Son programme se veut une alternative à «un règne de statisme et de régression». Debout en face de la salle Aïssat Idir au centre-ville de Skikda, Lamraoui Azeddine 40 ans, et commerçant, semble déconnecté de l'effervescence politique qui règne dans sa ville qui s'apprête à accueillir le candidat du FLN Ali Benflis. «Moi je boycotte les élections car je n'y crois pas et je ne suis pas convaincu par ce qu'avancent tous les candidats à cette élection» dit-il. Azeddine ne cache pas son idéologie d'islamiste qu'il affiche sans complexe par sa barbe et sa tenue. «Abdallah (Djaballah) je le connais très bien, on a été élevé dans la même maison mais je ne vais pas voter pour lui» précise-t-il, avant d'affirmer sa déception «le vrai candidat qui aurait pu faire la différence ils l'ont éliminé». Evidement, Lamraoui fait allusion à Taleb Ibrahimi éliminé de la course électorale par le Conseil constitutionnel. Pourtant face à la désaffection d'Azzedine, l'esplanade de la salle Aïssat Idir était noire de monde, tous âges confondu à attendre Ali Benflis. Avant de rejoindre la ville, le candidat du FLN a fait des haltes prolongées à Collo et à Tamaloust. Prévu à 17h, le meeting a finalement eu lieu une heure et demie plus tard, à 18h 30. Sous les rythmes de Mazouni, les abords de la salle étaient bariolés de banderoles souhaitant la bienvenue à Ali Benflis. «Capacité d'écoute et force du changement», «La force dans l'action et la modération dans le comportement», «Un observatoire national pour le mouvement associatif», lit-on sur les différentes banderoles. Le candidat a été précédé à la salle par Moussa Touati président du FNA, lui aussi recalé dans la course à la présidence par le Conseil constitutionnel. M.Touati, qui a annoncé son soutien à M.Benflis affirme partager les mêmes convictions et converge au niveau du programme avec Ali Benflis. «les élections ne sont pas un référendum», déclare-t-il aux journalistes, en espérant qu'il y ait un deuxième tour pour donner plus de «crédibilité et de punch à cette élection.» La salle s'agite sous les cris «de Benflis président», le candidat est arrivé dans une indescriptible bousculade. «La salle est trop exiguë pour contenir ce monde, il faut un stade», lance un militant chargé de l'ordre complètement dépassé, il a fallu du temps au candidat pour se frayer un chemin et prendre la parole. Auparavant, il a rendu hommage aux victimes de l'explosion qui a eu lieu à la raffinerie de la wilaya, il y a quelques mois. «Après un diagnostic, je suis arrivé à la conclusion que l'Algérie est malade de sa démocratie, de son tissu social et de son économie», lance Benflis avant de demander à l'assistance: «Quelle est la solution dans ce cas?». La réponse fuse : «Ettaghyitre!» (le changement !). M.Benflis enchaîne: «Nous avons donné l'occasion à certains en 1999 (M. Bouteflika) on les a fait président et ils nous ont fait reculer d'une décennie, ils veulent nous écraser.» C'est ainsi que le candidat du FLN s'est lancé dans l'explication de son programme, alternative à «un règne de statisme et de régression». Ali Benflis s'est lancé alors dans une série de critiques à l'égard du président-candidat: «Je n'ai jamais dit que le peuple algérien est fainéant, je n'ai jamais dit que les Kabyles sont des nains.» «Le peuple algérien a enfanté des Boukadoum, des Zirout et autres géants qui nous ont libérés», a-t-il rappelé. Coup sur coup, il énumère alors les dépassements constatés lors du règne de M.Bouteflika. Il cite dans, ce registre la menace d'exclusion dont a fait l'objet le RCD dernièrement, l'invalidation «injuste» du 8e congrès dont a été «victime» son parti, le FLN et le chantage «intolérable» par les impôts et l'administration fiscale que subit actuellement le quotidien Le Matin. «Jusqu'où ira le banditisme politique que subit le pays?», a-t-il dit avant d'appeler les citoyens de Skikda à aller voter pour le changement. «Ne vous taisez pas devant la fraude», a-t-il conseillé. Par ailleurs, Benflis s'est engagé devant les Skikdis à remédier à cet «hégémonisme pharaonique de gestion individuelle.» Aussi s'est-il engagé à ouvrir le champ médiatique aux privés suivant un cahier des charges, à ouvrir sans condition les médias publics à l'opposition, à changer la loi sur les partis politiques et la liberté d'association. Benflis s'est également engagé à mettre l'administration à l'abri des pressions «par l'adoption d'une éthique d'administration» et à «bannir la culture du coup d'Etat». Au plan économique, il a promis de créer annuellement 1500 PME/ PMI et des milliers d'autres entreprises.