Faire trempette dans la grande bleue est l'un des rares loisirs auxquels peut encore profiter dans notre pays le citoyen lambda. D'où le rush des estivants enregistré durant la saison estivale. Une virée, en cette fin de deuxième semaine du mois d'août, sur les multiples plages, quasiment toutes vierges, du littoral ouest de la capitale, nous a permis de vérifier de près l'engouement des estivants. Du mythique port "La Madrague" d'Aïn Benian jusqu'à Zéralda, commune de l'extrême ouest d'Alger, la bonne série de plages autorisées s'avère, parfois, trop exiguë pour contenir les nombreux vacanciers qui y affluent sans arrêt. En attestent les bouchons interminables que forment les véhicules, notamment durant les week-ends, tout le long des itinéraires menant vers la côte Ouest. Ce qui, par ailleurs, fait l'affaire des "parkingueurs" qui, en pareille période, se disputent les espaces, même sablonneux, dans toutes les plages. Hormis quelques exceptions, à l'instar de la plage du centre touristique de Zéralda, dont le parking est géré par la direction elle-même, c'est l'UGCTU, Epic de la wilaya d'Alger, qui hérite de la gestion des parkings de la majorité des plages. Le prix de la place est presque partout fixé à 100 DA. Si cette gestion plus ou moins organisée n'est pas faite pour déplaire aux vacanciers se disant "rassurés", encore moins aux agents, permanents et/ou saisonniers, de cette entreprise, les aires de stationnement, presque toutes sablonneuses, délimitées au niveau des plages, ne semblent, toutefois, arranger personne. Des parkings sablonneux L'ensablement des véhicules est le problème majeur auquel font face quotidiennement les usagers. Cela n'est pas moins contraignant pour les agents mobilisés par l'UGCTU qui sont souvent obligés d'user de leurs muscles pour faire sortir du sable les roues des véhicules de leurs clients. "L'ensablement des véhicules nous pénalise lourdement ; les clients avertis ne reviennent même plus à ces deux plages", regrette Djilali Bouasla, chef de parking des plages de la Mutuelle (n°1) et de la Gare routière (n°2) de Zéralda. Selon le même agent de l'UGCTU, cumulant une expérience de 10 ans dans ces mêmes lieux, les rares terrains "praticables" sont permis grâce aux efforts des exploitants des plages ayant cotisé et fait venir un engin pour dégager le sable des espaces réservés pour le stationnement de véhicules. "Chaque saison, c'est la même histoire qui revient. Cette année encore, nous avons saisi, à maintes reprises, les autorités locales, à savoir l'APC, pour mobiliser un engin, mais elles refusent toujours de le faire, pourtant, les rentes des parkings vont dans les caisses du Trésor public. Plus grave encore, certains responsables cherchent même une ‘tchippa' (pot-de-vin) en contrepartie", dénonce ouvertement notre interlocuteur. Plus loin, aux plages Khelloufi 1 et Khelloufi 2, ce problème ne subsiste pourtant presque plus, notamment durant la présente saison. "La situation connaît une nette amélioration", témoigne, en effet, Houes Mohamed, chargé de gérer les parkings des deux plages accueillant jusqu'à 800 véhicules durant une journée de week-end. Si les citoyens sont encore attirés par les plages ensorcelantes de l'ouest de la capitale, il n'en demeure pas moins que des manques sont signalés un peu partout. Manque de commodités Le manque, voire parfois, l'inexistence de l'éclairage, le nombre très limité des sanitaires installés à même les plages et l'absence de commerces domestiques sont les problèmes majeurs auxquels sont toujours confrontés les estivants. Pour la salubrité, notamment les sanitaires, il faut y revenir... Il n'empêche que les estivants sont encore nombreux à s'y hasarder. Ces derniers se consolent, notamment, de la sécurité revenue dans ces lieux lesquels, il n'y a pas si longtemps, étaient livrés à des gangs de "balafrés" et autres parvenus qui y dictaient leurs lois. "Certes, il y a encore des manques, notamment des buvettes et des sanitaires salubres, mais il y a quand même une nette amélioration en ce qui concerne la sécurité et l'accueil que nous réservent les exploitants dans cette plage", se soulage Mohamed, émigré en France, qui fréquente depuis 14 ans la plage de la Mutuelle de Zéralda. Même son de cloche chez un père de famille rencontré à la plage Khelloufi 2, pour lequel la virginité de notre littoral fait aussi sa beauté. La sécurité dans les plages est une tâche que se partagent à la fois les éléments de la Gendarmerie nationale affectés sur les lieux et ceux de la Protection civile qui veillent sur le bien-être des estivants, mais aussi par les exploitants des plages, lesquels veillent également à mettre à l'aise leur clientèle, à même de préserver leur "gagne-pain". À la plage du centre touristique de Zéralda, comme à celles de la Mutuelle, de la Gare routière ou Khelloufi 1 et 2, en effet, les exploitants des espaces proposant des parasols, des tables et des chaises aux estivants se montrent souvent hospitaliers et très courtois devant leurs clients fidèles, tout comme ils ne ratent jamais l'occasion d'en gagner de nouveaux. Le prix du "pack'' parasol, table et chaise varie selon la plage, à savoir entre 500 et 700 DA. Au Centre touristique de Zéralda, le trio de concessionnaires, Meziane C., Rachid B. et Lakhal T., qui cogère la "base" de la plage principale, propose un parasol, une table et quatre chaises plus le ticket pour les sanitaires à 800 DA. À la différence des autres plages de Zéralda dont l'APC a cessé toute concession depuis 2007, pour la simple raison que la saison estivale est écourtée à cause du mois de Ramadhan. Au Centre touristique, les trois "associés" payent quelque 29 millions pour obtenir l'autorisation de gérer, à la fois, "la base", des buvettes et des sanitaires. Malgré cela, les trois exploitants légaux n'échappent pas au "diktat" de certains exploitants "illégaux" qui sévissent sur la même plage. Leur plainte déposée auprès de la direction du centre est restée lettre morte. Pour autant, ces trois anciens fonctionnaires du secteur du tourisme n'ont jamais renoncé à leur réflexe professionnel, qu'est celui de toujours réserver un accueil chaleureux à leurs clients. Pour mettre tout le monde à l'aise, ces vieux routiers ont même jugé utile de séparer, dans "leur plage", les familles des autres estivants, venus en couple ou entre amis. Une stratégie qui semble payante, puisque leurs clients y trouvent bien leur compte. "Franchement, je me sens très à l'aise sur cette plage", témoigne R. Abdelaziz, venu en famille d'Aïn Defla. F. A. Nom Adresse email