“Une reprise des négociations est possible après Yasser Arafat avec une nouvelle direction palestinienne responsable”, a déclaré jeudi le Premier ministre israélien Ariel Sharon, à la radio publique israélienne. “Si, après la fin de l'ère Arafat émerge une autre direction sérieuse, responsable, qui remplisse ses engagements conformément à la Feuille de route [...], les conditions seront réunies pour coordonner avec cette direction différentes options et même rétablir avec elle, les négociations politiques”, a ajouté Sharon. Il a laissé entendre par cette déclaration que le plan de retrait unilatéral de la bande de Gaza qu'il entend mettre en œuvre d'ici à 2005 pourrait se faire en concertation avec la nouvelle direction palestinienne. Il a énuméré comme suit les engagements que les Palestiniens, selon lui, doivent remplir conformément à la “Feuille de route”, le dernier plan de paix international : “l'arrêt du terrorisme, des violences et de l'incitation à la violence, le démantèlement des organisations terroristes et la mise en œuvre de réformes” au sein de l'Autorité palestinienne. L'armée israélienne a interdit à tous les Palestiniens l'accès du territoire israélien jusqu'à nouvel ordre sitôt la mort du président de l'autorité palestinienne officialisée. Les Palestiniens de la bande de Gaza ne pouvaient pas non plus se rendre à Ramallah, en Cisjordanie, pour participer aux funérailles de Yasser Arafat à l'exception des personnalités palestiniennes importantes. La police israélienne a déployé des renforts à Jérusalem-est pour éviter d'éventuels débordements durant l'enterrement, qui doit coïncider avec la dernière prière du vendredi du mois sacré du ramadan à laquelle participent des dizaines de milliers de fidèles sur l'esplanade des Mosquées. En Israël, certains se sont réjouis ouvertement de la mort de Yasser Arafat, d'autres n'en attendent aucun changement ou laissent poindre leur inquiétude. Mais, dans les quartiers juifs de Jérusalem, nul ne pleure la mort d'Arafat. “J'ai été ravi d'apprendre qu'il est mort, ce tricheur qui nous avait fait croire à la paix mais a continué à être un chef terroriste”, confie un cafetier de la station centrale des bus, Shimon Ben Ezra, 66 ans. Il en veut particulièrement à Arafat pour avoir “perdu son poste dans un hôtel de Jérusalem" suite à la crise du tourisme en Israël, après le déclenchement du soulèvement palestinien en septembre 2000. Un chauffeur de taxi, Yoram Abergel, 35 ans, ne cache pas sa joie. “Bon débarras ! Je suis très content que ce dictateur qui a tué tant de juifs ait disparu”, affirme t-il. Même son de cloche au marché central de Jérusalem-ouest. Pour Alexandre, un jeune soldat, fusil automatique en bandoulière, “Arafat était vraiment trop extrémiste, trop obstiné”. “J'espère que ça se passera mieux avec son successeur”, dit-il. Seule une jeune serveuse de café, Ortal Maman, 20 ans, exprime des regrets mais presque avec honte. R. I.A