Sur les 35 membres que comprendrait le prochain gouvernement tunisien, actuellement en cours de formation, une vingtaine (ministres et secrétaires d'Etat) viendrait de Nidaa Tounes, qui bénéficie d'une majorité relative à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). C'est du moins, ce que laissent supposer les "fuites" recueillies auprès du parti vainqueur des législatives et supposé conduire les affaires du pays durant les prochaines cinq années. Habib Essid, le chef du gouvernement (indépendant) désigné compte composer une équipe capable de mettre en exécution le programme du parti majoritaire. Aussi, aurait-il opté pour une majorité de ministres issus de ce parti. Selon les dernières indiscrétions, le portefeuille des Affaires étrangères n'échapperait pas à Nidaa Tounes et, particulièrement, au secrétaire général de ce parti, l'ancien syndicaliste, Tayeb Baccouche qui avait tant fait, en vain, pour se voir confier le poste de chef du gouvernement. De l'équipe actuelle qualifiée de "technocrate", Habib Essid ne retiendrait que deux ministres, celui de la Défense nationale et, en particulier celui des Affaires sociales, tant il est vrai que les dossiers en suspens dans ce secteur, méritent une prise en charge rapide qui permettrait au pays de sortir de la spirale des grèves qui menacent l'avenir d'une économie nationale chancelante. Quant aux ministères de l'Intérieur et de la Justice, on laisse entendre qu'ils seraient confiés à des hommes de la "boîte" dont les noms n'ont pas été divulgués. Reste à savoir à quelle mosaïque tend le chef du gouvernement désigné ? Optera-t-il pour un véritable gouvernement d'union nationale ? Si telle est son intention, il serait dans l'obligation d'inclure, dans son équipe, de ministres du parti islamiste qui bénéficie d'une large représentation à l'assemblée. Dans le cas contraire, il se limiterait à une ouverture sur deux partis venus en soutien à Beji Caïd Essebsi dans sa campagne présidentielle, à savoir, Afek Tounes et l'Union patriotique libre (UPL) qui piaffent d'impatience de se voir représentés dans le prochain gouvernement. Ce qui n'est plus un secret pour personne. Cependant, l'exclusion du parti islamiste ne sera pas gratuite. Elle fera obligation à se dernier de se cantonner dans l'opposition qu'une bonne partie des militants de Nida Tounès, en particulier le président de la République, Béji Caïd Essebsi ne préfèrent guère. Toutefois, cela relève toujours du domaine des suppositions. Les négociations de Habib Essid trainent en longueur et les citoyens commencent à perdre patience. D'autant plus que le gouvernement Jomaâ ne se considère pas comme un gouvernement chargé des affaires courantes, mais un gouvernement de décision comme l'atteste, par exemple, son intention d'engager, prochainement, des négociations salariales dans la Fonction publique avec la Centrale syndicale alors que ses jours sont comptés et que la situation sociale vire, depuis quelques jours, au rouge. A-t-il les moyens de trouver une issue favorable aux multiples grèves qui affectent plusieurs secteurs (enseignement, phosphates ou autres...) ou plongera-t-il son successeur dans le bourbier des crises dont on ne voit plus l'issue ? M. K.