"La réadaptation nécessite plusieurs mois pour permettre aux muscles de retrouver éventuellement leur fonctionnalité", a expliqué un cardiologue. On est loin de "la période de repos" qu'avait annoncée le 20 mai dernier Abdelmalek Sellal. Voilà qui ne manquera pas d'entretenir le flou et de relancer les spéculations sur l'état de santé du président de la République. Quarante-six jours après son évacuation au Val-de-Grâce pour un AIT (accident ischémique transitoire), le président de la République a reçu, hier, à l'institution nationale des Invalides, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et le chef d'état-major, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah. Selon l'agence officielle, citant Abdelmalek Sellal, "au cours d'une rencontre avec le chef de l'Etat, mardi après-midi à l'hôpital des Invalides (Paris), qui a duré près de deux heures, les deux hauts responsables lui ont exposé la situation générale qui prévaut dans le pays, tant au plan des activités gouvernementales que sur la situation politique et sécuritaire". "Le président Bouteflika a très bien réagi et son état de santé semble correct", a déclaré Sellal, précisant que le chef de l'Etat "a donné des instructions et des orientations" dans "tous les domaines d'activité", notamment en ce qui concerne les préparatifs liés à l'approvisionnement des marchés durant le prochain mois de Ramadhan. Le Premier ministre a ajouté qu'"il a trouvé Bouteflika en bonne santé bien qu'il soit en convalescence". Mais, contrairement à 2005, où un plan média a été minutieusement concocté par les services de la Présidence, en dépêchant notamment la Télévision algérienne au chevet du Président, aucune image de l'entrevue n'a été montrée hier à la Télévision algérienne. Cette démarche des autorités, sans doute acculée par les rumeurs, et probablement sous pression de Paris qui, visiblement, ne veut plus gérer la communication d'un dossier lourd et sensible aux conséquences politiques non négligeables — d'où les fuites organisées dans les médias —, pèche cependant par quelques approximations. Peu de temps avant l'annonce de cette rencontre, la Présidence a rendu public un bulletin de santé du Président où les deux professeurs qui l'accompagnaient, Sahraoui Mohcène et Metref Merzak, notent que "le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, observe, en France, une période de soins et de réadaptation fonctionnelle pour consolider l'évolution favorable de son état de santé". "En date du 27 avril 2013, le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a présenté un AVC (accident vasculaire cérébral). Les premières investigations faites dès son admission à l'hôpital militaire du Dr Mohamed-Seghir-Nekkache (Aïn Naâdja, Alger) ont révélé la nature ischémique de l'accident sans retentissement sur les fonctions vitales", rappelle le bulletin transmis par la présidence de la République et diffusé par l'APS. "À la faveur de ces explorations, une thérapeutique adéquate a été instaurée avant son transfert à l'hôpital d'instruction des armées du Val-de-Grâce (Paris) pour un complément d'exploration, à l'issue desquelles ses médecins lui ont recommandé d'observer, à l'institution nationale des Invalides, une période de soins et de réadaptation fonctionnelle en vue de consolider l'évolution favorable de son état de santé", ajoute encore le texte. En d'autres termes : les jours du président de la République sont hors de danger, mais en faisant référence à "la réadaptation fonctionnelle", le bulletin suggère que le Président n'est pas en mesure de reprendre ses activités, du moins dans l'immédiat. Selon un professeur de cardiologie, interrogé par Liberté, et qui a requis l'anonymat, "la réadaptation fonctionnelle suppose que les fonctions motrices et cérébrales sont affectées par l'AVC". "La réadaptation nécessite plusieurs mois pour permettre aux muscles de retrouver éventuellement leur fonctionnalité", a-t-il expliqué. En outre, le bulletin ne précise pas la durée des soins. Mais on est loin de "la période de repos" qu'avait annoncée le 20 mai dernier, Abdelmalek Sellal. "Après avoir subi des examens médicaux à l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris, le président de la République, dont le pronostic vital n'a jamais été engagé et qui voit son état de santé s'améliorer de jour en jour, est tenu, sur recommandation de ses médecins, d'observer un strict repos en vue d'un total rétablissement", avait déclaré Sellal au lendemain de la tempête médiatique provoquée par la censure des journaux d'Aboud Hichem. Peut-être que le Premier ministre nous en dira un peu plus aujourd'hui, puisqu'il a annoncé à l'APS qu'il reviendra "sur les détails de cette rencontre" avec le chef de l'Etat aux Invalides, dès aujourd'hui. K K Nom Adresse email