La barre des 150 milliards de dollars de réserves en devises pourrait être dépassée l'année en cours. Le cap est maintenu. L'Algérie va poursuivre ses massifs investissements dans la modernisation des infrastructures, le logement, le secteur de l'eau, la gazéification du pays. D'ores et déjà, un plan quinquennal est en préparation, ont indiqué de hauts responsables. De grands projets sont déjà retenus dans ce plan 2010-2014 : l'autoroute reliant le Nord au Sud, les grands transferts d'eau du Sud aux Hauts-Plateaux, l'extension du météo d'Alger, la poursuite des efforts pour éradiquer l'habitat précaire et pour appuyer la création massive d'emplois. L'argent est disponible. Si les prix du pétrole se maintiennent à la hausse d'ici à la fin de l'année, un nouveau record en matière d'entrées en devises sera enregistré et la barre des 150 milliards de dollars de réserves en devises pourrait être dépassée. Ce niveau des réserves de change donne quatre ans de répit à l'Algérie en cas de retournement du marché pétrolier. De manière plus précise, Sonatrach est sur le point d'engranger une recette record : plus de 40 milliards de dollars en six mois. La meilleure recette semestrielle est de 40 milliards de dollars. Or, à la mi-mai 2008, Sonatrach avait déjà engrangé plus de 30 milliards de dollars de recettes tirées des exportations d'hydrocarbures. Les entrées en devises tirées des exportations de gaz et de pétrole évoluent à un rythme de 6 à 8 milliards de dollars par mois, à la faveur de la flambée des prix du pétrole. Ces derniers ont connu, les six premiers mois, en cours une série de records culminant à 137 dollars le baril pour le Brent et 139 dollars pour le Light Sweet Crude début mai. Si ce scénario se poursuit, on estime les recettes de Sonatrach à 80 milliards de dollars en 2008. Les perspectives sont plus favorables le second semestre pour plusieurs raisons. La plupart des analystes prédisent que les prix du baril ne vont pas descendre sous les 80 dollars. En second lieu, les exportations algériennes seront plus importantes en volume et en valeur le second semestre. D'une part, il est annoncé la montée en cadence des gisements de gaz d'In-Salah et d'In-Amenas et la croissance des ventes de gaz à l'Italie via l'extension du Transmed. D'autre part, les prix du gaz bénéficient du décalage. Ceux du second semestre sont calculés sur la base du 1er semestre. Or, les prix du pétrole du 1er semestre ont connu des niveaux record sans précédent. En tout état de cause, les prix du pétrole actuels sont largement supérieurs à la moyenne de 2007, près de 80 dollars. Ils avaient culminé à 80 dollars en 2007, contre 137 dollars pour le Brent en 2008. Selon les prévisions de la Banque Morgan Stanley, les cours pourraient atteindre 150 dollars le baril en été. La traduction de ces recettes en surplus indique que la balance commerciale enregistrera un excédent de 20 milliards de dollars au moins. La balance des paiements sera également excédentaire. Mais il faut suivre avec attention l'évolution des importations et celle de la balance des capitaux qui peuvent freiner en cas de croissance en valeur des achats à l'étranger et des transferts des bénéfices des compagnies étrangères présentes en Algérie. Ces deux facteurs neutralisés, les réserves de change pourraient dépasser la barre des 150 milliards de dollars en 2008. La loi des finances complémentaire a fixé à 37 dollars le prix de référence. Ce qui va permettre de réduire le déficit budgétaire virtuel. Car si on tient compte des prix du pétrole actuels, les recettes fiscales pétrolières permettent aisément de dégager un solde positif. La caisse de régulation accumule 3 700 milliards de dinars au mois de mai. L'Algérie accumule donc les surplus. Ce qui lui permet de financer le nouveau programme quinquennal. Mais la question reste de savoir si l'accès au logement et à l'emploi sera plus facile, avec une telle manne. N. Ryad