La revendication signée “Armée de la Palestine”, une organisation inconnue jusque-là, n'a convaincu personne. Un doigt accusateur est pointé vers le réseau Al-Qaïda. L'Occident ne sait plus à quel saint se vouer pour neutraliser l'organisation mise en place par Oussama Ben Laden. Les attaques contre les intérêts occidentaux se multiplient à travers le monde. Les indices recueillis après chaque attentat sont très révélateurs sur la capacité d'action des auteurs. C'est pour cette raison que les observateurs n'accordent aucun crédit à la revendication émanant de l'illustre inconnue qu'est “l'Armée de la Palestine”, qualifiée de tentative de camouflage. D'ailleurs, de Berlin, Nabil Chaâth, le ministre palestinien, a exclu la possibilité de l'implication d'une quelconque organisation de son pays. Des religieux musulmans radicaux à l'image de cheikh Omar Bakri ont désigné Al-Qaïda comme probable auteur du double attentat. “Nous avons de fortes raisons de penser qu'Al-Qaïda est derrière en raison de ce qui s'est passé avant au Kenya et en Tanzanie et de l'enchaînement entre les deux opérations”, a déclaré à la BBC le dignitaire musulman, dirigeant du groupe radical Al Mouhadjiroun. Le vice-président Esemyen Musalia Mudayadi penche également vers la même conclusion en affirmant : “On ne peut écarter une implication de la nébuleuse terroriste liée à Oussama Ben Laden.” Il a rappelé les attentats contre les ambassades américaines à Naïrobi et Dar-Essalem en 1998, attribués à ce groupe. Les Américains n'écartent pas la responsabilité d'Al-Qaïda dans les deux attentats de jeudi à Mombasa, mais désignent comme exécuteur des opérations un groupe islamiste somalien. Il s'agit d'Al-Ittihad Al-Islami, qui serait derrière les attentats à la bombe à Addis-Abeba (Ethiopie) en 1996 et 1997. Cette formation vise, selon les services de renseignements américains, à instaurer un strict régime islamiste en Somalie. Elle serait composée de 2000 hommes entraînés en Afghanistan et armés par le Soudan, d'après un rapport du département d'Etat américain sur le terrorisme. Malgré toutes ces indications, les Américains ne s'avancent pas trop sur l'identité des auteurs du double attentat. Ils estiment qu'il est encore trop tôt pour se prononcer car les indices en leur possession ne le permettent pas. Leurs enquêteurs accompagnés de leurs homologues israéliens sont sur les lieux des attentats, plus particulièrement les décombres du Paradise Monbasa Hotel, pour tenter de trouver plus d'éléments. Pour l'instant, outre les deux lance-missiles découverts par la police kényane pas loin de l'aéroport de Mombasa, six autres missiles ont été trouvés sur les lieux vendredi. Il semblerait que le gouvernement australien a eu des informations sur ce double attentat et a recommandé à ses ressortissants d'éviter la destination. En Israël, après l'enterrement des victimes vendredi, l'heure est à la vengeance, comme l'a crié sur tous les toits Ariel Sharon. Le gouvernement a mis en garde ses ressortissants contre “le danger d'attaques terroristes”, notamment concernant le Kenya, l'Afrique du Sud, l'Ethiopie, l'Erythrée et l'Egypte. K. A.