Quelles que soient les raisons qui ont mis cette affaire sur le devant de la scène, elle relance le débat sur les irrégularités qui entourent l'attribution de permis de construire dans la ville des Ponts et la remise en cause du plan de vulnérabilité de la ville aux glissements de terrain, selon un rapport présenté en 2004 par le bureau d'études français Simecsol, devenu Arcadis. Le P/APC de Constantine, Seifeddine Rihani, est depuis une semaine au cœur d'une affaire qui a suscité une polémique suite à l'octroi d'un permis de construire de 32 villas dans le secteur urbain de Boudjnana, au profit d'une entreprise de promotion immobilière gérée par le mouhafedh FLN Driss Maghraoui et son associé Abdelghani Yaïche, qui n'est autre que le P/APW de Constantine. Mais le maire se défend et estime que "cette polémique n'a pas lieu d'être". Il accuse, en fait, des membres de son parti politique, le FLN, d'être derrière toute cette histoire, dans le seul but de l'écarter, lui, le P/APW et le mouhafedh. Cependant, quelles que soient les raisons qui ont mis cette affaire sur le devant de la scène, elle relance le débat sur les irrégularités qui entourent l'attribution de permis de construire dans la ville des Ponts et la remise en cause du plan de vulnérabilité de la ville aux glissements de terrain, selon un rapport présenté en 2004 par le bureau d'études français Simecsol, devenu Arcadis. En effet, le terrain en question est situé à Boudjnana, en contrebas d'une résidence promotionnelle dont le propriétaire n'est autre que Driss Maghraoui. Sur la carte, cette parcelle de près de 4 500 m2 figure bel et bien dans une zone rouge, c'est-à-dire inconstructible. Pourtant, le maire a signé le permis de construire et l'assume. "M. Maghraoui a présenté une contre-expertise de 200 pages émanant d'un bureau d'études étatique, qui prouve le contraire de ce que rapporte le plan de vulnérabilité de la DUCH. Il a également eu une autorisation du ministère. De plus, l'intéressé a obtenu un permis de construire sur le même terrain en 2009, donc je ne vois pas pourquoi je ne donnerais pas mon accord", explique-t-il. Ce rapport, qui, à l'époque, avait déjà suscité des controverses en raison de ses conclusions que certains jugeaient erronées, serait entaché de plusieurs irrégularités, à en croire le P/APC. L'étude sera pourtant approuvée par l'ancien wali, qui signera une ordonnance en mars 2006 pour délimiter les zones rouges et interdire la délivrance de permis de construire dans les secteurs urbains concernés. Mais selon nos informations, les services de l'APC ont accordé des centaines de permis de construire, ce qui, aux yeux de la loi, est interdit. Ainsi, le plan d'Arcadis Eeg Simecsol, dont nous avons réussi à avoir une copie, distingue la ville de Constantine en sept classes d'aptitude à la construction, de "bonne" à "non constructible". Nous avons également vérifié sur la "carte de vulnérabilité" qu'utilisent plusieurs services (APC, DUCH, etc.), et les sites concernés par la zone rouge sont nombreux : Bardo, Boussouf, Chemin forestier, avenue Aouati-Mustapha, Belouizdad, Boudraâ-Salah, etc. Autant dire que c'est tout le centre-ville qui est concerné, une aberration pour beaucoup. De plus, comment est-il possible que des grands projets de modernisation de la ville soient implantés dans une zone rouge, là où il est interdit pour chaque citoyen de construire une maison ? C'est notamment le cas pour le pont Transrhumel, touché dans sa partie orientale par la zone "non constructible". A ce sujet, le nouveau DUCH nous explique que même si le sol présente un danger, l'entrepreneur dispose de solutions. Dans le cas du pont, il aura fallu creuser 56 m, précise-t-il, pour couler les fondations de la structure. Pour en revenir au P/APC, celui-ci nous a révélé qu'il ne compte plus se référer aux conclusions de la carte de vulnérabilité des terrains. En vertu du code communal, il peut ne pas tenir compte des rapports des services de la DUCH. En tout cas, il n'hésite pas à nous déclarer que ce plan est incomplet et comprend plusieurs erreurs. La solution, selon lui, est de refaire l'étude. Il citera l'exemple du projet du calibrage des oueds Rhumel et Boumerzoug qui, une fois réalisé, va remettre en cause tout le volet "inondabilité" de la carte. Et selon lui, si on applique à la lettre ce plan de vulnérabilité, "aucun permis ne doit être octroyé, et plus grave encore, toutes les habitations existantes doivent être rasées !". D B. Nom Adresse email