Pour le premier responsable du sport, l'objectif de cinq médailles olympiques “n'était pas réaliste”. C'est un ministre “déçu”, mais nullement surpris qui a analysé, hier, pour Liberté les résultats de la participation algérienne aux Jeux olympiques d'Athènes qui ont pris fin hier. “Comme tous les citoyens de ce pays, je ne peux qu'être déçu par les prestations de nos athlètes, mais soyons réalistes ! Moi, personnellement, je m'y attendais, je ne me suis pas fait d'illusions sur nos chances de médailles car nous ne disposions pas de bonnes cartes à jouer dans cette compétition d'un niveau très relevé. Cela s'explique par plusieurs facteurs que nous aurons à examiner objectivement et, croyez-moi, je prendrai les décisions qui s'imposent.” À ce propos, le ministre promet déjà de situer les responsabilités de cette débâcle que ce soit au niveau de son département, chez les fédérations et, bien sûr, l'encadrement technique. D'emblée, le ministre réfute catégoriquement l'argument commode d'absence de moyens mis à la disposition des athlètes. “Je tiens à dire que l'Etat a mis tous les moyens pour assurer une bonne préparation à la délégation. J'aurai l'occasion de détailler les subventions allouées à chaque fédération ainsi que le nombre de stages financés, notamment ceux effectués à l'étranger, qui se chiffrent en milliards”. Pour étayer ses propos, le ministre de la Jeunesse et des Sports fait une comparaison avec un pays comme Cuba qui a dépensé nettement moins que l'Algérie, mais qui a fait une bonne moisson de médailles. “Avec un budget moyen de six millions de dollars, Cuba a su tirer son épingle des Jeux. Jugez-en : ce pays a récolté 27 médailles dont 9 en or. L'Algérie avec des moyens nettement plus consistants n'en a gagné aucune. C'est dire que l'argument des moyens ne tient pas du tout la route”, martèle encore le ministre. Pour lui, les raisons sont à chercher ailleurs… “Je crois que l'échec doit être d'abord imputé à l'organisation générale, à la qualité de l'encadrement technique et à la pertinence des choix des athlètes qui ont été faits par les dirigeants des fédérations. Je vous cite, à ce titre, l'exemple de la Suède qui a aligné seulement 12 compétiteurs et qui, à l'arrivée, à raflé sept médailles. Donc ce n'est point un problème d'argent, mais une question de méthode d'entraînement et de préparation qu'il faut, aujourd'hui, certainement revoir. De cette chaîne de responsabilités, M. Ziari exempte les athlètes, car, selon lui, “les résultats dépendent avant tout du volume et de la qualité de la préparation. Je ne connais pas d'athlètes qui ne veuille pas se transcender à l'occasion des Jeux aussi prestigieux, mais on ne peut raisonnablement attendre invariablement des miracles.” Le ministre qui ne veut visiblement pas cacher le soleil avec un tamis, reconnaît que l'on fait encore dans le populisme quand il s'agit de choisir les athlètes qui vont représenter le pays, quitte à dépenser de grosses sommes d'argent pour zéro médailles. “Je suis tout à fait d'accord avec vous que l'on a peut-être fait dans le populisme en privilégiant la quantité sur la qualité. Or, il va falloir à l'avenir canaliser les moyens financiers de telle sorte à ce qu'ils profitent prioritairement aux athlètes capables de nous valoir des satisfactions”. Il est vrai que le “palmarès vierge” de la délégation algérienne est sans commune mesure avec sa “taille”, puisque pas moins de 69 athlètes ont pris part à ces joutes olympiques et dont la majorité à été balayée dès le premier tour. Pourtant, le président du Comité olympique algérien (COA), Mustapha Berraf a placé la barre très haut à la veille des Jeux en tablant sur une moisson d'“au moins cinq médailles”. Un pronostic qui semble être une gageure aux yeux du ministre qui a ironisé : “M. Berraf a sans doute fait cette déclaration juste pour pousser les athlètes à aller de l'avant, histoire de remonter le moral des troupes.” H. M. et S. B.