La chasse aux terroristes

Kabylie :

La recrudescence des actes terroristes dans la région a fait bouger le commandement de l’armée. L’heure est à la traque des terroristes.
Le grand massif de l’Akfadou ainsi que les monts de Beni-K’sila et de Toudja font l’objet, depuis samedi dernier, d’une opération de ratissage de très grande envergure par les forces combinées de l’armée, de la gendarmerie et de la garde communale. En effet, d’impressionnants convois de camions militaires acheminant des soldats et la logistique indispensable à ce genre d’opération se sont dirigés vers Adekar pour prendre position en des points stratégiques.
Principal objectif : couper toutes les voies de retraite qu’empruntent habituellement les terroristes islamistes. Sur place, tous les grands carrefours sont gardés par les soldats de l’ANP, secondés par des gendarmes et des éléments de la garde communale. Les pistes forestières et agricoles qui mènent vers le mont Ivarissen, qui surplombe la ville d’El-Kseur, Toudja et la vaste forêt d’Akfadou sont également surveillées par le même dispositif appuyé par des véhicules blindés.
 Plusieurs cantonnements militaires ont été établis à la sortie de la ville d’El-Kseur jusqu’aux confins de la wilaya de Tizi Ouzou sur l’axe routier de la RN 24 et sur les routes secondaires qui s’enfoncent dans les massifs boisés de Timeri-Moussa, Aït Abdelmoumène, Assif Ikhetaben et Tala Hamdane afin d’opérer le bouclage et le maillage de la région. L’opération est donc enclenchée puisque plusieurs habitants rencontrés sur les lieux nous ont affirmé avoir vu, samedi matin, des hélicoptères de combat pilonner le versant nord du mont Ivarissen. D’autant plus que plusieurs sections armées dirigées par des officiers sont à pied d’œuvre. Sur la route qui mène d’Adekar à Djebla, chef-lieu de commune de Beni-K’sila, non loin du lieu où a eu lieu le massacre de 10 militaires, mercredi dernier, des soldats ratissent les alentours des maquis et des oueds.
   Pour autant, malgré le gigantesque dispositif déployé sur place, les habitants vaquent normalement à leurs occupations. Certains nous ont affirmé que les militaires étaient très corrects et qu’ils veillaient à respecter “l’intimité� des villages près desquels ils sont stationnés. Tout spécialement les fontaines, lieux habituellement fréquentées par les femmes. “Même pour acheter des cigarettes, ils envoient des gosses et ils demandent la permission de remplir leurs jerricans à la fontaine�, nous dira un vieux commerçant.
 Après avoir connu la fièvre terroriste à l’instar de toutes les régions montagneuses, le massif d’Akfadou a connu une relative accalmie de 1994 jusqu’à tout dernièrement. Une série d’attentats a ébranlé la sérénité des villages et installé l’inquiétude. Des banques et des postes ont été dévalisées, des stations d’essence et des pharmacies ont été braquées en plein jour, il y a de cela quelques mois. Du fait divers par rapport à ce qui attendait les forces antiterroristes, car à quelques semaines d’intervalle, un convoi de gendarmes est attaqué à Tighremt et un convoi des forces combinées de l’armée et de la gendarmerie fait l’objet d’une embuscade meurtrière à Oued Dass. Sept gendarmes sont tués dans le premier attentat et dix soldats de l’ANP ont péri dans le second. Les terroristes étaient en nombre très important et disposaient d’armes lourdes. Tout porte à croire que l’armée a donc décidé de frapper un grand coup afin de nettoyer complètement la région des poches terroristes qui l’infestent. C’est le général Saïd Bey, en charge de la 5e Région militaire, qui aurait pris les commandes des opérations, selon des indiscrétions. “Nous les voulons morts ou vifs !�, aurait-il juré à ses hommes. La chasse ne fait que commencer apparemment.
D. A.