L'accord pour la rédaction commune d'un accord de paix, avec les Occidentaux, donné par Vladimir Poutine, dont la réaction était tant redoutée, permet-il d'espérer aboutir à mettre fin à dix mois de crise en Ukraine ? A priori, les pourparlers engagés entre Poutine et Porochenko, par le couple Hollande-Merkel interposé, ont bien donné à penser à un dénouement proche du conflit armé, mais il n'en demeure pas moins qu'aucune information n'a filtré sur la teneur de ce projet d'accord. Pour le savoir, il faudra donc attendre la fin des discussions qui se sont poursuivies hier, lors d'une conférence téléphonique entre le couple Hollande-Merkel, Vladimir Poutine et le président ukrainien Petro Porochenko, pour connaître les détails du plan de paix échafaudé sur la base de l'initiative franco-allemande. Un "bilan préliminaire" du travail d'écriture d'un plan de paix devait y être fait dans le format dit de Normandie, sur la mise en œuvre de l'accord de Minsk signé le 20 septembre 2014 entre le gouvernement ukrainien et les séparatistes pro-russes. Le Kremlin annonçait vendredi qu'un "texte" pour un futur plan de paix sur l'Ukraine est en cours de préparation, suite aux négociations "constructives" entre Vladimir Poutine, François Hollande et Angela Merkel. Les discussions ont été "constructives et substantielles" a indiqué également l'entourage du président français. Selon le court texte lu par Dmitri Peskov suite à la rencontre, les négociations ont permis de se mettre d'accord sur un "possible plan commun" qui intègre les propositions de paix apportées par le couple franco-allemand, les conditions posées jeudi soir par le président ukrainien Petro Porochenko et les demandes exprimées par M. Poutine. Pour autant, une rencontre trilatérale entre Merkel, le vice-président américain Joe Biden et le président ukrainien Petro Porochenko était prévue hier à la mi-journée. Elle serait suivie d'un entretien entre ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue américain John Kerry. Et alors que les parties concernées par ce conflit n'ont jamais été aussi proches d'un accord, comme l'atteste la déclaration de Sergeï Lavrov, selon lequel un accord est "tout à fait possible" pour "dénouer le conflit", les initiateurs de cette initiative, à savoir la France et l'Allemagne, n'ont pas tari d'efforts pour rapprocher encore les points de vue, pour aboutir à un accord susceptible d'éloigner le spectre de la violence. Hollande a d'ailleurs qualifié ces pourparlers "d'une des dernières chances" d'éviter la "guerre", et la chancelière allemande Angela Merkel a estimé que la livraison d'armes occidentales à l'armée ukrainienne n'aiderait pas à régler le conflit, qui a déjà fait plus de 5300 morts, majoritairement civils. Sur le terrain, en effet, des bombardements sporadiques ont repris hier sur plusieurs villes de l'est de l'Ukraine, après une courte accalmie. Bilan : au moins cinq soldats ukrainiens et cinq civils ont péri à la reprise des bombardements de Debaltseve, située entre les villes rebelles de Donetsk et de Lougansk. A Donetsk, bastion des séparatistes pro-russes et dans la région, cinq civils ont péri en 24 heures, selon des bilans communiqués par les autorités séparatistes et celles de Kiev. D'ailleurs, la plupart des 25 000 habitants de Debaltseve ont fui la ville, qui n'abriterait plus que 7000 personnes. A R.