Ali Benflis a dressé hier un bilan peu reluisant du règne de Bouteflika, sans toutefois le citer. Promettant lui aussi une révision de la Constitution, il a fait valoir cette différence que, pour lui, "ce ne sera pas une Constitution sur mesure". Au deuxième jour de la campagne électorale, hier, le candidat à l'élection présidentielle du 17 avril prochain, Ali Benflis a fait un discours d'opposant. Il l'a d'ailleurs clairement revendiqué, à l'occasion des meetings qu'il a animés à Blida et à Adrar, en se réclamant du même combat que les boycotteurs. "Ceux qui se sont réunis à la salle Harcha ont mon profond respect et ont parfaitement le droit de boycotter, de contester et d'exprimer leur opposition à l'injustice", a-t-il assuré devant une assistance nombreuse qui scandait : "Le peuple veut le président Benflis." "Je ne diverge aucunement avec les boycotteurs, la seule différence entre moi et eux réside dans la manière de faire et dans la méthode", indique-t-il; avant d'enchaîner : "Je suis opposant et candidat et eux, ce sont des opposants non candidats." D'ailleurs, Benflis s'est engagé à la salle Baâziz de Blida devant une importante assistance d'intégrer les partis d'opposition dans le processus de prise de décision. "L'opposition est un partenaire de l'Etat, qui a le droit d'accéder à la télévision et au pouvoir." Sur cette question précisément, il déplorera l'ingérence dans les affaires internes des partis. "Quand une formation politique n'arrange pas, on sème la zizanie et des divisions en son sein", note-t-il, allusion à une pratique qui s'est développée durant le règne de Bouteflika. De même, il a dénoncé l'exclusion et la marginalisation de l'opposition de la concertation sur les questions d'importance, en ciblant le Président sortant. "Il veut gouverner et choisir l'opposition qui l'arrange", lui reproche-t-il. Tout en se démarquant de cette conception des choses, l'ancien chef de gouvernement considère que "l'Etat, c'est du sérieux, on ne le gère pas par la plaisanterie, l'insulte, les humeurs et les divisions au sein du peuple". C'est d'ailleurs, malheureusement, le cas dans notre pays, regrette le candidat qui n'a pas usé de détours pour faire état d'une situation des plus critiques, tous secteurs confondus. Il a estimé que "nous sommes les derniers de la classe dans le domaine de la santé, que nos hôpitaux sont des mouroirs", avant de pointer du doigt la prise en charge des cancéreux qui attendent indéfiniment un rendez-vous pour une chimiothérapie. Mais c'est l'état du secteur de l'éducation qui offusque au plus haut point l'ancien ministre de la Justice. "Comment peut-on raisonnablement faire face aux revendications des enseignants en leur envoyant la police pour les matraquer ?", s'interroge-t-il. "Il est inadmissible d'utiliser la violence contre des professeurs d'écoles protestant pour faire valoir leurs droits et dont la situation délétère incombe pleinement à l'Etat." Et à l'ancien patron du Front de libération nationale (FLN) de s'adresser au corps enseignant en ces termes : "Sachez que je suis votre avocat, haussez le ton, exprimez-vous car je vous suis redevable, sans vous, je n'aurais jamais pu aligner deux mots." Affirmant ne pas comprendre les tergiversations et les atermoiements autour de la prise en charge des revendications des travailleurs de l'éducation, de la santé et du paramédical, Benflis lancera une sentence à l'endroit du Président-candidat : "Celui qui n'a pas pu gérer les choses pendant 15 ans, comment peut-il le faire maintenant ?". Face à une telle situation, Benflis propose des solutions dans le cadre de son projet de "renouveau national". Il a promis d'attribuer "davantage de prérogatives aux institutions locales, notamment aux communes qui sont sous la houlette du wali". La création d'un syndicat de la Police nationale est aussi une proposition du candidat qui considère que "ce corps doit être une force de propositions pour améliorer sa situation socioprofessionnelle". S'adressant aux jeunes, il s'engagera à réduire la durée du Service national à une année seulement. La situation peu reluisante des retraités n'a pas non plus laissé indifférent l'ancien chef de gouvernement qui juge nécessaire de revaloriser leurs pensions. Abordant son projet de révision constitutionnelle, Ali Benflis a regretté que sa proposition "une révision consensuelle" lui ait été "volée par d'autres". "Cela fait 15 ans qu'ils n'ont pas réfléchi à cela, mais la différence entre nous est qu'il ne sera pas question, pour moi, d'une Constitution sur mesure." N M Nom Adresse email