La quantité d'eau existante actuellement ne peut assurer qu'une autonomie de cinq mois au maximum. D'où l'inquiétude grandissante quant à l'approvisionnement en eau potable. D'une capacité de 125 millions de mètres cubes, le barrage de Aïn Zada, alimentant les villes de Sétif, BBA et El-Eulma, se vide, car il ne s'est pas rempli depuis 2005, année qui a connu une très grande pluviométrie, au point où il a débordé. Avec moins de 35 millions de mètres cubes, à savoir 30% de ses capacités si l'on prend en considération l'envasement, le barrage est, en effet, à son plus bas niveau depuis plusieurs mois. Une situation jugée inquiétante par le premier responsable de la direction de wilaya des ressources en eau, lequel indique que la quantité d'eau existante actuellement ne peut assurer qu'une autonomie de cinq mois au maximum. Selon des informations en notre possession, c'est dû au grand retard dans la réalisation du projet des grands transferts hydrauliques à partir des ouvrages de Kherrata (Béjaïa) et d'Erraguène (Jijel), et celui portant construction de deux barrages à El-Maouane (commune de Aïn Abessa) et à Draâ Diss (daïra d'El-Eulma), ainsi que la non-réalisation de forages pour lesquels l'Etat a consacré, dans le cadre d'un programme spécial, une cagnotte de deux milliards de dinars afin de faire face à cette situation critique. L'information en faisant état n'a vraiment commencé à circuler que lorsque plusieurs quartiers de la ville de Sétif, alimentés à partir de Aïn Zada, ont été privés d'eau pendant près d'une semaine et que des perturbations d'approvisionnement en eau potable ont été constatées, notamment dans les cités Gaoua et Tebinet. Il semble que les services de l'ADE de Sétif aient commencé à appliquer un plan d'urgence sans le dire aux citoyens. Une façon de bien gérer l'eau qui reste au barrage. Pis encore, selon certaines indiscrétions de l'unité ADE de Sétif, il n'est pas écarté qu'il sera procédé à une opération de "citernage" pour alimenter, voire soulager certaines cités de Sétif et El-Eulma, touchées par la pénurie d'eau. Selon un ingénieur en hydraulique, il existe plusieurs solutions qui peuvent améliorer un tant soit peu l'approvisionnement. "On peut alimenter la ville d'El-Eulma à partir du barrage de Béni Haroun via la ville mitoyenne de Tadjenant, distante de quelques kilomètres. Ainsi la quantité d'eau d'habitude destinée à El-Eulma sera réservée au chef-lieu de wilaya qui a énormément grandi", explique notre interlocuteur. Le directeur régional de l'ADE, Mourad Amroune, contacté à ce propos, a indiqué à Liberté qu'il n'est pas écarté de recourir à un rationnement équitable de la ressource en eau. "Nous sommes conscients du problème. En attendant la clémence du ciel, nous allons faire de notre mieux pour bien gérer la quantité existante et qui sera, espérons-le, revue à la hausse avec les nouveaux apports après la fonte des neiges", a renchéri notre interlocuteur. Par ailleurs, il est à souligner que l'emblématique Aïn Fouara, où l'eau coule avec un débit de 6 l/s, soit l'équivalent du débit d'un forage, peut alimenter jusqu'à 7000 foyers par jour. Une diminution du débit d'eau coulant notamment la nuit n'est pas à écarter. Interrogé sur la probabilité de recourir à cette solution, le premier responsable de l'APC, Nacer Ouahrani, a indiqué à Liberté qu'une décision visant la diminution du débit de l'eau de Aïn Fouara ou sa fermeture la nuit ne doit pas être prise à la hâte, car outre les passagers et les touristes beaucoup de citoyens s'y alimentent en eau potable. Le maire qui ne voit pas Aïn Fouara fermée fera certainement des pieds et des mains pour contribuer à trouver une solution à ce problème qui n'est pas des moindres. F. S.