Le chef de la mission du FMI recommande que les autorités algériennes poursuivent "la politique de change qui évite tout désalignement du dinar". "Bien qu'elle demeure solide, la position extérieure de l'Algérie a commencé à donner des signes d'affaiblissement." C'est ce qu'a relevé, hier, lors d'une conférence de presse organisée à l'hôtel El-Aurassi, Zeine Zeidane, chef de la mission du Fonds monétaire international (FMI), qui a séjourné en Algérie depuis le 12 novembre pour mener des discussions dans le cadre des consultations annuelles au titre de l'article IV. Zeine Zeidane estime que l'excédent des transactions courantes devrait baisser à 1,1% du PIB en raison de la diminution des exportations d'hydrocarbures et du dynamisme des importations. Le chef de la mission du FMI constate que la production d'hydrocarbures continue de fléchir, tandis que la consommation intérieure croît rapidement. Ce qui pèse, selon lui, sur les exportations. "Pour inverser le repli des exportations, il faudra accroître les investissements, en vue de stimuler la production, et adopter des mesures destinées à réduire la consommation intérieure d'hydrocarbures et diversifier les exportations", suggère Zeine Zeidane. "Il est aussi important de veiller à ce que le taux de change effectif réel continue à favoriser la compétitivité externe de l'économie et en particulier soutenir les exportations hors hydrocarbures", a-t-il ajouté. Du coup, le chef de la mission du FMI recommande que les autorités algériennes poursuivent "la politique de change qui évite tout désalignement du dinar". Zeine Zeidane juge le dinar légèrement surévalué par rapport à sa valeur fondamentale "À long terme la politique budgétaire actuelle n'est pas soutenable" La mission du FMI salue la consolidation budgétaire réalisée cette année, qui devrait aboutir à un budget équilibré pour l'exercice 2013, après le déficit enregistré en 2012. Le chef de la mission du FMI estime que "la consolidation budgétaire doit se poursuivre et viser à renforcer les recettes hors hydrocarbures, à maîtriser les dépenses courantes et à maintenir l'investissement public, lequel revêt une importance cruciale pour la croissance". Zeine Zeidane indique que l'analyse menée récemment par le FMI sur un certain nombre de pays, dont l'Algérie, montre clairement que les dépenses courantes ne contribuent pas à la croissance. Le chef de la mission du FMI indique que le ratio masse salariale rapporté au produit intérieur brut en Algérie est le plus élevé par rapport à ses partenaires. En outre, le coût du travail est très élevé et il a également augmenté d'une façon très rapide. "À long terme, la politique budgétaire actuelle n'est pas soutenable", estime le responsable du FMI, recommandant "l'introduction d'une règle budgétaire" qui prévoit "un plafond de déficit public lors de la préparation des lois de finance". Zeine Zeidane propose "une règle budgétaire incluant un prix moyen du pétrole rétrospectif et établissant un plancher au solde structurel". Cette règle budgétaire pourrait aider l'Algérie à gérer la volatilité des recettes pétrolières imputable à la fluctuation des cours des matières premières, à imposer une discipline de dépenses publiques et à préserver la viabilité à long terme des finances publiques. "Si les dépenses de l'Algérie continuent sur le même rythme, les prévisions du FMI montrent que les taux d'endettement de l'Algérie, à l'horizon 2050, pourraient dépasser 100% du produit intérieur brut", avertit M. Zeidane, précisant "qu'à court et moyen termes, il n'y a pas de difficultés". La croissance du produit intérieur brut réel devrait s'établir à 2,7% Zeine Zeidane a indiqué que les résultats économiques de l'Algérie en 2013 ont été satisfaisants. L'inflation, qui avait atteint 8,9% l'an dernier, a été ramenée à 4,5% en octobre grâce à la consolidation budgétaire et à une politique monétaire prudente. La croissance du produit intérieur brut réel devrait s'établir à 2,7% en 2013, contre 3,3% en 2012, en raison de la baisse continue de l'activité dans le secteur hydrocarbures et de l'effet de la consolidation budgétaire. La croissance hors hydrocarbures reste relativement forte, selon M. Zeidane, précisant qu'elle a été alimentée par la forte progression de la demande privée et par les investissements des entreprises publiques. Pour la mission du FMI, "l'Algérie bénéficie de la stabilité macroéconomique, mais l'économie continue de croître en-deçà de son potentiel". Elle estime "qu'il est primordial d'accélérer la croissance tirée par le secteur privé, afin de réduire la dépense de l'économie à l'égard des hydrocarbures et de créer de nouveaux emplois". Dans cette perspective, souligne le FMI, "des réformes s'imposent pour améliorer le climat des affaires, lever les contraintes à l'investissement étranger, promouvoir l'intégration commerciale internationale et doter la population active des qualifications dont l'économie a besoin". "Le secteur financier est liquide et bien capitalisé, mais sous-développé" Le secteur financier est solide. Il n'y a pas de problème de stabilité financière en Algérie. "Mais le secteur reste très peu développé. La profondeur financière demeure relativement faible", selon la commission. Si le crédit à l'économie augmente rapidement, il demeure insuffisant pour répondre aux besoins des petites et moyennes entreprises. "Une plus grande concurrence et de meilleurs outils d'évaluation des risques de crédit inciteraient les banques à s'orienter vers les PME", suggère la mission, qui conseille aux autorités algériennes "de lever l'interdiction sur le crédit à la consommation et de développer un marché de crédit hypothécaire". Sur le crédit à la consommation, l'expert du FMI a estimé que d'autres mesures macro-prudentielles, qui ne sont pas simplement la suppression pure et simple, pouvaient être envisagées. Interrogé sur le prêt de 5 milliards de dollars accordé par l'Algérie, Zeine Zeïdane a indiqué que le FMI "n'a, jusqu'à présent, pas fait de décaissement". M. R Nom Adresse email