Une semaine seulement après le début des bombardements des positions de Daech par la coalition créée par les Occidentaux, le Pentagone fait un terrible aveu : "Nous ne pouvons pas bombarder l'EI à l'aveuglette", qui remet en cause la stratégie d'attaque contre l'organisation terroriste. Washington et ses alliés, Occidentaux et Arabes, sont-ils allés vite en besogne en optant particulièrement pour cette option de frappes aériennes pour stopper l'avancée de la horde de Daech, qui menaçait les fondements de l'Etat irakien ? Cela semble bien être le cas à la lecture de la déclaration d'un haut responsable du Pentagone, dans laquelle il a reconnu que l'armée américaine ne peut pas bombarder l'organisation Etat islamique (EI) "à l'aveuglette", tout en appelant à faire preuve de "patience stratégique" pour venir à bout des combattants jihadistes de Daech. En effet, un porte-parole du Pentagone, en l'occurrence le contre-amiral John Kirby, a déclaré devant la presse : "Personne n'a dit que ce serait facile ou rapide, et personne ne devrait se laisser bercer par la fausse illusion de sécurité que ces frappes aériennes ciblées peuvent apporter." Plus catégorique, il a insisté : "Nous ne bombarderons pas, nous ne pouvons pas bombarder (l'EI) à l'aveuglette." Ainsi, une semaine seulement après le début des frappes de l'aviation de la coalition contre l'organisation Daech en Syrie et en Irak, les hauts stratèges militaires US semblent remettre en cause cette manière d'opérer des coalisés. En outre, le contre-amiral John Kirby a critiqué la couverture de ces frappes par certains médias et les attentes non réalistes sur la campagne aérienne menée par les Etats-Unis et leurs alliés en Syrie et en Irak. Par ailleurs, il a tenu à rappeler que les commandants de l'armée américaine ont été clairs, dès le départ, sur le fait que des frappes aériennes seules ne suffiraient pas, mais que des efforts à long terme seraient nécessaires pour entraîner et former les rebelles syriens "modérés" et pour renforcer l'armée irakienne. "Bien que nous partagions le sentiment d'urgence de la situation face à ce groupe, nous devons aussi partager un sentiment de patience stratégique", a suggéré le haut responsable militaire US, qui a expliqué que les combattants de Daech ne se déplacent désormais plus en larges groupes, mais se "dispersent" pour éviter d'être frappés depuis les airs. John Kirby a, toutefois, reconnu que l'organisation constituait toujours une menace et que, dans certains cas, elle avait même pris de nouveaux territoires. Il a également indiqué que des frappes aériennes efficaces ne signifient pas que les jihadistes "n'essaient plus ou, dans certains cas, ne réussissent pas à prendre du terrain". "Nous avons été très honnêtes sur le fait que la voie militaire seule ne parviendrait pas à venir à bout (des jihadistes), mais cela ne doit pas être pris comme un aveu d'inefficacité", a-t-il notamment souligné. Le porte-parole du Pentagone a déclaré que "l'un des moyens par lesquels nous savons que (les frappes aériennes) ont eu un effet est que précisément les terroristes ont dû changer leurs tactiques, leurs communications et leur commandement". Cela dit, les Etats-Unis ont annoncé avoir conduit, pour les seules journées de lundi et mardi, 22 frappes aériennes contre le groupe EI en Syrie et en Irak. Les raids aériens ont touché des raffineries de pétrole contrôlées par les jihadistes, des chars d'assaut, de l'artillerie, des bâtiments et autres cibles, mais les militants continuent de gagner du terrain dans certaines régions, notamment près de la frontière turque.