Danger Des études devaient être terminées ce mois-ci pour une évaluation exacte du phénomène. Un retard est accusé par la société française. Le phénomène des glissements de terrain à Constantine, remonte, selon des études spécialisées en la matière, au début du siècle dernier : 1910 en ce qui concerne le mont Sidi-Rached, par exemple, qui subit la pression de millions de tonnes de terre du plateau de Mansourah qui le jouxte, nous apprend-on à la Duch. Dix-huit sites touchés par le phénomène ont été répertoriés et répartis selon cinq zones, englobant de nombreux quartiers huppés de la ville, tels ceux de Belouizdad, Bellevue, la cité des Ciloc, Boussouf, le Bardo, le terrain de l?université et la liste est loin d?être exhaustive. Ce sont, en effet, plus de 15 000 logements qui seraient donc menacés d?effondrement à tout instant, «les glissements étant aussi imprévisibles que les tremblements de terre», nous confie un cadre de la direction de l?urbanisme. La population ciblée, quant à elle, avoisinerait les 100 000 âmes, réparties sur une superficie «mouvante» estimée à 15% de la superficie globale de la commune. Pour les cadres de l?urbanisme, les glissements sont dus à plusieurs facteurs, dont la topographie des sols, la nature des couches géologiques, le contexte sismique ainsi qu?à d?autres, dits «exogènes», que sont les déperditions d?eau des réseaux d?assainissement ou d?AEP, ou encore les travaux de déforestation ou de terrassement à grande échelle. Les conséquences sont visibles parfois à l??il nu. Pour exemple, cet immeuble d?une dizaine d?étages de l?avenue Kitouni-Abdelmalek, dont les façades présentent des fissures de plus de quarante centimètres, qui a, fort heureusement, été évacué. Pour d?autres sites, le phénomène est plus latent, donc plus dangereux. C?est le cas du boulevard Belouizdad où plus de 200 logements ont été évacués à la hâte. Ce n?est qu?en 2001 que l?Etat, après bien des tergiversations, a lancé un avis d?appel d?offres en vue, dans un premier temps, d?une étude approfondie de la situation. C?est un bureau d?études français, la société Simecsol, qui sera retenue en 2002 pour une durée des études qui devait s?étaler sur 25 mois, soit une échéance fixée à juin 2004. Et donc qui devrait arriver à son terme. Quatre missions essentielles lui ont été dévolues : un diagnostic de l?ensemble des sites touchés par les glissements ; une évaluation de l?impact des glissements avec une expertise des constructions et l?établissement d?un plan de vulnérabilité aux risques naturels ; une étude des solutions de confortement des sols ; une surveillance de l?évolution des mouvements des terrains dans le temps. Le bon déroulement des études aurait été, selon les services de la Duch, souvent perturbé par les intempéries, ce qui tend à justifier que le projet Simecsol ne serait pas bouclé dans les délais prévus. «A l?heure actuelle, tient-on à nous préciser, plusieurs Avant-projets sommaires (APS) nous sont parvenus de Simecsol mais ceux-ci ont fait l?objet de réserves de la part de la Duch.» Ces propositions concernent les sites les plus importants en densité de population que sont Belouizdad, Bellevue, Rahmani-Achour ou le chemin Forestier. «Les ingénieurs de Simecsol, nous confie un cadre de la Duch, agissent en tant que techniciens et, de fait, leurs propositions sont lourdes financièrement. Ce ne sont pas des gestionnaires, c?est pour cela que nous leur retournons leurs dossiers pour les forcer à envisager des solutions plus à notre portée.» En d?autres termes, aucune solution concrète n?est envisageable à court terme, hormis les «marchandages». En décembre dernier, un éboulement s?est produit au niveau de l?avenue Aouati-Mustapha. Des tonnes de terre et des blocs de granit ont réduit en bouillie quatre véhicules en stationnement. L?incident s?est produit à 3 heures du matin, il n?y avait, fort heureusement, personne aux alentours à ce moment-là. Dès lors, les questions qui se posent sont les suivantes : les risques que présente ce phénomène ne sont-ils pas pris à la légère ? Faudra-t-il que l?irréparable se produise pour que l?on accorde enfin aux glissements de terrain une attention plus en rapport avec leurs conséquences et dommages, même éventuels ?