Les services de l'état civil d'Oran viennent, une fois de plus, de se faire remarquer en refusant d'enregistrer un prénom berbère, en l'occurrence Massilia. Les parents de la petite fille, née en février 2013, qui souhaitaient l'appeler Sara Massilia, ont eu la désagréable surprise de voir que le second prénom a été rejeté et refusé. Frustration extrême et injustice profonde pour le père qui n'entend pas se taire et encore moins accepter ce diktat de la part de l'administration. Dès lors, l'affaire prend une autre tournure car le père, un militant des droits de l'Homme, a décidé d'agir en portant l'affaire devant les instances internationales de l'ONU par le biais d'un avocat. Et voilà comment une petite fille et le prénom Massilia deviennent une affaire d'Etat ! Plusieurs rapporteurs onusiens ont donc été saisis par écrit, avons-nous appris du père de la petite fille. Ainsi, James Anaya, rapporteur spécial sur la situation des droits de l'Homme et libertés fondamentales des populations autochtones, Mme Farida Shaheed, rapporteuse spéciale sur les droits culturels et Mutuma Ruteere, rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l'intolérance qui y est associée, ont été saisis par écrit par l'avocat de la famille. Dans le document qui nous a été transmis, il est clairement rappelé les dispositions juridiques en vigueur en Algérie, relatives à l'enregistrement des prénoms, soit l'article 64 de l'ordonnance n°70-20 du 19 février 1970 relative au code de l'état civil qui indique que “les prénoms sont choisis par le père, la mère ou, en leur absence, par le déclarant". L'aliéna 2 rajoute encore mieux que “les prénoms des nouveau-nés doivent être de consonance algérienne", ce qui est assurément le cas d'un prénom berbère. Dans la requête, l'homme de loi insiste encore sur cette situation faite à des parents en expliquant aux rapporteurs de l'ONU que “la Constitution algérienne reconnaît expressément dans son préambule l'identité berbère comme une composante fondamentale de l'identité algérienne aux côtés de l'arabité et de l'islamité. Cependant, le refus d'enregistrer des prénoms berbères à l'état civil persiste depuis l'Indépendance". Et de poser, dès lors, en termes juridiques et légaux, la situation de Massilia, devenue seulement Sara officiellement, et qui relève ni plus ni moins d'une négation de l'identité berbère, d'une composante de la société algérienne et d'une discrimination flagrante. Pour le père de Massilia, et par la voix de son avocat, il est demandé aux rapporteurs de l'ONU de faire en sorte que les autorités algériennes, en vertu des lois nationales et des conventions internationales ratifiées par le pays, “garantissent d'une manière effective le droit à la non-discrimination à l'identité berbère" et de rappeler qu'une révision de la liste des prénoms pour y inclure plus de 500 prénoms amazighs ne semble pas, en l'espèce, voir le jour malgré les recommandations faites sur cette question. D. L Nom Adresse email