L'Algérie, pardon les Algériens, pardon les décideurs algériens ne savent pas reconnaître ceux qui aiment le pays et lui donnent ce qu'ils peuvent en le défendant bec et ongles, de ceux, très nombreux, qui en profitent. Dans une société de faux-semblant dont le modèle est le beggar, il faut parler fort et faire de la rapine une règle de vie. Ce qui laisse encore de l'espoir dans ce pays ? Ce sont des hommes encore debout qui aiment ce pays au point de le défendre, quitte à essuyer les attaques les plus basses. Celui qui a peur du feu n'aura jamais chaud, on est bien d'accord. Et Malik Aït Aoudia aime le feu, aime la bagarre pour le pays. Les querelles, il les laisse aux autres. Difficile de parler d'un ami ? Oui, mais nécessaire, vital même, par l'exemple qu'il donne, de parler de son œuvre, car il a une œuvre de portée internationale. Lui a fait sienne la fameuse tirade de JFK : "Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays". Sans ameuter les médias, cultivant la discrétion, en moins de dix années, il a sorti deux œuvres majeures qui ont contribué à la restauration de l'image de l'Algérie. Deux pièces d'histoire qui apportent un autre éclairage sur l'histoire contemporaine. Un autre éclairage ? Oui, par rapport à celui véhiculé par les médias occidentaux. De quoi parle-t-on ? Du documentaire en deux parties sur la tragédie algérienne diffusé il y a quelques années sur une chaîne française. Ce documentaire nous restitue le drame de notre pays dans toute sa complexité et son horreur, tordant le cou, au passage, à la vieille lune du "qui tue qui" si chère aux médias occidentaux. En la matière, Malik a fait ce qu'aurait dû faire l'appareil d'Etat dans un cadre de stratégie de communication internationale : remonter aux sources de la tragédie, démonter le projet islamiste, pour le mettre dans une perspective d'islamisation intégriste de l'Algérie avec ses dommages collatéraux. Cette mise en lumière a démontré rétrospectivement qu'on ne pouvait pas discuter avec les ennemis de la démocratie. L'autre documentaire qui apporte un autre son de cloche à celui orchestré par les médias français est Le martyre des sept moines de Tibhirine, coréalisé avec Séverine Labat qui était déjà sa partenaire dans le premier documentaire. Filmé à l'américaine, c'est-à-dire sans parti pris, ni discours idéologique, des faits, rien que des faits, ce documentaire apporte une lumière crue sur l'assassinat des moines. Sur la base d'une enquête fouillée avec des témoignages inédits, Malik et Séverine battent en brèche la thèse accréditée par certaines voix en France qui font de l'armée algérienne le coupable tout désigné. Ces deux documentaires dont le financement a été, si incroyable que cela puisse paraitre, un véritable chemin de croix ont fait plus pour l'image de l'Algérie que 20 ministres et autant d'ambassadeurs. Mais Malik ne cherche ni la gloire, ni l'argent. Il sert l'Algérie. C'est son titre de gloire. H. G. [email protected] Nom Adresse email