L'instance de Bretton Woods recommande aux pays pétroliers de maîtriser leurs dépenses et diversifier leurs économies, actuellement tirées par les hydrocarbures. Le Fonds monétaire international (FMI) a averti, hier, qu'une baisse continue des prix du brut pourrait placer les économies des pays exportateurs de la région Mena dans le rouge en raison d'une hausse de leurs dépenses. "Une baisse prolongée des prix du pétrole provoquerait l'apparition de déficits budgétaires dans de nombreux pays exportateurs de pétrole de la région", a indiqué le FMI, dans son nouveau rapport sur les perspectives économiques mondiales, relevant que "depuis quelques années, l'augmentation des dépenses se traduit par une évolution à la hausse du prix d'équilibre du pétrole (c'est-à-dire du prix du pétrole auquel le budget de l'Etat est en équilibre), plus rapide que celle des prix du pétrole". Le FMI note que dans un certain nombre de pays, citant, entre autres, l'Algérie, le prix d'équilibre du pétrole est, par conséquent, supérieur au prix du pétrole indiqué par les projections pour 2014. "Bien que les autres pays affichent des excédents et que le niveau de leur dette publique soit encore relativement faible, la plupart d'entre eux n'ont pas accumulé d'actifs assez rapidement pour constituer des réserves suffisantes pour les générations à venir et pour se protéger d'une baisse des recettes pétrolières", relève le FMI. La priorité, pour les pays exportateurs de pétrole de la région, selon l'institution de Bretton Woods, "consiste à accroître leur résistance aux chocs des recettes pétrolières tout en diversifiant leur économie au profit d'une main-d'œuvre disponible en rapide expansion". Pour le FMI, seuls quelques pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui pourront produire du pétrole pendant encore de longues années et qui ont d'importantes réserves budgétaires disposent de marge de manœuvre nécessaire pour pouvoir mener une politique budgétaire anticyclique en cas de risque de dégradation de la situation ; d'autres pays n'ont que peu, sinon pas du tout, d'espace budgétaire. Le FMI estime que la politique budgétaire de ces derniers devrait viser à constituer des marges de manœuvre pour les protéger des chocs exercés par les prix du pétrole en trouvant des sources de revenus non pétroliers et en maîtrisant des dépenses courantes difficiles à éliminer, tout en maintenant des dépenses sociales et des dépenses d'équipement de haute qualité afin d'appuyer la diversification de l'économie, la croissance et l'accumulation de patrimoine au profit des futures générations. "L'adoption de mesures pour améliorer la qualité de l'éducation et mieux adapter cette dernière aux besoins du secteur privé, en même temps que des mesures visant à promouvoir l'entrepreneuriat et la participation des femmes au marché du travail, pourrait renforcer la croissance du PIB hors pétrole et réduire le recours à des dépenses budgétaires financées par les recettes pétrolières en tant que source de la croissance économique", suggère le rapport. Le FMI indique que les pays de la région devront en priorité améliorer le cadre sociopolitique, renforcer la stabilité macroéconomique, réduire les déséquilibres budgétaires et extérieurs et mettre en œuvre des réformes visant à promouvoir une croissance durable et solidaire, poursuivre le processus de diversification et créer des emplois. Dans ses nouvelles estimations, le FMI prévoit pour l'Algérie une croissance du PIB de 3,1% en 2013 et de 3,7% en 2014, contre 3,3% en 2012. L'inflation devrait baisser à 5% cette année et à 4,5% en 2014, contre 8,9% en 2012. Le solde extérieur courant restera positif pour s'établir à 1,8% du PIB en 2013 et à 1,2% en 2014, alors qu'il était de 5,9% en 2012. Quant au taux de chômage, il se situe à 10% en 2013, et devra légèrement baisser à 9,8% en 2014. M. R. Nom Adresse email