Le candidat à l'élection présidentielle du 17 avril prochain, Ali Benflis, a vertement vilipendé, hier, la Centrale syndicale, lui déniant le droit d'être la seule organisation représentant les travailleurs. Intervenant lors d'un meeting qu'il a animé à Mascara pour le lancement de sa campagne électorale, Ali Benflis a dénoncé le monopole syndical exercé par l'organisation de Sidi-Saïd, sans toutefois nommer ce dernier : "Je suis la plus ancienne organisation syndicale et je représente de force (bessif, en langue populaire) les travailleurs", a lancé l'ancien chef du gouvernement à l'assistance composée de sympathisants et de militants du FLN, de l'ancien président de l'APN, Karim Younès, mais aussi de leaders de 23 partis (Tahar Benbaïbèche, Naïma Salhi, Djahid Younsi, Abdesslam Ali Rachdi, Nourredine Bahbouh) venus le soutenir. Et à Benflis de décocher : "Il est fini le temps du parti unique", avant de revendiquer une véritable pluralité syndicale. Son argument : "Comment ça se fait-il qu'il y ait des syndicats représentatifs qui paralysent le secteur de l'éducation, d'autres qui représentent grandement le secteur de l'enseignement ou encore le corps médical et qui ne sont pas associés dans les tripartites et les prises de décisions ?". Aux yeux de Ali Benflis, la marginalisation des syndicats représentatifs est inconcevable. Un Etat fort devrait intégrer, dit-il, la notion de représentativité à travers la reconnaissance des organisations des travailleurs. Les propos du candidat dont la gestuelle, le ton de la voix tout autant que la posture, témoignant de sa sincérité et de sa conviction, ont fait vibrer la salle omnisports de l'Unité africaine, abritant la rencontre aux cris de "Benflis président". L'assistance, visiblement convaincue par les arguments du postulant aux plus hautes fonctions de l'Etat, a scandé le slogan cher aux démocrates, "Djazaïr hourra dimocratiya (l'Algérie libre et démocratique)". Ce slogan a fait réagir le candidat qui a interrompu son allocution pour le scander avec la salle. Evoquant les institutions de l'Etat, Benflis n'a pas manqué de qualificatifs pour les décrire "peu légitimes, non crédibles, faibles et fragiles et ne bénéficiant même pas du soutien de la population". Selon lui, il est impossible que l'Algérie, ayant enfanté de grands hommes à l'image de Amirouche, Abane, Benboulaïd, Krim Belkacem, l'Emir Abdelkader, Lotfi ou encore Chabani, ne soit pas une grande nation. C'est dans cette optique qu'il plaide pour des réformes en profondeur, à commencer par une révision constitutionnelle. Mais pas n'importe comment. Cette révision doit faire l'objet d'un large consensus en associant toutes les composantes de la sphère politico-économique ainsi que la société civile avant de la soumettre à un référendum. Dans ce cadre, il expliquera "la non-pérennité", des anciennes Constitutions par l'absence de consensus à l'occasion de leur élaboration. Dans ce cadre, il n'a pas hésité à critiquer le directeur de campagne du Président-candidat pour sa blague contre les Chaouis : "Fini la gestion de l'Etat par les blagues et les insultes", lance-t-il. Dénonçant l'absence de l'alternance, Benflis dira : "Je suis venu pour vous présenter mon projet, je n'ai absolument pas la volonté ni l'ambition de briguer un mandat, puis un autre mandat, puis un autre mandat." L'actuel gouvernement n'a pas non plus été épargné par Benflis qui lui reproche son parti pris pour le Président-candidat : "C'est une honte et un grave dérapage que le gouvernement se transforme en comité. Un ministre doit rester à la hauteur de sa fonction et non pas se rabaisser au point de devenir un comité de soutien au profit d'un candidat." Dans la nouvelle version révisée de la loi fondamentale, "l'opposition sera renforcée, l'époque du roi sera bannie", promet-il. La raison est qu'"en Algérie, celui qui défend le roi est respecté et considéré, ceux qui le contredisent ou divergent avec ses opinions sont humiliés et exclus", ajoute-t-il. Plus précis, il évoquera le cas des partis politiques "détruits parce qu'ils ont osé empiéter la règle du roi". "C'est ça la vie que les Algériens méritent ? Est-ce pour cette Algérie que nos martyrs ont combattu ?", "Non", répondra la salle en chœur. La révision constitutionnelle dont parle Benflis devra se traduire par "un vrai Parlement avec le pouvoir d'exercer pleinement son contrôle sur le gouvernement". "Ce qui se passe aujourd'hui, c'est que le Parlement ne contrôle rien et c'est malheureusement le gouvernement qui garde une mainmise sur le Parlement", a-t-il fait remarquer. Au chapitre de la justice, Benflis soulignera que "les magistrats seront indépendants et fini la justice de nuit, le Président n'aura aucun droit de regard sur les magistrats". La création d'un gouvernement d'union nationale est aussi au programme du candidat, lequel sera ouvert même à ceux qui sont "contre nous, aujourd'hui". N. M. Nom Adresse email