Crainte et soupçonnée d'être la ville où le président-candidat, Abdelaziz Bouteflika, allait irrémédiablement enterrer son ambition de succéder à lui-même, l'antique Cirta a finalement, et contre toute attente, ouvert grand ses bras pour accueillir le chef de l'état au milieu d'un décor festif et coloré. Hier, Bouteflika a évolué sur du velours au cœur de la capitale de l'Est algérien. Des foules impressionnantes ont fait le pied de grue dès les premières heures de la matinée pour souhaiter la bienvenue au “moudjahid” et à “l'homme de la réconciliation”. La principale place publique du centre-ville, que le président a gagné vers 13h30, a été plongée dans une ambiance telle, que même ceux qui ne portent pas Bouteflika dans leur cœur ont reconnu la chaleur de l'accueil. “Ouâhda thania ! Ouâhda thania !” (deuxième mandat) scande une foule en délire, composée essentiellement d'adultes contrairement aux dernières escales présidentielles. Mais il y avait aussi les clameurs du stade, poussées rageusement par de jeunes supporters des clubs locaux, qui ont donné à l'événement une dimension sportive. Les férus des Sanafir ont, en effet, su reprendre leurs refrains bien connus, qu'ils entonnent habituellement dans l'enceinte du stade Hamlaoui, pour faire une prestation “en live” devant le “Raïs”. Les banderoles frappées du fameux vert et noir ornent une bonne partie du parcours pédestre de Bouteflika qui n'a pas hésité à aller vers les Sanafir serrer quelques mains. Les connaisseurs de la chose politique, à Constantine, ne font pas de mystère quant au rôle joué par le ministre “redresseur” de la jeunesse et des sports, Boudjemaâ Haïchour, qui serait pour beaucoup dans le déplacement de la galerie bruyante du CSC au centre-ville pour accueillir le président. Le même constat est valable pour la famille révolutionnaire de Constantine, qui était venue en force prêter main forte aux partisans du chef de l'Etat, grâce au travail en profondeur, dit-on, du ministre des moudjahidine, Mohamed Chérif Abbas, qui habite la ville des Ponts suspendus, mais également de celui d'un ancien maquisard répondant au nom de Hadj Bouderbala. Ces deux personnages, à eux seuls, ont réussi à ameuter une bonne partie de la famille révolutionnaire de Constantine, si sensible à la Révolution. le rôle du RND n'est pas négligeable non plus. Le parti d'Ahmed Ouyahia a “travaillé” les organisations qui gravitent autour de son giron à l'image de celles des victimes du terrorisme et des patriotes qui ont “garni”, elles aussi, les abords du parcours de Bouteflika via leurs grandes banderoles accrochées à la façade des édifices publics. H. M.