Les vingt-neuf personnes arrêtées le 31 octobre 2004, sous le chef d'inculpation d'attroupements et troubles à l'ordre public, ont été jugées, dimanche dernier, au tribunal d'El-Tarf. Après une plaidoirie, qui a duré plusieurs heures, le juge a prononcé l'acquittement de tous les mis en cause. À l'annonce du verdict, la salle, qui avait accueilli dès l'ouverture des portes du tribunal, une foule compacte venue de divers horizons pour assister au jugement, a vibré sous les applaudissements et les youyous stridents des femmes, qui heureuses de retrouver un proche, un fils, un ami après une semaine d'incarcération que tout le monde juge injuste. Les avocats, qui se sont ralliés à la barre, ont détruit tous les éléments des chefs d'inculpation. Youyous et applaudissements de l'assistance ont une portée lourde de signification “triomphe de la justice qui n'obéit plus aux ordres”. “L'instrumentation de la justice est une période révolue”, aucun élément de l'article 97 du Code pénal relatif à l'attroupement armé ou non armé ne figure dans ce dossier, devait dire un avocat des inculpés. “Que les forces occultes comprennent que la justice compte, aujourd'hui, des hommes intègres et compétents”, ajoutera-t-il. Notons que la partie civile était absente lors de ce procès. Les personnes interpellées et incarcérées ont été prises au pif puisque l'on dénombre parmi elles, des citoyens qui n'ont rien à voir avec la liste contestée des bénéficiaires de logements publiée deux fois dans des journaux, une liste comportant en tout cas des irrégularités. Les personnes mises en prison à la veille du 1er novembre sont pour la plupart des voyageurs de passage, des militaires venus en permission, des parents sortis ce soir-là pour accueillir un parent revenant de La Mecque après avoir accompli les rites habituels de la Omra, des jeunes vendeurs de cacahuètes, de cigarettes ou tout simplement des badauds. Le moins qu'on puisse dire c'est que certaines sphères malintentionnées ont tout simplement voulu politiser un banal chuchotement à la veille du 1er novembre libérateur. Des dégâts on n'en a pas vus. Aucun rapport dans ce sens n'a été d'ailleurs versé dans le dossier. Un avocat de renommée, ayant le verbe facile, devait dire que la population d'El-Tarf a été toujours hospitalière et ne s'est jamais distinguée par les contestations. L'on se demande comment peut-elle l'être à la veille d'un événement comme celui du 1er Novembre. T. B.