Cette édition, qui coïncide avec le cinquantenaire du recouvrement de l'indépendance, est organisée par l'association de promotion du tourisme et de l'animation culturelle de la wilaya de Guelma. La salle de cinéma “Le triomphe" a abrité, dimanche après-midi, le quatrième colloque international sur la vie et l'œuvre de Kateb Yacine auquel ont pris part les autorités locales, une pléiade de professeurs, d'universitaires, de chercheurs nationaux, tunisiens, français, coréens, des étudiants, des invités, ainsi que des proches et des amis du disparu. Cette édition, qui coïncide avec le cinquantenaire du recouvrement de l'indépendance, est organisée par l'association de promotion du tourisme et de l'animation culturelle de la wilaya de Guelma. C'est Med-Lakhdar Maougal, professeur chercheur au CRASC d'Alger, qui entame cette rencontre en traitant le sujet “Kateb Yacine et les langues du nationalisme algérien". D'emblée, il affirme que “la langue arabe est un moyen d'émancipation pour Yacine de 1945 à 1955, et ce, après sa prise de conscience lors des événements tragiques du 8 mai 1945 qui avaient secoué Sétif où il était scolarisé au lycée. Emprisonné par les colonialistes pour sa participation aux manifestations pacifiques, il avait à peine 17 ans. Pour lui, c'était une langue de mythe, un symbole du patriotisme et du nationalisme. En 1954, la guerre de Libération nationale lui donne l'opportunité de prendre conscience de tamazight, langue de l'éclairage quotidien. Un déclic s'opère et il sépare la langue communautaire de la langue maternelle. Yacine a recours à la langue française qu'il compare à un butin de guerre. La conférence des Non-Alignés, tenue en 1955 à Bandoeng, a engendré une prise de conscience anticolonialiste et il a eu l'opportunité de côtoyer le médecin antillais Frantz Fanon qui est devenu le porte-parole de la cause algérienne". Benamar Mediene, professeur à Aix-en-Provence (France), a développé le thème “Kateb Yacine, M'hammed Issiakhem et Hachemi Chérif". Il confie qu'il conserve un film inédit tourné en 1968 dans lequel ces trois personnages jouent un rôle déterminé et se propose de le projeter à l'assistance. Il poursuit : “J'étais en deuil pendant 20 ans, car je n'ai pu digérer leur disparition. Dans “Nedjma" et “Le polygone étoilé", le rythme de la poésie est magique. C'est une œuvre cubiste, érigée par fragments, un tableau de synthèse dont on tire aisément les récits du voyage à travers sa poésie. Yacine recelait une énergie hors du commun, et dès l'âge de 14 ans, il dévorait des tas de livres à la bibliothèque ! Il répond aux questions angoissantes de ses contemporains et c'était un poète moderne et un héros épique." Au cours d'un débat riche et fructueux, l'emblématique artiste peintre Bettina Heinen-Ayeche, installée à Guelma depuis l'indépendance, a évoqué sa première rencontre avec Yacine. C'était en 1964 à Herbillon (actuellement Chetaïbi), où, en compagnie de son époux Hamid, elle fit sa connaissance et elle avait été frappée par la beauté de ses poèmes qui ont été appréciés par sa mère, une Allemande. Alors qu'elle peignait le cimetière chrétien de cette station balnéaire, Yacine lui avait lancé : “Vous êtes l'épouse d'un Algérien et vous peignez un site chrétien ? Mais vous avez raison, les morts sont tous égaux !" Quant à Saci Belaïd, professeur de français à l'université du 8-Mai-1945, il déclare : “J'ai connu Yacine quand j'avais 20 ans et je suis toujours subjugué par la pièce “Mohamed, prends ta valise", interprétée au théâtre municipal." H B