Pour les intervenants, l'Ansej, l'Angem ou encore le Programme d'insertion des diplômés ne sont que des structures alibi pour absorber la colère des jeunes. Secret de Polichinelle, la question de l'emploi des jeunes devient de plus en plus préoccupante dans toutes les contrées du monde. La crise de l'emploi n'épargne pas les jeunes algériens. Quelles sont les solutions possibles pour juguler cette crise ? Quels dispositifs efficients faut-il mettre en place, afin d'accompagner les jeunes demandeurs d'emploi, souvent livrés à eux-mêmes ? Ou encore, quel lien faut-il établir entre l'université et l'entreprise ? Ce sont autant de questions auxquelles un panel d'experts, chacun dans sa spécialité, a tenté de répondre, hier, à l'ouverture des travaux du colloque national sur "l'emploi des jeunes et la communication en Algérie", organisé conjointement par l'entreprise Emploitic et la fondation Freidrich-Ebert, à l'auditorium de la faculté des sciences de l'information et de la communication de l'Université Alger 3. Louant les vertus de la communication efficace des institutions en charge de l'emploi des jeunes, les intervenants n'ont surtout pas manqué cette occasion pour accabler la politique de l'emploi dans notre pays. Pour les intervenants, les dispositifs de création d'emplois, tels que l'Ansej et l'Anjem ou encore le Programme d'insertion des diplômés (PID), ont été sévèrement critiqués. Mouloud Mohand Ameziane, consultant indépendant, qui a présenté sa communication sur "la perception par les jeunes des dispositifs publics d'emploi", n'y est pas allé de mainmorte avec ces institutions créées dans le sillage des réformes politiques et sociales engagées par le président Bouteflika. Pour lui, ces organismes respectifs ont jusque-là brillé par leur stratégie de communication "inefficace et inefficiente". Et de relever avec regret que ces dispositifs respectifs ne sont que des instruments alibi dont l'objectif est d'absorber la colère sociale. Le même expert relève que la mise en place de ces dispositifs n'a pas pu rétablir le lien de confiance entre l'administration et les jeunes, eux, dit-il, qui "ne croient pas à la politique d'emploi". Selon Meziane, le nombre de projets et d'emplois créés dans le cadre des dispositifs Ansej et Angem reste très en deçà des attentes au vu des potentialités qui existent dans notre pays. Il relève que jusqu'à fin 2012, 13 586 projets ont été lancés dans le cadre de l'Ansej, ayant permis la création de 27 203 postes d'emploi. Pour la même période, 29 243 projets ont été lancés dans le cadre de l'Angem et ont permis la création de 40 364 emplois. Même son de cloche chez le professeur Chems Eddine Chitour, directeur de l'Ecole polytechnique d'Alger, qui qualifie l'actuelle politique d'emploi de "tonneau de Danaïdes" ! Pour ce professeur, il est temps de dépasser ces reflexes archaïques pour aller chercher ce qu'il appelle une "stratégie de création de richesses pérennes". M. Chitour préconise, notamment, la nécessité d'investir dans les énergies renouvelables à même de préserver les énergies fossiles aux futures générations. De son côté, Ourida Amrani, directrice du Laboratoire de recherche des langues, de la communication et des nouvelles technologies (Lancomnet), a mis l'accent sur la nécessité de rapprocher les universités du monde de l'emploi. Elle regrette le fait que "les universités semblent encore être très loin du monde de l'emploi, alors qu'elles sont les principales pourvoyeuses en personnel d'encadrement et de conception". Dans l'optique de rétablir le lien entre ces deux mondes (l'université et l'emploi), Leah Bitat, directrice de l'organisation américaine World Learning Algeria, invitée à ce colloque, elle, mise notamment sur les centres de carrière créés par son organisme dans différentes universités algériennes. Ces centres, explique-t-elle, sont conçus pour encadrer des jeunes universitaires et les préparer à la vie active. Sur les 3 000 étudiants admis dans ces centres, 800 sont déjà prêts à rejoindre le monde de l'emploi, a précisé la responsable de World Learning Algéria, qui insiste sur la nécessité pour les jeunes de chercher à créer leur propre expérience. Dans son nouveau projet intitulé "Peace", Mme Bitat aspire à inculquer aux jeunes algériens "l'éducation, l'altruisme et l'engagement social". F. A Nom Adresse email