L'ouvrage revisite l'université algérienne, en faisant le va-et-vient entre "le global et le local". Il revient sur certaines réformes, plus particulièrement celle de 1971 et celle du système LMD (Licence-Master-Doctorat). Rien n'est laissé au hasard, aussi sur le registre de la production de "l'intelligentsia" que sur ceux de "l'évaluation universitaire", du "savoir", du "souvenir" et de la pensée. Arak éditions viennent de publier un ouvrage collectif sous l'intitulé : Repenser l'université. Ce livre de 235 pages, réalisé par onze professeurs d'université et chercheurs, coordonné et présenté par feu le Pr Djamel Guerid, est le "fruit" d'un colloque dirigé par ce dernier, qui s'est tenu en mai 2011 à Oran. Comme le souligne Abderrahmane Dourari, professeur des sciences du langage et de la traductologie à l'université d'Alger 2, dans la préface, cet ouvrage se veut "un hommage appuyé" des amis et collègues au regretté sociologue (M. Guerid), cet "auteur de l'exception algérienne". Il précise en outre que le défunt, au lieu d'attribuer "nos malheurs à l'autre, nous pousse encore une fois, à travers les réflexions critiques contenues dans ce livre, à nous interroger sur nos responsabilités, nos actes et sur notre posture intellectuelle face au monde, face à l'autre et surtout face à soi". Mais comment "penser" le monde, l'autre et soi-même, lorsque l'université et même tout le système éducatif, culturel et médiatique ont perdu leur autonomie et vivent sous le diktat du politique et des idéologies "totalitaires hégémoniques prégnantes, se revendiquant de la foi et imposant une posture apologétique" ? Au-delà de l'ouverture de la perspective d'une "critique profonde" du système universitaire, les contributions des 11 intellectuels algériens d'horizons différents nous suggèrent des "lignes de redressement". Pour M. Dourari, Repenser l'université est bel et bien ce "livre (qui) manquait décidément à l'espace intellectuel de la société algérienne". Un avis formulé par Djamel Guerid de son vivant, dans sa présentation de "la version retravaillée" des contributions présentées lors du colloque d'Oran. En effet, ce dernier, constatant le grand retard cumulé par l'université algérienne et les grands changements qu'elle a subis, pointait du doigt notamment la "baisse continue des niveaux de formation", le "non-règlement du problème de la langue d'enseignement", le "recul du poids de l'université dans la nation" et les "mauvais classements de nos universités à l'échelle mondiale et à l'échelle régionale". Non sans plaider pour la "nécessité" de repenser l'université, surtout "aujourd'hui", où le savoir est devenu à la fois un "facteur moteur et structurant dans la société" et un "facteur discriminant entre les sociétés". L'ouvrage édité récemment par Arak revisite l'université algérienne, en faisant le va-et-vient entre "le global et le local". Il revient sur certaines réformes, plus particulièrement celle de 1971 et celle du système LMD (Licence-Master-Doctorat). Rien n'est laissé au hasard, aussi sur le registre de la production de "l'intelligentsia" que sur ceux de "l'évaluation universitaire", du "savoir", du "souvenir" et de la pensée. Des éclairages sont apportés sur la crise de l'université ou la "crise des sciences sociales", mais aussi sur l'hétéronomie du champ du savoir et l'effondrement du système éducatif. Sans taire les "stigmates" qui pèsent sur la société, encore moins "l'archaïsme" du système de gouvernance, les hésitations à construire "la société du savoir", les survivances de l'esprit colonisé, les lourdeurs administratives, le "clivage" entre les grandes branches du savoir. En définitive, qui décide de "comment nous devons apprendre" ? Voilà une question cruciale qui se pose aujourd'hui avec acuité. H.A.