Ils ont été présentés, hier, au parquet et ont reçu des convocations pour une citation directe devant le tribunal. Quatre Koweitiens braconniers dont l'âge oscille entre 33 et 48 ans ont été arrêtés, hier, par les éléments de la gendarmerie nationale, dans la daïra de Labadla à 90 km de la wilaya de Béchar. Motif ? La chasse à l'outarde pourtant déclarée illégale depuis une année par un décret présidentiel. Officiellement venus faire du tourisme, ces individus qui séjournent dans la région, selon notre correspondant Rachid Roukbi, depuis quatre années, s'adonnaient en cachette à leur sport favori, à savoir la chasse de cette espèce très rare. Ces invités très spéciaux ont été présentés, hier, au parquet et ont reçu des convocations pour une citation directe devant le tribunal. Le fait que ce phénomène d'extermination de cette espèce reprenne, aujourd'hui, est tout de même curieux, quand on sait que les pouvoirs publics furent contraints, l'année dernière, de promulguer un décret interdisant formellement la pratique de ce type de chasse. Comment donc ces Koweitiens ont pu écumer, quatre ans durant, le sud algérien et, sans doute, massacrer des dizaines d'outardes sans que les autorités locale et centrale ne s'en rendent compte. Le mystère est entier, d'autant plus que la presse nationale a largement tiré la sonnette d'alarme depuis quelques années sur la dangerosité de ce loisir de nos amis du Golfe. Les pouvoirs publics ont, certes, mis du temps avant de consentir à fermer la chasse aux braconniers, histoire sans doute, de faire plaisir à quelques émirs en mal d'évasion. Mais rien ne justifie, à présent, la persistance d'un tel phénomène une année après la promulgation du texte législatif interdisant formellement le braconnage. Pis, même l'assassinat de l'émir saoudien, Talal Abdelaziz Al Rachid, à Messaâd, dans la région de Djelfa, il y a tout juste une année, ne semble pas avoir inhibé les ressortissants des pays du Golfe à courir derrière les outardes et les gazelles du sud algérien. On pensait pourtant que ce malheureux événement allait servir d'avertissement à tous les étrangers —les arabes notamment— qui seraient tentés par le crochet saharien. Rien n'y fit. Pas même après la vague de dénonciation des habitants de la région et les alertes données par les associations de protection de l'environnement et des espèces rares. En l'occurrence, l'arrestation, hier, des quatre Koweitiens en flagrant délit prouve, si besoin est, que ce phénomène demeure endémique et que les lois, fussent-elles sévères, ne peuvent, à elles seules, endiguer une pratique qui, pour avoir bénéficié pendant longtemps de la bienveillance, voire de la complicité des autorités, n'est pas facile à éradiquer. Il faut savoir, en effet, qu'avant le fameux décret de 2003, le dispositif législatif algérien interdisait déjà la pratique du braconnage. Le décret présidentiel n°83-509 du 20 août 1993 relatif à la protection des espèces animales non domestiques, pour ne citer que celui-ci, ferme déjà la chasse aux braconniers. Plus grave encore, la chasse de l'outarde tombe sous le coup de la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction que le gouvernement algérien a signé en 1983. Force est de constater que, malgré ce “baraudage” législatif, les braconniers continuent à fouler aux pieds les lois algériennes sous le nez et la barbe des autorités, juste pour satisfaire leur ego. En tout état de cause, l'arrestation des quatre koweitiens relancera, à coup sûr, l'interminable feuilleton du braconnage. Du “terrorisme faunistique” de nos touristes. H. M.