Le chanteur tunisien Zied Gharsa s'est produit lundi à Alger, devant un public conquis, embarqué par la densité rythmique du mouwachah et l'ambiance festive du malouf, dans une mise en valeur du patrimoine musical arabo-andalou caractérisant, outre l'Est algérien et libyen, la Tunisie. Dans un programme en deux parties, le ténor a choisi de commencer par une introduction du terroir, Msedar Dil, suivie de Ya moustafa gharamek, une pièce soufie évoquant l'amour du Prophète et Ya ness djaratli el gharayeb, suscitant l'enthousiasme du public de la salle Ibn Zeydoun dans la 12e soirée du Festival culturel international "L'été en musique" dans sa 3e édition. Durant la deuxième partie, des rythmes ternaires comme "El fezzani", "El ghita" (6/8) ou "Souga", les chansons Wesla malouf, Katemtou el mahabba, Segh nejaâk segh, Zoudj asbaya, Aâzayez guelbek, Ana lemdellel et bien d'autres encore ont créé une ambiance de fête chez les spectateurs. Naôret el akhtem, une variété de modes et de rythmes tunisiens, et Raw'wah mes æsoug Amar, deux pièces composées par Tahar Gharsa (père de Zied), grand musicien et chanteur tunisien disparu en juin 2003, ont également été interprétées par l'artiste, en présence de l'ambassadeur de Tunisie à Alger. Zied Gharsa, reconnaissant devant l'assistance les bienfaits prodigués à son endroit par le grand chanteur algérien Hamdi Bennani qui, selon le jeune artiste, lui a appris Ayoun lahbara, n'a pas manqué de rappeler, avec fierté, son algérianité et son appartenance d'origine à la région de Biskra. L'artiste a choisi la capitale algérienne pour inaugurer son nouvel instrument baptisé Oud et'Tahar (le luth de Tahar) – en référence à son regretté père – auquel il a ajouté deux cordes, ouvrant de nouveaux intervalles et d'autres espaces pour la composition et l'interprétation vocale. Né en 1975, Zied Gharsa a reçu ses premiers enseignements en musique de son père Tahar Gharsa, qui lui a transmis les bases du malouf. à 14 ans, il obtient son premier diplôme et devient au fil des années une des meilleures voix du genre. Jouant de plusieurs instruments, il a enregistré près de 40 titres et a dirigé, de 2006 à 2011, l'orchestre et la chorale de Rachidia, ancienne association culturelle et artistique tunisienne de musique traditionnelle qui a vu le jour en 1934. La première partie de la soirée a été animée par Bouzaher Abdelhamid, chanteur de Khenchela, à la voix retentissante de puissance interprétant dans le genre chaoui un florilège de chansons du terroir et d'autres de sa composition. Wetnek aâla watni guessa, Ana ma nensek, Talet leyyam, Admen ayemma admen, Dellouni ya khawti et Djemila, hobbak habbalni ont figuré parmi les chansons au programme de Bouzaher Abdelhamid lors de cette soirée. Soutenu par deux flûtistes jouant à la gasba, deux percussionnistes aux bendirs et un vocaliste, l'interprète a porté la tradition ancestrale et la voix des Aurès avec un savoir-faire plein de talent face à un public amplement réceptif, qui reprenait les airs avec des applaudissements nourris. Le programme à caractère thématique, proposé par les organisateurs, a motivé le déplacement d'un public d'adeptes, venus nombreux se délecter et apprécier leurs idoles qui se sont surpassées, mettant en valeur le patrimoine et l'authenticité. APS Nom Adresse email