Pour l'instant, l'Exécutif est resté insensible aux effets de ce choc pétrolier. La baisse des prix du pétrole aura pour conséquence indéniablement une baisse des recettes tirées des exportations de gaz et de pétrole. En ce sens, un spécialiste des marchés pétroliers, responsable à Sonatrach, a confié que l'Algérie perd 600 millions de dollars par baril, suite à la chute des prix du pétrole. "La baisse des cours du pétrole se poursuivra tout au long de l'année 2015", a-t-il ajouté. Dans le scénario où le baril algérien s'établirait en moyenne à 70 dollars en 2015, soit une perte de 30 dollars par baril, l'Algérie risque alors d'enregistrer une perte de 18 milliards de dollars sur l'année, soit 50 millions de dollars par jour. Les recettes tirées des exportations de pétrole et de gaz pourraient alors s'établir autour de 40 milliards de dollars en 2015 sur la base d'un prix moyen de 70 dollars, contre 60 milliards de dollars prévus officiellement en 2014 avec un prix moyen du baril de 100 dollars l'année en cours (63 milliards de dollars en 2013). Il convient de rappeler ici que les recettes pétrolières équivalent aux prix par les volumes. Or ni les prix ni les volumes ne sont au rendez-vous. Sonatrach s'attend à une stagnation de la production des hydrocarbures en quantité en 2014, selon un responsable de la compagnie pétrolière nationale. La production d'hydrocarbures sera en légère croissance en 2015. Donc les volumes exportés n'auront aucune influence significative sur la baisse de nos recettes exportations. Or 50 millions de dollars/jour correspondent à la construction de plus de 2000 logements sociaux, la création de plus de 2000 emplois pour les jeunes. Sur l'année, 18 milliards de dollars, c'est environ 700 000 logements et 700 000 emplois pour les jeunes. De quoi résorber en grande partie la crise du logement et le chômage des jeunes. Dans ce scénario, la chute des prix du pétrole induira un déficit de notre balance des paiements favorisé par un solde négatif important de notre balance du compte courant. En d'autres termes, on aura des importations entre marchandises et services de 75 milliards de dollars et des exportations globales entre 40 et 50 milliards de dollars. Pour le budget, le fonds de régulation sera appelé à la rescousse pour effacer le déficit. On puisera de manière plus importante dans la caisse de régulation qui, initialement, était destinée non seulement à faire face aux chocs extérieurs mais également à constituer une épargne pour les générations futures. Si cette chute du pétrole se poursuit au-delà du premier semestre 2015, on peut s'attendre à une loi de finances complémentaire l'an prochain, visant à réduire les dépenses de l'Etat. Il ne sera sans doute pas question d'abandonner la politique des subventions (sur notamment le lait, la semoule, la farine, les prix de l'eau, de l'électricité, des carburants) au nom de la paix sociale. Le gouvernement serait dans un scénario baissier contraint néanmoins de limiter l'ampleur des augmentations de salaires et les recrutements dans la Fonction publique. Il pourrait également réduire les dépenses d'investissement. Ce qui inquiète également, c'est l'ampleur de nos importations en 2015 : 65 milliards de dollars (prévision de la loi de finances 2015) dont une bonne partie est constituée de produits superflus ou de produits non conformes aux normes de qualité ou de santé, en provenance de pays asiatiques. Dans cette situation, le gouvernement aura-t-il le courage jusqu'à arrêter des mesures salutaires pour réguler ces importations ? K. R.