L'évolution des habitudes nutritionnelles va de plus en plus tellement vite que les nutritionnistes veulent attirer l'attention du consommateur à surveiller son régime alimentaire. Si le ministère de la Santé avait clarifié que l'Algérie "présente toutes les caractéristiques d'un pays en transition nutritionnelle", une étude menée par la Société algérienne de nutrition (San), basée à Oran, démontre désormais "les faiblesses du consommateur algérien en termes d'équilibre nutritionnel". Ce qui n'est pas sans conséquences néfastes sur la santé des Algériens qui sont de plus en plus victimes soit du surpoids et/ou de l'obésité, soit de la maigreur. Le surpoids et/ou l'obésité étant souvent le résultat d'une consommation incontrôlée, (excès de vitamines et/ou de protéines), conjuguée à une dépense énergétique réduite, alors que la maigreur est généralement la conséquence de la sous-alimentation ou de la malnutrition. C'est ce qu'a expliqué, hier à Alger, le professeur Malika Bouchenak, présidente de la SAN, qui a présenté devant les représentants des médias, les résultats de cette enquête, première du genre dans notre pays. Cette étude, intitulée "habitudes alimentaires et le risque cardio-métabolique chez des adolescents en milieu scolaire", menée par le Laboratoire de nutrition clinique et métabolique d'Oran, sur un échantillon de 400 adolescents âgés entre 10 et 17 ans, a donné des résultats "assez alarmants", selon le professeur Bouchenak, déclarant que "la population étudiée présente des anomalies métaboliques, nécessitant un programme d'éducation nutritionnelle associée à une activité physique régulière pour prévenir et/ou lutter contre le risque cardiométabolique". Si une importante classe d'Algériens est pénalisée par la pauvreté et ne peut donc pas s'assurer le ratio journalier de vitamines et de protéines comme recommandé par les nutritionnistes, une autre frange de la société, non moins importante, est, pour sa part, victime de la sédentarité, ce qui fait que leur dépense énergétique est souvent inférieure à l'apport alimentaire. Ce qui a donné lieu, fera remarquer le professeur Bouchenak, à la coexistence, en Algérie, des deux phénomènes de la maigreur et du surpoids et/ou l'obésité. "En effet, l'enquête a démontré que chez ces adolescents étudiés, l'apport alimentaire quotidien (7 à 14 mégajoule) est supérieur à la dépense énergétique journalière (DEJ) variant de 6,2 à 8,6 mégajoule." Chez ces adolescents, la DEJ étant liée essentiellement aux activités scolaires et domestiques, alors que leur activité sportive ne dépasse pas 2 heures par semaine. Ce qui reste "significativement" loin de la moyenne recommandée par l'OMS qui est d'avoir "une activité physique modérée à intense, d'au moins 60 minutes par jour (...)" "la transition nutritionnelle est caractérisée par la coexistence de la malnutrition, par carences globales ou spécifiques, et le surpoids et/ou l'obésité, dans le même environnement et qui serait associée au niveau de développement économique des pays, à l'urbanisation, à une faible qualité de l'alimentation ainsi qu'aux mauvaises conditions de vie", a constaté le professeur Bouchenak qui insiste, de ce fait, sur la nécessité de sensibiliser notamment les enfants et les jeunes à s'adapter à un régime alimentaire équilibré. Cela étant, chez les adultes, les habitudes nutritionnelles s'avèrent généralement très difficiles à changer. D'où l'insistance du professeur Bouchenak sur "l'éducation nutritionnelle associée à la promotion de l'activité physique". "Nos enfants doivent comprendre la valeur de la nutrition et de l'activité physique pour leur santé tout au long de leur vie", a-t-elle préconisé, non sans faire savoir que la SAN ambitionne de mener, à partir de cette année, "des programmes sur la prévention des carences nutritionnelles et du surpoids/obésité chez les jeunes (enfants, adolescents), en favorisant la transmission des bonnes pratiques alimentaires". F. A Nom Adresse email