore, les autres peuples en lutte en terre d'islam ne semblent pas avoir suffisamment intégré dans leurs analyses cette expérience algérienne alors qu'elle devrait leur permettre d'en tirer les enseignements et faire l'économie de décennies de deuils, de destruction et de traumatismes. Aux termes de son travail de terrain, de ses analyses, elle a abouti à la conclusion suivante : près de deux années après le début du “Printemps arabe", les acquis des femmes n'ont jamais semblé aussi fragiles. “Deux dictateurs sont tombés, mais leurs système demeurent largement intacts et les partis islamistes se sont imposés par les urnes. L'éclat des révoltes légitimes des peuples est déjà assombri par le surgissement des contre-révolutionnaires." Et pour échapper à cette absurdité, Djemila Benhabib, qui appelle les intellectuels et la société civile égyptienne et tunisienne à méditer longuement l'expérience algérienne – du moins pour que les victimes de cette tragédie ne soient pas mortes pour rien et pour éviter aux peuples, tunisien et égyptien, de connaître cette descente en enfer – assure qu'une troisième voie est possible. C'est celle de la démocratie véritable, un projet fondé sur l'espoir d'une vision sociétale. Mais c'est un combat duquel on ne pourrait soustraire les femmes, bien au contraire. Non seulement elles doivent y prendre une part active, elles doivent en être la locomotive. “Car la démocratie ne se fera sans les femmes", a-t-elle conclu sous les applaudissements du public. M. O