Plus de trois mois se sont écoulés depuis l'installation de l'Isie. La société civile spécialisée dans l'observation du processus électoral, notamment l'Atide (Association tunisienne pour l'intégrité et la démocratie des élections), s'interroge sur le retard pris pour l'adoption de la loi électorale. L'Atide propose sa contribution dans le cadre d'une collaboration fructueuse pour l'élaboration du calendrier électoral, la location des locaux, le recrutement du personnel, la mise en place des Irie et l'enregistrement des électeurs. Selon Moëz Bouraoui, président de l'Atide, l'Isie aurait dû élaborer un calendrier électoral avec le scénario qu'elle préconise, et ce, dans le but de faire pression sur l'Assemblée nationale constituante afin que cette dernière respecte le délai prescrit par la Constitution aux élections, c'est-à-dire la fin de l'année en cours. Dans le même temps, l'Assemblée nationale constituante examine et vote encore article par article le projet de loi électorale. Mardi dernier, 60 articles ont été votés, alors que 110 sont en attente d'être votés. Cela risque d'être encore long. Il est à rappeler que le président de cette assemblée constituante, Mustapha Ben Jaâfar, avait affirmé que la loi électorale serait adoptée au plus tard à la fin du mois de mars. Evidemment, le délai est largement dépassé. Heureusement, il y a une dizaine de jours, les constituants avaient adopté la loi fondamentale sur l'Instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des lois. Une loi d'une importance capitale, étant donné que cette instance jugeant de la constitutionnalité des lois est une garantie du respect de la Constitution. A noter que 134 députés ont participé au vote et 83 étaient absents. D'autres, parmi les présents, ne se consacrent pas entièrement à leur tâche et se préoccupent de questions qui ne sont pas de leur ressort. En trois jours, trois motions ont été déposées au bureau de l'Assemblée. L'une, signée par 87 députés, a trait à l'audition des ministres du Tourisme et de la Sûreté nationale. Motif : la visite d'Israéliens en Tunisie dans le cadre du pèlerinage des juifs à la Ghriba. La deuxième, avec 77 signataires, veut entendre le Premier ministre sur la situation économique du pays. La troisième réclame l'audition du ministre des Finances et du secrétaire d'Etat chargé des domaines de l'Etat, concernant les biens confisqués. Ce à quoi le Premier ministre a répondu, lors de la réunion préparatoire du Congrès économique national : "Nous œuvrons en vue de faire réussir la saison touristique eu égard aux liquidités financières qu'elle procure, d'autant que tous les professionnels sont unanimes à dire que la réussite de la saison touristique implique celle du pèlerinage de la Ghriba, et c'est pourquoi ces interpellations doivent être marquées du sceau de la responsabilité". Et à Mehdi Jomâa d'ajouter que son gouvernement n'a pas innové car "à chaque saison touristique, la Tunisie ouvre ses portes aux touristes israéliens". De fait et sous tous les gouvernements, y compris ceux de la Troïka, la Ghriba a accueilli tous les juifs sans distinction de nationalité ou de provenance. On rappellera que l'un des députés les plus acharnés sur cette question, Samir Ben Amor, du CPR, était conseiller auprès de la présidence de la République, en mai 2012, lorsque Moncef Marzouki était allé à la rencontre des pèlerins juifs de la Ghriba, dont certains étaient israéliens. Un autre député a mentionné que la Tunisie était tenue par ses engagements envers la Ligue arabe. Faut-il lui rappeler que l'Egypte et la Jordanie ont des relations diplomatiques avec Israël et que le Qatar a, en catimini, une ambassade à Tel-Aviv ? Le député Mongi Rahoui a, lui, dénoncé l'"hypocrisie politique" de ses collègues qui font de la surenchère à propos de la visite de touristes israéliens à Djerba : "Des responsables d'Ennahdha ont, à plusieurs reprises, rencontré des responsables israéliens, notamment à Washington. Ils ont des relations secrètes avec eux. C'est donc une simple manœuvre politique, d'autant que lorsque la Troïka était au pouvoir, les mêmes personnes qui s'indignent aujourd'hui n'avaient pas réagi à l'autorisation accordée aux touristes israéliens par les gouvernements islamistes de venir à Djerba". Et de conclure : "Cette pétition n'émane pas de principes. C'est une opération de manipulation." Dans son adresse aux députés, Mehdi Jomâa leur a demandé d'aider le gouvernement à se concentrer sur les problèmes essentiels et majeurs : "Ne nous mêlez pas à vos conflits politiques." Concernant les problèmes économiques, l'un des députés, Ahmed Brahim, secrétaire général d'Al-Massar, a proposé de réduire le salaire des députés des deux tiers. Histoire de faire comme le président provisoire de la République et des ministres désireux de contribuer à renflouer les caisses de l'Etat. I. O. Nom Adresse email