En annonçant, en public, que la réussite de la saison touristique dépend de celle du pèlerinage juif à la synagogue de la Ghriba (Jerba), le chef du gouvernement tunisien, Mehdi Jomaâ, ne pouvait pas imaginer que son intervention pouvait déclencher des milliers de commentaires, tant dans les médias classiques que sur facebook. Les avis diffèrent et vont du soutien indéfectible au chef du gouvernement à des critiques acerbes, en particulier de la part des députés dont plus de 80 ont déposé une pétition pour auditionner la ministre du Tourisme et le ministre délégué à la Sécurité pour leur responsabilité dans l'entrée de juifs et, surtout, d'Israéliens en Tunisie. Le gouvernement, soutenu par une bonne partie de l'opinion publique et de nombreux députés du centre et de la gauche, voit en cette convocation une tentative de déstabiliser l'équipe de M. Jomaâ, d'autant plus que cette pétition est l'œuvre des députés islamistes qui, à ce jour, n'auraient pas digéré la sortie de leur parti du gouvernement. À ces derniers, on reproche, essentiellement, leur mutisme quand les gouvernements islamistes de Hamadi Jebali et d'Ali Larayedh avaient autorisé ce pèlerinage juif, voire protégé. Ces faits sont confirmés par le président de la synagogue de Djerba, Perez Trabelsi, qui a appelé l'ANC à mettre fin à cette "mascarade" soutenant que toute tentative d'empêcher le pèlerinage de la Ghriba portera un coup dur à la saison touristique qui s'annonce prometteuse. Mieux que ça, il a affirmé que les Israéliens sont venus en Tunisie sous le règne de Ben Ali et, aussi, du temps où le pays était gouverné par Béji Caïd Essebsi et par la troïka. Quant à la personne, principalement, ciblée par les attaques des députés, la ministre du Tourisme, Mme Kaboul, elle a fait part, vendredi dans une conférence de presse, sa détermination à assurer le succès du pèlerinage juif à la Ghriba en étroite collaboration avec les ministères de l'Intérieur et des Affaires religieuses. Elle a ajouté être prête à aller à l'ANC pour affronter les députés. Pour le député Mongi Rahoui (gauche), les islamistes font de la surenchère et "cette pétition n'émane pas des principes, mais c'est une opération de manipulation". D'autant plus que ces mêmes députés avaient refusé d'inscrire "la criminalisation de la normalisation avec Israël" dans la Constitution. En effet, le but des députés islamistes et de leurs cosignataires de la pétition des partis Wafa et CPR (parti du président Marzouki) ne serait qu'un moyen pour dresser des obstacles sur le chemin du gouvernement de M. Jomaâ, sachant que ceux qui sont aux commandes du tourisme mondial sont des Israéliens ou des pro-Israéliens. Le camp des détracteurs de la ministre du Tourisme s'est renforcé par le parti Ettakattol (parti du président de l'ANC) dont le porte-parole a rejeté l'idée d'accueillir des touristes israéliens en Tunisie. Des informations rapportées par le quotidien Achourouk citant des sources sécuritaires font état d'une cabale menée contre le ministre délégué à la Sécurité pour avoir déterré au moins trois dossiers compromettants. Par ailleurs, selon le service de presse de l'ANC, l'audition des ministres concernés par les députés aurait lieu après l'adoption du projet de loi électorale annoncée pour le 29 avril. M K Nom Adresse email