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Ouargla : Bouteflika ignore la révolte
Les émeutes ont continué hier pendant la visite du président de la république
Publié dans Liberté le 24 - 02 - 2004

De violents incidents ont émaillé la sortie du Président-candidat. Les émeutiers ont saccagé plusieurs infrastructures de la ville, dont un commissariat de police situé à quelques encablures de la wilaya.
Le Président-candidat aura eu droit, hier, à une visite pour le moins mouvementée, ici, à Ouargla. Émeutes, saccages et protesta auront ainsi emboîté le pas aux sempiternels et folkloriques bains de foule qui avaient jusque-là bercé chacune des sorties de Bouteflika. La séquence baroud, youyous et qarqabou n’a, de fait, duré hier que le temps d’un accueil mitigé au final et en tout cas, moins “baroque� que d’habitude.
Après une nuit agitée passée à essayer de redonner des couleurs à la ville et à tenter d’endiguer les velléités contestataires des émeutiers, le tout sur un air de “viendra-viendra pas� tant l’état d’avancement des préparatifs de la visite était peu convaincant, le jour s’est levé sur une ville complètement métamorphosée, ayant comme par enchantement retrouvé sa sérénité. Disparus les poteaux cisaillés, les bancs publics arrachés, les lampadaires cassés et les fatras de gravats qui jonchaient la chaussée. Et la population coléreuse semblait soudain revenue à de meilleurs sentiments.
On pouvait ainsi voir tout au long du boulevard Palestine, celui-là même qui était, dimanche, le théâtre de violents affrontements entre frondeurs et forces de l’ordre, des minibus déverser des “bouts de peuple� destiné à entrer dans la “fabrication� des bains de foule.
Çà et là , des grappes de femmes brandissant le portrait du Président en scandant timidement des slogans plutôt tièdes.
Pourtant, pour l’observateur avisé ayant eu l’occasion de suivre le chef de l’État dans ses pérégrinations, force est de constater que l’ambiance était tendue et la qualité de l’accueil tout juste moyenne. Ainsi, là où l’on s’attendait à voir les voitures des comités de soutien sillonner les rues et les avenues de la ville pour chauffer les foules, surtout que Bouteflika venait d’annoncer officiellement sa candidature en se vantant d’être crédité de un million de signatures, nous avons été surpris de ne voir qu’un nombre modeste de portraits du Président-candidat pour quelqu’un se targuant de tant de popularité !
Alentour, un impressionnant dispositif de sécurité était déployé. Des éléments du GIR (Groupes d’intervention rapide, corps d’élite de la Gendarmerie nationale) ont été dépêchés en renfort pour prêter main forte à la police locale, complètement dépassée par l’ampleur de la protesta. Des policiers en civil infestaient les quartiers chauds, et devant chaque foyer de tension, des camions grillagés des brigades antiémeutes et autres “camions moustaches� étaient stationnés pour parer à tout dérapage. En outre, ambulances et camions rouges des pompiers étaient mobilisés en force dans le cas où...
Outre cette logistique de répression, il convient de souligner qu’une action politico-diplomatique a été engagée la veille même pour raisonner les jeunes chômeurs de Ouargla, moteur de la fronde. En effet, le pouvoir, paniqué, a dépêché en urgence un ministre de la République, Daho Ould Kablia, pour ne pas le nommer pour prendre langue avec la société locale (voir encadré).
C’est dire sous quelle tension Bouteflika a engagé cette huitième escale de son périple préélectoral. Et l’on sentait, hier, chez le Président-candidat une volonté féroce d’aller vers les Ouarglis pour tirer un trait sur ce houleux épisode et revenir aux ambiances “ghaïta band�.
Par ailleurs, il suffit de quitter l’artère principale et de s’engouffrer dans n’importe quelle ruelle perpendiculaire pour se rendre compte que la colère des émeutiers était loin d’être contenue. Ainsi, en longeant la rue Che-Guevara, quelle ne fut notre surprise de constater qu’à hauteur de l’ancienne agence Khalifa Airways, incendiée avant-hier par les émeutiers, les deux coffres-forts qui ont été extirpés de l’agence par les émeutiers gisaient encore sous les arcades de cette rue au milieu d’un tas de dossiers éparpillés.
Une impressionnante logistique de répression
10h30. L’itinéraire réservé à l’accueil populaire du Président est fin prêt. La foule parquée derrière des barrières est utile à double titre : elle répercute les slogans d’usage et elle masque en même temps les traces de saccages de l’artère attenante à la wilaya et que devait longer le cortège présidentiel.
Toutefois, à la différence des dispositifs de bains de foule habituels, la population était agressive, excitée et nerveuse.
Les jeunes ne cessaient de railler les journalistes et de conspuer tel ou tel personnel badgé.
10h40. Les motards coupent le suspense en annonçant l’arrivée du Président : Bouteflika va au bout de sa visite. Quitte à affronter les émeutiers.
“Al-khadma ! Al-khadma !�
Le bain de foule est impeccable. À telle enseigne que l’on avait l’impression d’avoir changé de peuple — ou que les autorités l’avait “emprunté� ailleurs — “Bouteflika, Président�, scandaient les foules, euphoriques. Aucune banderole qui dépasse, aucune fausse note, si ce n’est que quelques voies juvéniles qui lancent : “al-khadma ! Al-khadma� (donnez-nous du travail !).
Arrivé aux portes de la wilaya, Bouteflika écoute une motion de soutien que lui lit docilement un patriarche fort respecté de la région, appuyé de notabilités locales. Scouts musulmans, association de sourds-muets, potaches sortis de l’école, tout est bon pour grossir les rangs des fans du Président-candidat et étouffer les voix discordantes. La cérémonie d’accueil passée sans incident, commence le ballet des inaugurations. Au menu : l’installation d’un réseau de gaz de ville à la cité Annaser, l’inauguration d’infrastructures universitaires et pédagogiques, pose de la première pierre de la route expresse Ouargla-Hassi-Messaoud et puis les inévitables ziaras aux zaouïas locales : la zaouïa Kadiria de la commune de Rouissat et la zaouïa Sidi Belkheir à Chatt.
Pour la journée d’aujourd’hui, et qui correspond, rappelle-t-on à l’anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, Bouteflika doit se rendre à Hassi-Messaoud pour y inaugurer, entre autres, l’oléoduc O.Z.2 de Haoud El-Hamra. Après, l’avion présidentiel devra s’envoler pour Touggourt. Un seul point n’était pas prévu par les services du protocole : le déchaînement des chômeurs.
Les émeutiers rompent la “trêve�
En effet, au moment de la pause-déjeuner, alors que Bouteflika se trouvait dans la résidence de la wilaya en compagnie des ministres qui étaient du voyage, en l’occurrence Zerhouni, Chakib Khelil, Saïd Barkat, Rachid Harraoubia, Abdelmalek Sellal et Mohamed Nedir Hamimid, les émeutiers ont rompu la “trêve�. C’est ainsi que vers 13h, ils s’en prendront à un commissariat de police, précisément le centre de sûreté urbaine du 1er arrondissement, situé à un jet de pierre de la wilaya, dans le quartier dit la Silice. À notre arrivée sur les lieux, un important dispositif de police était déployé. Les émeutiers avaient saccagé le commissariat et mis le feu. Des pompiers ont dû intervenir pour venir à bout de l’incendie.
Aux abords du commissariat, des fatras de dossiers étaient éventrés et une machine à écrire dépareillée gisait sur le trottoir. Tout autour, le quartier baignait dans une immense mare d’eau. Des débris de ferraille et des gravats jonchaient la rue.
Les policiers, atterrés, matraque à la main, étaient submergés. L’un d’eux affirme qu’il y a eu des blessés parmi ses collègues “dus aux jets de pierres�, dit-il. Non loin de là , les émeutiers, bravant la présence en force des policiers, étaient amassés et soupesaient la situation. Ils étaient particulièrement agressifs. “Pourquoi vous ne parlez pas de nous ?� nous prennent-ils à partie.
D’aucuns nous déconseillent de trop les approcher. Dans le même quartier, tout au long de la rue du Colonel Si-El-Houès, un feu rouge a été saccagé, les poteaux électriques détruits barraient la route et des tas de pierres étaient répandus sur le sol sous le regard impuissant des forces de l’ordre.
Des incidents de ce type ont émaillé toute la journée d’hier. Dès que le cortège présidentiel passait, la protestation reprenait de plus belle. Ainsi, plusieurs infrastructures de la ville subiront l’ire des émeutiers. Dans plusieurs artères, frondeurs et forces de l’ordre observaient un duel sans merci. Au long du boulevard Palestine, on pouvait voir à un moment donné des éléments des brigades antiémeutes en casques, gourdin et genouillère brandissant haut leur bouclier pour tenir en respect des jeunes en effervescence. La veille, les actes de sabotage se sont poursuivis même la nuit.
Le silence des autorités
L’action de répression de la police ne s’est pas fait attendre. Des dizaines de jeunes ont été interpellés. Par ailleurs, on déplore des blessés de part et d’autre, à la suite de ces affrontements, sans qu’aucun chiffre officiel ne soit rendu public sur ces évènements.
À signaler au passage, que dans un souci de passer sous silence les évènements de Ouargla qui ont coïncidé avec l’annonce, par Abdelaziz Bouteflika, de sa candidature officielle à la magistrature suprême, et qui de ce fait même tombent comme un cheveu dans la soupe, la télévision d’État a complètement tu ce qui s’est passé dans la région.
Les jeunes émeutiers ont essayé hier, en portant leur action de protestation aux portes même de la wilaya, d’approcher le président de la République et lui transmettre de vivre voix leurs doléances. “C’était notre manière de le solliciter� avoue l’un d’eux. Notre interlocuteur affirme qu’il a d’ailleurs été pris au pif parmi un groupe d’autres jeunes. Ils ont été constitués en délégation sur le champ et ont été invités à pénétrer dans la wilaya. “Nous avons été reçus par un ministre, je ne sais plus lequel. Nous lui avons exprimé nos revendications, notamment en ce qui concerne l’emploi. Il nous a promis d’étudier notre requête. L’entrevue a été très courte�. témoigne notre émeutier.
Selon la description qu’il nous a faite dudit ministre, il ne peut s’agir que de Zerhouni. Nous avons approché le ministre de l’Intérieur pour une déclaration à ce sujet. Il s’est contenté de nous répondre : “Demain (aujourd'hui ndlr) j’organiserai un point de presse�.
M. B.


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