Décidément la justice égyptienne ne fait pas de cadeaux à Mohamed Morsi. Après le rejet de sa décision d'organiser des élections législatives, les juges égyptiens récidivent, à travers la Cour administrative, qui a rejeté hier une plainte déposée auprès de la justice demandant l'arrêt de la très populaire émission de satire politique de Bassem Youssef et la fermeture de la chaîne satellitaire CBC qui la diffuse. Des sources judiciaires indiquent que l'avocat islamiste, qui a déposé une plainte accusant Bassem Youssef de sarcasme et de ridiculiser le président Mohamed Morsi, affirme que l'émission sous-estime les téléspectateurs et la personne du président, et porte atteinte aux symboles de l'Etat et aux valeurs et principes de la société. La plainte demande en outre que la licence soit retirée à la CBC, invoquant des irrégularités commises par la chaîne en diffusant l'émission de Bassem Youssef. En dépit de cette argumentation, la Cour administrative égyptienne a rejeté les poursuites, jugeant que le plaignant n'avait aucune autorité pour ester en justice dans cette affaire. La veille de cette décision de justice, l'humoriste Bassem Youssef à nouveau ironisé vendredi soir sur le président Mohamed Morsi et les islamistes, lors de sa première émission télévisée depuis l'interrogatoire de justice dimanche dernier suite à des plaintes pour insulte envers l'islam et le chef de l'Etat. “J'aimerais savoir comment vous prenez vos décisions...", a-t-il notamment lancé à l'intention du président issu des Frères musulmans, en le comparant à un magicien piochant ses idées au hasard dans un chapeau. Pendant près d'une heure, avec un humour largement à base de mimiques et de postures ironiques, il a tourné en ridicule les médias gouvernementaux pro-Morsi et le procureur général qui engagé une enquête contre lui. “Ce n'est pas de la peur, je ne reviens pas en arrière, mais depuis ma visite au procureur, j'ai décidé de ne plus parler de Morsi. Alors je vais parler du procureur, et surtout de ses problèmes !", a-t-il lancé. Son émission extrêmement populaire sur la chaîne privée égyptienne CBC Television est inspirée du célèbre Daily Show de l'humoriste politique américain Jon Stewart, qui a apporté son soutien à son émule égyptien. Les ennuis judiciaires de cet humoriste et de plusieurs membres des médias critiques des islamistes au pouvoir ont amené les Etats-Unis à exprimer leurs inquiétudes face à l'évolution de l'Egypte. Mohamed Morsi a quant à lui assuré qu'il restait engagé en faveur de la liberté d'expression, et affirmé que les plaintes contre l'humoriste n'émanaient pas de la présidence, mais de “citoyens" hostiles à sa forme d'humour. M T./Agences Nom Adresse email