Pour cet animateur de l'association Sun&Power d'In-Salah, le gouvernement dispose de plusieurs alternatives s'il voulait réellement développer le pays comme les énergies renouvelables ou encore l'énergie solaire sans parler de l'agriculture dans le Sud où la terre est fertile. Liberté : Votre association Sun&Power (soleil et énergie) est-elle l'initiatrice du mouvement antigaz de schiste ? A. Benyakoub : En fait, notre association existe depuis 2011. Nous l'avons créée avec pour mission la protection de l'environnement. Nous alertons, entre autres, contre la désertification et contre toutes les formes de pollution de l'environnement. Et comme le gaz de schiste peut provoquer une véritable catastrophe dans notre région, nous étions, en effet, parmi les premiers à alerter contre le projet mené en catimini par le ministère de l'Energie. Ce qui a attiré notre intention, en tant que militants pour la protection de l'environnement, pour la première fois, c'est la visite secrète effectuée en décembre dernier, quelques jours avant l'inauguration officielle du puits de Dar El-Hamra à Ahnet, par les ministres de l'Energie et de l'Environnement. Lorsque nous avons été informés de cette visite effectuée dans la discrétion la plus totale, nous l'avons vécue comme une véritable trahison ; nous avons appris alors que notre gouvernement ne travaille pas dans la transparence et cache beaucoup de choses au peuple car il travaille contre l'intérêt du peuple ! Vous accusez donc ouvertement le gouvernement ? Oui, je l'accuse et j'assume. Nous savons déjà que tous les programmes concernant l'énergie dans notre pays se font sans l'avis du peuple. Si les décideurs pensaient au peuple, ils auraient fait des recherches profondes avant de décider d'aller vers l'exploitation du gaz de schiste. Cela, tout comme ils auraient dû ouvrir un débat national. Et si cette décision devait être prise, elle se devait de l'être avec le consentement du peuple. Malheureusement, ils n'ont, jusqu'à présent, jamais consulté le peuple, encore moins les habitants des villes du Sud où se trouvent toutes les richesses énergétiques du pays. Pis encore, l'Etat n'a jamais rien fait pour notre région. La preuve même l'Institut de formation en hydrocarbures, ils l'ont installé à Boumerdès alors que toutes les ressources se trouvent ici dans le Sud. Comment doit agir le gouvernement pour que vous mettiez fin à votre mouvement antigaz de schiste qui dure depuis 15 jours ? Notre revendication est simple et claire. Il doit arrêter le projet d'exploitation lancé dans notre région. Nous ne sommes pas contre le gouvernement, encore moins contre les investissements économiques, mais le gaz du schiste ne constitue guère une priorité. En Algérie, nous avons plusieurs richesses alternatives telles que les énergies renouvelables ou encore l'énergie solaire. Cela, sans parler de la priorité des priorités qu'est celle de développer l'agriculture dans le Sud où la terre est fertile. Exploiter le gaz de schiste, aujourd'hui, est tout simplement un véritable jeu de poker, car les risques sont énormes et la rentabilité est loin d'être garantie. Franchement, aujourd'hui, je me demande si nos décideurs aiment vraiment l'Algérie ? Si c'est le cas, qu'ils commencent par arrêter de s'adonner à ce jeu de poker qu'est l'exploitation du gaz de schiste. F. A.