La crise franco-marocaine a pris l'allure d'un feuilleton. Dernier accroc en date entre Paris et Rabat dans un contexte déjà tendu. Salaheddine Mezouar, ministre marocain des Affaires étrangères, a subi une "fouille approfondie" lors d'une escale à l'aéroport parisien de Roissy-Charles-de-Gaulle, mercredi 26 mars. Et ce, malgré son passeport diplomatique ! Le porte-parole du Quai d'Orsay, siège du ministère français des AE, Romain Nadal, a reconnu des "erreurs". Insuffisant, a jugé Rabat et au chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, de présenter à son homologue marocain "les excuses des autorités françaises". Le ministre de François Hollande a également demandé aux service compétents du ministère de l'Intérieur et d'Aéroports de Paris que tout soit mis en œuvre pour faire respecter strictement dans les aéroports français les règles et usages diplomatiques s'appliquant aux ministres des Affaires étrangères comme aux chefs d'Etat et de gouvernement ! Cette instruction est tirée par les cheveux car la France n'est tout de même pas un pays bananier ? Ce genre d'incidents est rarissime dans les pays à forte tradition diplomatique, surtout en France où est réservé un accueil protocolaire spécial pour les membres de son club Françafrique et d'autres dirigeants de ses anciennes colonies et gouvernorats. Selon plusieurs médias marocains, Mezouar s'est vu demander de retirer ses chaussures, sa veste et sa ceinture. Bien qu'il ait fait état de son statut et ait présenté son passeport diplomatique, ses effets personnels et sa valise ont également été fouillés. Cet épisode de la crise entre les deux capitales survient dans un contexte déjà tendu entre elles. Le Maroc et la France sont en froid depuis un plus d'un mois à la suite de plaintes en France pour tortures à l'encontre du patron des services secrets marocains, Abdellatif Hammouchi, interpellé dans la résidence de l'ambassadeur marocain à Paris par des policiers. Courroucé, le roi du Maroc a suspendu la coopération judiciaire de son royaume avec la France. Au début de la semaine dernière, Rabat a même annoncé avoir à son tour engagé des poursuites judiciaires en France contre les auteurs (des Franco-Marocains pour la plupart, soutenus par une ONG) de ces plaintes pour tortures. Fin février, des propos blessants pour le Maroc prêtés à un haut diplomate français avaient gélifié les relations entre Paris et Rabat. Tandis que le Maroc attend des gestes forts dont un soutien politique plus ferme et plus engageant dans l'affaire du Sahara occidental, Paris se veut rassurant : "Nous travaillons avec les autorités marocaines pour pleinement rétablir la coopération bilatérale, bonne et confiante." Pour le moment, le bras de fer se poursuit... D. B. Nom Adresse email