A quelques jours seulement de la célébration du 33e anniversaire du Printemps berbère de 1980 et le12e du Printemps noir, les responsables du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), dont le président des bureaux régionaux de Tizi Ouzou et Boumerdès, Boussad Boudiaf, et le sénateur Mohand Ikherbane, sont revenus sur la marche à laquelle a appelé le RCD à Tizi Ouzou notamment. Comme il a été mentionné dans l'appel rendu public à cet effet, la population est appelée à une large mobilisation. Le 20 Avril 1980, écrit le RCD dans son document, constitue un «repère du combat identitaire amazigh, un jalon essentiel des luttes citoyennes pour l'affirmation du pluralisme politique et syndical, le respect des libertés fondamentales et des droits de l'homme. C'est aussi un moment de rupture avec la pensée unique et le monolithisme qui avaient laminé et asservi la société algérienne». Les rédacteurs poursuivent que «ces luttes ont, aussi, largement contribué à la reconfiguration géopolitique nord-africaine et permis à ses peuples de redécouvrir le substrat culturel et identitaire amazigh et en faire le levier du renouveau politique, économique, social et culturel aux incidences décisives aux plans national et régional». Et de noter plus loin que, malgré «les maigres acquis enregistrés», la langue et la culture amazigh «restent, plus que jamais, discriminées et confinées à leur aspect folklorique». Le RCD veut faire de la date du 20 avril un «moment de ressourcement et de communion militants» et une occasion pour réaffirmer la «réappropriation des valeurs fondatrices du printemps amazigh renforcera les luttes que nous menons pour l'identité nationale, les libertés démocratiques, les droits de l'homme, la justice sociale, les refontes de l'école, de la justice, de l'Etat…» C'est tout naturellement que le conférencier s'adresse aux citoyens, aux forces sociales et démocratiques, aux associations culturelles aux organisations de jeunes et aux étudiants pour une large mobilisation. D'autres points ont été largement débattus par les conférenciers, notamment sur tout ce qui se fait, selon leurs dires, pour saborder cette commémoration. Dans son intervention avec des mots trempés dans le cyanure, M. Boudiaf dira que si le RCD a appelé à cette marche, c'est pour «faire barrage aux dérives et démarches» de ceux qui «veulent accaparer et travestir le combat identitaire et tamazight». Avant d'appeler à «remettre les choses à leur place, à leur juste dimension», car, ajoute-t-il, «la Kabylie, qui a régressé dans tous ses combats, doit prendre conscience de la chose». «On ne peut plus parler ni de démocratie ni de tamazight qui est bloquée chez elle», ajoute-t-il. Questionné sur cet appel qui est quasiment conjoint avec celui du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK), qui a appelé à une autre marche le même jour et au même lieu que le RCD, il dira : «Notre ennemi n'est pas le MAK et, au RCD, on ne se trompe pas d'adversaire.» Et de poursuivre : «Nous précisons que n'avons rejoint personne sauf que nous allons dans la même direction que certaines forces politiques et le parti fidèle au message de 1980 reste un forum d'expression plurielle». Les conférenciers parleront aussi de tentatives de saborder la marche du 20 avril. Il est à rappeler que le point de départ de la marche à laquelle appelé le RCD est fixé devant le campus Hasnaoua de l'université Mouloud-Mammeri à 11h et que l'itinéraire est «laissé à la libre appréciation des marcheurs». Le mot d'ordre principal de cette manifestation est «Pour la reconnaissance de tamazight comme langue officielle», «Pour la solidarité et l'unité d'action dans le respect de la pluralité» et «Un Etat démocratique et social». Enfin, Maîtres Saheb et Lila Hadj Arab informeront l'assistance que le RCD, qui est en train d'élaborer un projet de Constitution, et une fois avalisé par la direction du parti dont le conseil national examinera le texte le 26 avril, aura à organiser dans les semaines à venir des conventions régionales qui iront vers une convention nationale afin d'enrichir ce projet de constitution.