Ces commerçants, à travers leurs organisations corporatistes, interpellent régulièrement l'Etat qui, en dehors des opérations coup-de-poing et des descentes policières inopinées, n'a pas de stratégie pour lutter contre l'informel. Les remous qu'a connus ces derniers jours la ville de Ghardaïa n'ont rien de singulier, car ils auraient pu se produire dans n'importe quelle autre région du pays. Les heurts entre forces de l'ordre et commerçants de la ville sont la conséquence inévitable de la situation kafkaïenne que connaît le marché. Pendant des années, les autorités, occupées à traquer le terrorisme, ont laissé prospérer les activités informelles. Choix de priorité ou laxisme de la part des pouvoirs publics, toujours est-il que la situation est là pour leur exploser à la figure aujourd'hui. Ce marché informel a pris de telles proportions qu'il est devenu à présent une menace. D'abord pour l'Etat, qui perd des milliards de dinars, mais aussi pour tous ces commerçants déclarés qui paient donc leurs impôts, et qui ne peuvent plus tenir face à une concurrence déloyale, faisant fi des règles du marché. Ces commerçants, à travers leurs organisations corporatistes, interpellent régulièrement l'Etat qui, en dehors des opérations coup-de-poing et des descentes policières inopinées, n'a pas de stratégie pour lutter contre l'informel. Car, c'est une véritable stratégie qu'il faut. Réduits à survivre, les commerçants régulièrement déclarés aux impôts ont dû avoir recours à toute sorte d'expédients comme, par exemple, la vente sans facture, une pratique à ciel ouvert. Et c'est là que l'on ne comprend pas ce qui a poussé les services de police à décider, presque sur un coup de tête, à faire respecter la loi à Ghardaïa, connue pour être le royaume de la quincaillerie dans le pays et pas ailleurs. Ce qui pouvait expliquer sans le justifier la réaction des commerçants interpellés. Ces incidents regrettables au demeurant, le FFS et la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH) les ont dénoncés. Quant au wali qui croit voir dans ces regrettables incidents une manipulation, il devrait faire un effort de sagacité pour comprendre qu'au-delà de la prétendue manipulation, il y a problème, il y a danger : celui du marché parallèle qui exige une stratégie de lutte à l'échelle nationale. Faute de quoi, aujourd'hui, c'est Ghardaïa, demain, ce sera une autre ville du pays où l'on pourrait assister carrément à des corps à corps entre commerçants déclarés et marchands à la sauvette. L'alarme est donc tirée. Un Etat averti en vaut deux. N. S.