Le ministre de l'Intérieur a, cependant, affirmé que l'intérêt d'El-Para, abordé sous son aspect de la lutte contre le terrorisme, n'est plus vraiment le même. Le ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, a affirmé, hier, que le gouvernement algérien était toujours en contact avec son homologue du Tchad en vue d'obtenir l'extradition du chef du GSPC, Abderrezak El-Para, pris en otage avec son groupe, depuis mars 2004, par les rebelles du Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT) dans la région du Tibesti. “Vous comprendrez qu'en raison de l'importance et de la complexité de cette affaire, je ne puis divulguer trop d'informations ; en tout cas, nous sommes toujours en contact avec le gouvernement tchadien. Pour nous, l'intérêt d'El-Para, abordé sous son aspect de lutte antiterroriste, n'est plus vraiment le même puisqu'il a quitté le territoire national depuis une année”, a déclaré le ministre, au cours d'un point de presse tenu au terme de l'installation du nouveau wali d'Alger, Addou Mohamed Kebir. Indirectement, il a réexprimé la gêne des autorités algériennes à négocier avec le mouvement rebelle, en guerre contre le régime en place à N'djamena, représentant officiel et légal de la République du Tchad, au moment où le porte-parole de la rébellion faisait part de son exaspération devant la longévité sans doute inattendue de la captivité du chef terroriste. Les efforts de ce porte-parole, basé à Paris, ont pour but d'amener les Etats intéressés par El-Para, comme l'Allemagne – dont des ressortissants avaient été enlevés l'an dernier dans le Sud, près d'Illizi plus précisément, avant d'être relâchés au prix d'une rançon d'une valeur tenue inconnue – et l'Algérie, à reconnaître son organisation guerrière clandestine et illégale. “Les P/APC devraient être plus responsables” Dans le registre du code communal, le ministre de l'Intérieur s'est montré un tantinet malicieux. Il a, en effet, fièrement indiqué que le code était prêt depuis 2002, “nous l'avons soumis au Chef du gouvernement de l'époque (Ali Benflis, ndlr) mais, faute de calendrier, nous a-t-on dit, il n'a jamais pu parvenir en Conseil des ministres”. La nouvelle réglementation prévoit d'affermir les devoirs des présidents des Assemblées communales. “Nous voulons, globalement, préciser davantage les relations entre les P/APC et les services généraux des communes ainsi que leurs relations avec la tutelle, a-t-il souligné. Nous imposerons, par ailleurs, aux Assemblées locales plus d'ouverture vers la société, notamment le mouvement associatif et les différents comités de citoyens”. Une nouvelle loi devrait d'ailleurs être adoptée prochainement et concernera justement le système d'agrément, “qui doit être plus sérieux”. Il existe, aujourd'hui, entre 12 000 et 15 000 associations nationales, et près de 60 000 associations locales. Le gouvernement, selon Zerhouni, entend bien réhabiliter la fonction d'élu : “La responsabilité personnelle du président d'APC sera précisée, s'il prend des décisions contraires aux recommandations et aux indications des services techniques, il sera civilement et pénalement responsable ; beaucoup ont engagé l'Etat dans des opérations sans n'avoir jamais rendu de compte.” “Le business des terrains et des locaux commerciaux” évoqués – dans un autre contexte – par le représentant du gouvernement n'y est pas tellement étranger. Il n'est pas surprenant s'il y a encore entre 60 000 et 80 000 constructions illicites à Alger. De manière générale, M. Zerhouni a quelque peu révélé le fil conducteur de la politique de gestion du président de la République. Celle-ci s'articule essentiellement autour de trois axes : “Consacrer la stabilité et la paix, clef de tout développement véritable et durable afin de favoriser le respect des mandats et des institutions et, du coup, évaluer les responsabilités à tous les niveaux ; adopter un plan de relance économique ; redonner la priorité au développement local.” “Le port d'Alger pose un problème sérieux !” Lors de la visite, en juillet dernier, du ministre des Transports, Mohamed Maghlaoui, au port d'Alger, le directeur général de l'Entreprise portuaire, M. Farah, avait tiré la sonnette d'alarme à propos de l'occupation illégale des plateformes. Selon ses déclarations, pas moins de 75% de la surface portuaire sont occupés par des indus. Hier, le ministre a confirmé que cet établissement posait un problème sérieux. “Il y a des personnes qui stockent leur marchandise au-delà des délais, d'autres n'ont même rien à voir avec l'activité du port. Nous sommes en train d'étudier le dossier, nous ferons en sorte que le port retrouve ses activités principales et son image de surface strictement maritime”, a-t-il promis. “Le métro opérationnel dans moins de deux ans et demi” À en croire le ministre de l'Intérieur, le métro d'Alger sera opérationnel dès le début 2007. “Nous allons revoir les modalités de réalisation des infrastructures et même les critères de sélection des maîtres d'œuvre. Je peux affirmer que le métro sera opérationnel dans moins de deux ans et demi”, a certifié le ministre. Il a également annoncé la prochaine ouverture de la ligne de tramway entre Alger-Centre et Aïn Taya (banlieue Est), “une ligne qui concernera près de 500 000 habitants.” Aussi, les abattoirs de la capitale seront-ils bientôt transférés à Birtouta, à mi-chemin entre Alger et Blida. Sur un autre plan, des mesures pourraient rapidement être prises en vue d'améliorer l'hygiène et la propreté, notamment à l'intérieur des immeubles. Près de 350 véhicules et camions neufs sont mis à la disposition de la wilaya. “Une épreuve surmontée, une catastrophe évitée” M. Zerhouni s'est félicité des dispositions prises pour faire face au séisme du 21 mai 2003. Depuis, a-t-il signifié, plus de 2 000 familles ont été définitivement relogées, alors que 7 500 le sont à titre provisoire. Près de 94 000 logements, 615 établissements scolaires et 130 mosquées ont été restaurées. “Nos efforts sont exceptionnels”, s'est enorgueilli le ministre d'Etat. Il a, par ailleurs, révélé que la capitale a évité, durant l'été 2002, une catastrophe naturelle, “il y avait risque d'assèchement des réserves ; nous avons dû creuser 85 forages et en restaurer 20 autres. Aujourd'hui, 37 APC ont de l'eau quotidiennement, 20 en reçoivent un jour sur deux ou trois.” “Les policiers ne savaient même pas utiliser le sifflet !” Non, le ministre de l'Intérieur n'a pas montré de grief à l'encontre des services de sécurité. Il a simplement indiqué que, pour les besoins du terrorisme, la police et la gendarmerie ont recruté sans avoir eu le temps de former convenablement leurs éléments. “La formation durait 45 jours au lieu de douze mois. Résultat : il se trouvait que des policiers de l'ordre public ne savaient même pas utiliser le sifflet ni ne connaissaient le code de la route”, a-t-il plaisanté. Depuis 1998, on en a recruté quatre ou cinq fois plus, d'après lui. (Autre) résultat : “Les actes criminels durant les six premiers mois de 2004 ont enregistré une baisse par rapport aux six premiers mois de 2003.” Le nouveau wali d'Alger installé dans ses fonctions Le nouveau wali d'Alger, Addou Mohamed Kebir, a été installé, hier, dans ses nouvelles fonctions par le ministre de l'Intérieur. Au cours des quatre dernières années, Alger a englouti 250 milliards de dinars dans près de 1 600 projets. M. Addou devra à son tour nommer prochainement les sept walis délégués, dont quatre sont issus de l'Ecole nationale d'administration. L. B.