Photo : Sahel Par Amar Rafa En ces chaleurs caniculaires, période propice pour les grands départs en vacances, la grande bleue et le soleil, qui exhibe sans retenue ses dards, sont autant d'invitations à l'évasion et au farniente auxquels les aoutiens ne peuvent résister. Si les complexes en bord de mer, où le séjour coûte les yeux de la tête, ou, encore, l'étranger sont les destinations préférées d'une certaine catégorie de nantis, de nouveaux riches qui dépensent sans compter , le commun des Algériens tente de vivoter au gré des aléas quotidiens, et pour lui fréquenter une plage ordinaire, de surcroît dénuée de toutes commodités, relève d'une véritable gymnastique. Loin du cadre estival, les embouteillages que connaissent encore les grandes villes, dont la capitale, renseignent sur la réalité d'une autre catégorie d'Algériens laminés par les vicissitudes de la vie, et pour qui les vacances ne sont que de lointains souvenirs. Palm Beach, Azur Plage et Zéralda, des contrées dont les noms se confondent avec les plages familiales, drainent chaque jour des milliers d'estivants à la recherche de fraîcheur. Ces destinations sont prisées essentiellement par les Algérois à la bourse moyenne, et par les habitants des wilayas limitrophes, car non côtières, à l'instar de Blida, situées à une trentaine de km de la capitale. on fait le trajet en empruntant des transports collectifs, des «karsan», qui desservent la plage à partir de Staoueli. Un moyen qu'empruntent quelques téméraires, en majorité des groupes d'amis, mais rarement des familles qui préfèrent l'attente. Il y a aussi les véhicules personnels qui forment une interminable procession, créant d'énormes bouchons à partir des routes principales. Arrivé au parking de la plage, l'estivant n'est pas au bout de ses peines car il faudra trouver une place de stationnement. Ce qui n'est pas évident dans la plupart des cas. Il est vrai que, moyennant 50 DA, on peut espérer être mieux loti. Car on vous avertit que l'on décline à l'avance tout vol, entendant par là que le tarif appliqué concerne uniquement le prix de la place de stationnement. Garder un œil sur les vêtements et un autre sur la voiture est vivement recommandé. Ce n'est qu'une fois le sable foulé que le citoyen aspire à un peu de repos en guise de compensation. Mais c'est compter toutefois sans les allées et venues d'une multitude de vendeurs de toutes sortes. Ils proposent à la vente du thé encore fumant, des m'hadjebs, en passant par les bouées et les articles de plage, les cerfs-volants. Des services qui gagneraient à être organisés afin d'assurer le repos à l'estivant. Et dire que le client potentiel est «cueilli» à l'entrée par les loueurs de parasols. Des jeunes qui font l'accueil accompagnent le client et l'installent sous un parasol muni d'une table et de quatre chaises. Les commodités de repos du citoyen sont à la portée de tous, toilettes et douches, à condition de payer rubis sur l'ongle. Le tout pour la somme de 650 DA, que certains jugent élevée comparativement aux années précédentes. Les usagers en sont conscients mais osent à peine dénoncer la hausse des tarifs appliqués, sans pour autant rechigner à s'en acquitter en fin de compte. Les prestataires de services, quant à eux, vous indiquent que ces tarifs justifient les prestations offertes, en exhibant une multitude de factures, à commencer par les droits de location, l'achat de matériel et d'équipement, jusqu'au recrutement des saisonniers. Car la gratuité de l'accès aux plages est garantie à tout citoyen par arrêté de la wilaya. Les autorités publiques, qui ne lésinent pas sur les moyens pour encourager le tourisme de masse, n'hésitent pas non plus à intervenir à chaque fois que la nécessité s'impose pour sévir contre les contrevenants. Ce qui eut lieu effectivement à quelques encablures. Des opérations de saisie de matériel (parasols, tables et chaises longues), destiné à l'exploitation sans autorisation des plages, ont été opérées au tout début de la saison estivale. La sécurité des estivants est l'autre souci que se partagent les services de sécurité, notamment la Gendarmerie nationale et la Protection civile, présents sur les lieux en permanence. L'efficacité des dispositifs mis en place chaque été se mesure à la réduction constatée des cas de vols signalés dans les endroits qui accueillent le public. Ils veillent au confort et à la sécurité des estivants et sur les routes à travers l'établissement de plans de circulation. De quoi renforcer le sentiment de sécurité qui faisait défaut, auparavant, chez les estivants. Les maîtres nageurs de la Protection civile, eux aussi, scrutant l'horizon du haut de leurs perchoirs, n'hésitent pas à intervenir au moindre danger encouru par les baigneurs. Leurs rappels à l'ordre sont aussi fréquents à l'endroit des indélicats qui osent s'aventurer au-delà des limites autorisées de baignade. A la satisfaction générale, on constate l'absence des méduses, ces êtres marins qui évoluent avec la pollution marine. Elle est la conséquence d'un retour de la propreté, cette année, qui concourt au bien-être de l'estivant. Rien à voir avec les autres plages qui affichent la pancarte «non autorisée à la baignade» dont le nombre est en nette progression. Ce que tout le monde vous dira en espérant que les mêmes prestations seront généralisées à toutes les plages et régions d'Algérie : élever aux plus hauts standards les prestations fournies aux citoyens. C'est à ce prix que la destination Algérie retrouvera ses lettres de noblesse après des années de grisaille. Car, si les nationaux ne sont pas satisfaits, que dire d'un étranger qui débarque pour la première fois. C'est carrément le dépaysement, car la réalité est différente de celle que renvoient les anciennes cartes postales. C'était la belle époque, que l'on ne revoit que dans les films de l'inspecteur Tahar. Celle des complexes édifiés sur le littoral ouest qui ne désemplissaient pas de touristes étrangers. Ils portent les empreintes des célèbres architectes : Pouillon et les autres. Un patrimoine qui semble perdu à jamais, et avec la culture touristique, qui fait ,plus que tout, défaut au secteur. Un constat terrible pour un pays qui dispose de 1 200 km de côtes merveilleusement belles et étrangement diversifiées.