La tripartite prévue désormais pour le début de ce mois d'octobre doit être, nous dit-on, placée sous le signe de l'encouragement de la production nationale. Le retour du crédit à la consommation devrait y figurer en bonne place et constituer son annonce la plus concrète. Difficile en effet de trouver un sujet qui fasse autant l'unanimité au sein des partenaires sociaux. Dès le printemps 2011, M. Karim Djoudi indiquait que le retour au crédit à la consommation était "possible" mais serait, le cas échéant, "exclusivement destiné à la production nationale dotée d'un taux d'intégration important". Pour le ministre des Finances, le crédit à la consommation, suspendu par la LFC 2009 "s'il peut aider à développer la production algérienne à forte valeur ajoutée, encourager l'emploi en préservant l'intérêt des ménages, sera un élément d'accompagnement des entreprises nationales". Cela est "valable pour les crédits pour les véhicules, une fois produits en Algérie, ou pour d'autres produits à un taux d'intégration important", précisait M.Djoudi. Plus récemment , à l'occasion des tripartites organisées en mai et septembre 2012, le rétablissement du crédit à la consommation en faveur de la production nationale a également été réclamé avec vigueur à la fois par l'UGTA et le patronat qui en ont fait un de leurs principaux chevaux de bataille. La dernière réaction en date est celle du président du FCE, M. Réda Hamiani qui déclarait voici quelques jours sur une chaîne de radio nationale que son organisation soutient pleinement la proposition, déjà formulée par l'UGTA, d'un rétablissement du crédit à la consommation en faveur de la production nationale. Le patron des patrons algérien précise que le crédit auto restant suspendu, une telle mesure devrait pour l'instant concerner essentiellement les articles d'ameublement ainsi que l'électroménager. Les banques peu impliquées dans le crédit aux particuliers Le consensus ne s'arrête pas là et ce point de vue semble partagé par un des principaux intéressés :la Banque d'Algérie. Dans ses publications récentes, elle relève que la modicité du crédit aux particuliers est un des aspects les plus frappants de la faiblesse des performances du secteur bancaire. Une situation d'autant plus anormale que les dépôts des ménages algériens auprès des banques publiques et privées sont en plein boom au cours des dernières années. Dans le sillage des importantes augmentations de salaires obtenues depuis le début de l'année 2011, ils sont même en train de battre des records. Au cours des années 2011 et 2012, ils ont représenté près de 40% des dépôts bancaires dépassant pour la première fois les dépôts effectués par Sonatrach. La Banque d'Algérie note que "l'importance accrue des dépôts en dinars des ménages, alimentée par l'augmentation des revenus salariaux et des transferts budgétaires, contraste avec le niveau des crédits bancaires qui leurs sont accordés". Un décalage qui confirme, relève la banque centrale, "la faiblesse de l'intermédiation bancaire au profit des ménages". Conclusion du régulateur du secteur bancaire, l'accroissement des dépôts "doit être appuyé par une amélioration soutenue des services bancaires de base à la clientèle dans l'objectif d'une inclusion financière accrue". La Banque d'Algérie pense d'abord au développement du crédit immobilier hypothécaire mais la stimulation du crédit à la consommation pourrait également être une piste encouragée dans les mois à venir. D'autant plus que les récentes mesures de plafonnement des marges dans le domaine du financement du commerce extérieur vont contribuer à rendre cette activité nettement moins attractive pour les banques, privées notamment, en les poussant ainsi à rechercher des revenus de substitution. Signalons enfin que les missions du FMI en Algérie recommandent depuis 2 ans le rétablissement du crédit à la consommation en le conditionnant à la mise en place d'une centrale des risques des crédits aux particuliers dont la création annoncée depuis plusieurs années, est désormais prévue pour 2013. Une centrale des risques d'abord Puisque tout le monde semble d'accord, la question est de savoir ce qu'on attend pour décider du rétablissement d'un instrument qui provoque une telle unanimité ? La réponse est également fournie par le ministre des Finances : "la protection des ménages en termes d'endettement, grâce à une centrale des risques sur les ménages est l'autre condition du retour au crédit à la consommation". Cette formulation prudente désigne dans la terminologie des autorités financières une propension des ménages algériens à ne pas rembourser les crédits bancaires qui inquiète en effet fortement les pouvoirs publics .Elle a déjà été la cause principale, bien que non affichée, de la suspension du crédit auto. D'où la nécessité pour la Banque d'Algérie de moderniser sa vieille centrale des risques qui ne déclare jusqu'à présent que les crédits accordés aux entreprises. H. H. Nom Adresse email