Mohcine Belabbes, président du RCD : “C'est le moment de reprendre la mobilisation" Je suis très content de voir qu'il y a une mobilisation importante en ce jour du 20 Avril. Je pense qu'il y a une réponse citoyenne et populaire à l'appel du RCD et des autres organisations. C'est un rendez-vous ouvert à toutes les sensibilités pour une cause principale qui est l'officialisation de tamazight. C'est le moment justement de reprendre la mobilisation sur cette question car, en Algérie, il y a un certain recul par rapport à cette question, au moment même où dans d'autres pays, on enregistre une avancée considérable, comme c'est le cas au Maroc et en Libye où tamazight est déjà une langue officielle. En Libye, un pays qu'on croyait, jusque-là, qu'il n'était pas à majorité berbérophone, les citoyens se sont organisés et ont commencé à travailler pour officialiser tamazight. C'est le cas aussi en Tunisie. Moi, je pense que c'est une question de temps, plus on va se mobiliser, plus la consécration de cette revendication dans la région de l'Afrique du Nord sera effective. Bouaziz Aït Chebib, président du MAK : “C'est une réponse à un pouvoir répressif" Le MAK a fait preuve d'une démonstration de force. C'est une réponse à un pouvoir répressif. Nous avons su imposer notre mobilisation à travers une marche dans l'union et la diversité. Aujourd'hui, le peuple kabyle a marché pour exiger son droit à l'autodétermination. Je pense qu'il s'est exprimé d'une manière très forte pour sa liberté. La preuve est là sur le terrain, nous sommes de nombreux Kabyles à marcher pour notre autodétermination. Mouloud Lounaouci, militant de la cause amazighe : “L'acquis fondamental reste l'officialisation de la langue" Du point de vu du 20 Avril, c'est un rendez-vous qui permet la rencontre de ses propres militants indépendamment de l'appartenance partisane. Nous voyons énormément de militants du RCD et du MAK mais aussi de militants de la cause amazighe qui sont ni de l'un et ni de l'autre. C'est la preuve qu'il y a un ciment qui est représenté par le mouvement culturel. C'est clair que le 20 Avril est à la fois une date commémorative dans la joie, mais il rappelle aussi des moments difficiles ; Avril 1980 qui a existé parce qu'il y avait des revendications linguistiques et des exactions d'un régime dictatorial. Ce sont des acquis irréversibles, mais si on lâche le rapport de force, tout ce qui a été donné de la main droite sera repris de la main gauche. L'acquis fondamental reste l'officialisation de la langue qui doit être immédiatement mise en œuvre. Si la langue amazighe n'est pas officielle, le citoyen amazighophone restera toujours le citoyen du deuxième niveau. Khaled Zirari, citoyen marocain et vice-président du Congrès mondial amazigh : “Avril 1980 est la référence du mouvement amazigh marocain" Tafsut Imazighen, le Printemps d'Avril 1980, est, sur le plan symbolique, la référence du mouvement amazigh marocain. Donc, si le mouvement amazigh est aujourd'hui fort au Maroc, c'est grâce à l'encadrement justement de la militance kabyle. Cela est une vérité qu'il faut dire. Pour l'officialisation de tamazight au Maroc, elle est officielle certes, mais il n'y a pas encore de textes organiques pour son application, et ce, depuis deux ans. Il y a toujours des résistances. Ma présence ici en Kabylie et ma participation à la marche du 20 Avril est un rêve qui se réalise. Propos recueillis par Kocila Tighilt Nom Adresse email